Une étude de la FEB révèle des divergences frappantes entre les attentes des jeunes et les perceptions des employeurs, notamment sur la préparation au marché du travail et l’usage de l’intelligence artificielle qui ne concerne que 30% des jeunes. Si certains points convergent, d’autres, comme la rémunération et la flexibilité du travail, creusent encore un fossé que les entreprises doivent combler pour mieux s’adapter aux aspirations de cette nouvelle génération.
Le rapport de la FEB est sans appel : les jeunes et les employeurs évoluent souvent sur des longueurs d’onde différentes. Cette enquête dévoile les frustrations des uns et les incompréhensions des autres. La question de l’intelligence artificielle (IA) y occupe une place non négligeable, tout comme l’adéquation entre formation et réalité du marché du travail.
L’école, toujours en décalage avec le marché du travail
Les jeunes estiment à 35 % que l’école ne les prépare pas au monde du travail, et les employeurs sont encore plus critiques, avec 72 % partageant ce constat. En dépit de cet écart, les jeunes ne restent pas figés. Ils sont largement favorables à l’apprentissage sur le lieu de travail : 85 % d’entre eux pensent que c’est une bonne solution pour booster leur employabilité. Toutefois, l’idée de formation continue n’a pas encore trouvé son chemin dans l’esprit de la jeunesse, alors que les employeurs, eux, y voient une évidence.
Flexibilité : une exigence devenue la norme
Les jeunes d’aujourd’hui ne se contentent plus d’horaires rigides et de bureaux figés. 70 % veulent télétravailler au moins deux jours par semaine, et 71 % attendent des horaires flexibles. Les employeurs, conscients de cette tendance, se montrent globalement à l’écoute : 90 % offrent déjà la possibilité de télétravailler, et 93 % permettent une certaine flexibilité horaire. Cependant, un malentendu persiste concernant la frontière entre vie privée et professionnelle : seulement 31 % des jeunes souhaitent pouvoir gérer des affaires personnelles pendant leurs heures de travail, contrairement aux 80 % des employeurs qui croient que c’est ce que veulent les jeunes. Un écart de perception qui souligne une fois encore un besoin d’adaptation mutuelle.
L’intelligence artificielle : encore trop discrète dans la vie professionnelle des jeunes
L’IA est omniprésente dans la vie privée des jeunes, mais son utilisation dans la sphère professionnelle reste limitée. Si 85 % des jeunes connaissent une application basée sur l’IA et que 84 % l’utilisent, ce n’est qu’à titre personnel (68 %), très peu l’intégrant à leur travail (29 %). Chez les employeurs, c’est une toute autre histoire : 81 % déclarent utiliser l’IA dans leur activité professionnelle. Ce décalage montre que l’IA, bien qu’essentielle dans l’avenir des entreprises, doit encore gagner du terrain dans la formation et les compétences des jeunes.
Rémunération et avantages : les malentendus persistent
Les attentes en matière de salaire et d’avantages extralégaux restent un autre point de divergence majeur. Alors que les employeurs pensent que les jeunes préfèrent une rémunération basée sur les résultats (61 %), ces derniers privilégient l’ancienneté (66 %). De plus, les jeunes attachent de l’importance aux avantages extralégaux (63 %), mais pas autant que ne le pensent les employeurs, qui continuent de surestimer leur poids par rapport au salaire net.
Conclusion
Ce rapport montre qu’un dialogue plus ouvert entre les jeunes et les employeurs est nécessaire pour réduire les écarts de perception et mieux préparer l’avenir du travail. L’intelligence artificielle, en particulier, représente une opportunité de rapprochement, à condition de la rendre plus accessible et pertinente pour les jeunes dans leur quotidien professionnel. Les employeurs, de leur côté, doivent revoir leurs priorités pour mieux comprendre les véritables attentes de la nouvelle génération et ajuster leur offre, que ce soit en termes de flexibilité, de rémunération ou d’accompagnement professionnel.
(Photo Belga)
