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Budget de l’État : ces dépenses intouchables

par Lode Goukens
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Seconde et dernière partie de notre entretien avec l’économiste Ivan Van de Cloot.

« C’est tout de même malsain que les accords de gouvernement comptent des centaines de pages. Cela traduit un manque de confiance, qui mène à l’ingouvernabilité. » Il en va de même pour les budgets issus des accords : « Si les budgets sont insuffisants, il serait souhaitable de ne modifier que les dépenses. »

Avec cette boutade, l’économiste Ivan Van de Cloot aborde son sujet préféré : les dépenses publiques. « Nulle part ailleurs dans la zone euro, les dépenses publiques n’ont augmenté autant qu’en Belgique. Entre 2000 et 2024, le taux d’imposition est passé de 42 % à plus de 50 %. Les dépenses publiques ont augmenté de 7 %, alors que dans les autres pays, cette augmentation n’a jamais dépassé 3 %. La Belgique est tellement divergente qu’il y a une marge d’intervention. »

Van de Cloot est convaincu qu’il faut comparer les dépenses publiques avec d’autres pays. « Commençons avec l’administration générale du gouvernement. Il faut objectiver. » Il énumère cinq domaines gouvernementaux :

  1. Le gouvernement « général »
  2. L’ordre et la sécurité
  3. Le divertissement, les cultes, la culture…
  4. La protection de l’environnement
  5. Les subventions
    « Il faut oser regarder les faits en face. Cela signifie qu’il faut signaler à la droite que les dépenses publiques dans l’ordre et la sécurité doivent aussi être objectivées. Leur dire que la Belgique dépense plus que d’autres pays dans ce domaine. »

Des budgets publics basés sur la performance

Ivan Van de Cloot remarque également que les subventions « sont vraiment quelque chose en Belgique ». « Elles représentent 3,4 % du produit intérieur brut (PIB). Tandis qu’aux Pays-Bas, ce chiffre est de 1,2 %, et en Allemagne de 0,8 %. Il faut se demander si c’est normal ! Surtout quand on sait que cela n’a pas toujours été le cas. Il y a vingt ans, les subventions ne représentaient que 1,8 % du PIB. » L’économiste met aussi en garde contre une perspective trop communautariste sur cette question. Pour ne citer qu’un exemple : « Le gouvernement flamand accorde aujourd’hui deux fois plus de subventions à la recherche et au développement qu’il y a cinq ans. »

Ce qui manque, selon Van de Cloot, c’est un diagnostic. Un diagnostic et une comparaison avec d’autres gouvernements à l’étranger. Des exercices réalisables, car l’OCDE les fait déjà dans de nombreux domaines. Deux choses sont indispensables pour entamer un débat sur les tâches du gouvernement. « La politique belge manque de prudence », résume Van de Cloot. « Le parlement ne fonctionne pas bien en tant qu’institution. Il faut que les institutions fonctionnent correctement. »

« Aux Pays-Bas, cette bataille a été remportée. Il existe une règle selon laquelle toute dépense dépassant un certain seuil (par exemple 10 millions d’euros pour certains sujets) doit faire l’objet d’une analyse sociétale coûts-avantages. »

Enfin, il faut absolument un budget basé sur la performance, conclut Van de Cloot. « Il n’y a pas de suivi systématique des budgets basés sur la performance par le gouvernement fédéral. Ce n’est pas moi qui le dis, c’est la Cour des comptes. » Les fonctionnaires produisent d’énormes documents déguisés en budgets basés sur la performance, mais personne ne les consulte. Le suivi est manifestement absent. « La solution standard pour chaque problème est de donner plus d’argent. C’est l’inverse de l’attitude normale. Il faut objectiver et se poser la question : “Est-ce qu’on obtient un bon rapport coût/efficacité ?” »

Entretien : Lode Goukens

(Retrouvez ici la première partie de notre entretien avec Ivan Van De Cloot)

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