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Après avoir détaillé les points forts des programmes de Kamala Harris et de Donald Trump, comparons maintenant les arguments (objectifs et subjectifs) qui, le 5 novembre, pourraient faire pencher la balance dans un camp comme dans l’autre. ANALYSE
Kamala Harris
LES FORCES DE SA CANDIDATURE
- Son passé de procureure générale de Californie : face aux accusations issues du camp trumpiste d’être une « douce en matière de répression », elle peut faire valoir un bilan qui laisse plutôt penser le contraire.
- Une capacité à ratisser large en matière d’agenda politique. C’est à la fois la force et la faiblesse des démocrates : ils prétendent à pouvoir satisfaire tout le monde et toutes les sensibilités. Le discours se veut en tout cas inclusif en termes de classes sociales, d’origines ethniques, voire de convictions politiques : Harris a ainsi laissé la porte ouverte à voir des figures républicaines modérées intégrer ses équipes.
- Le ralliement de déçus du trumpisme à la cause démocrate : même s’il ne s’agit pas de personnalités de premier plan, divers éléments conservateurs hostiles à Trump ont appelé à voter démocrate. Assez rare que pour être signalé.
- Le bilan économique de Biden. Ce dernier est plutôt satisfaisant. Kamala Harris peut s’en revendiquer.
- Être une femme : aucune femme n’a jamais accédé aux plus hautes fonctions électives américaines, contrairement à tous les autres niveaux de pouvoir. Les États-Unis constituent historiquement une terre d’innovation, aussi en matière d’avancées politiques. Certains sont ainsi tentés de participer à ce qu’une femme puisse enfin endosser, après l’échec Clinton en 2016, les plus hautes responsabilités du pays.
- Un candidat vice-président populaire : Tim Waltz, lors de la convention nationale démocrate, a réussi son examen d’entrée, qui consistait en une opération de charme. Sa personnalité, son expérience en matière de politique de proximité et son sens de la famille ont plu. Il est incontestablement un atout pour Kamala Harris, même s’il ne vient pas d’un État disputé électoralement (le Minnesota est acquis à gauche).
LES FAIBLESSES DE SA CANDIDATURE
- Une communication élusive : contrairement à Donald Trump qui, malgré son caractère impulsif voire grossier, a tous les attributs d’un franc-tireur, Kamala Harris ne brille pas par un art de la communication percutant. Comme souvent, la gauche américaine excelle dans l’art d’enfoncer des portes ouvertes en matière de bons sentiments. Reste à voir s’il s’agit là d’un projet politique.
- Un programme flou, sans grande ambition apparente : si la fonction présidentielle américaine constitue un pouvoir faible (le Congrès est bien plus puissant), le public américain est en droit d’attendre un programme ambitieux, ou au moins une direction idéologique claire. Or, Kamala Harris ne propose ni l’un ni l’autre. La nécessité de ratisser au centre l’explique en partie.
Donald Trump
LES FORCES DE SA CANDIDATURE
- Un programme concret. Il n’est pas question ici de disserter sur la nature de ses idées, mais de reconnaître au candidat républicain le caractère pragmatique des lignes directrices de son programme.
- Un vice-président séduisant : JD Vance, sénateur de l’Ohio, apporte un gage de respectabilité au ticket conservateur. Le souci ne consiste nécessairement pas en la nature des idées de Trump, bien que certaines d’entre elles soient extrêmes, mais en la matière de les articuler et de les défendre. Le candidat vice-président est un homme de raison. Bon orateur, il est l’auteur d’un livre particulièrement intéressant sur son enfance dans la région des Appalaches. Il pourrait incarner l’avenir du parti républicain lorsque Trump disparaîtra de la scène politique.
LES FAIBLESSES DE SA CANDIDATURE
- Une personnalité incontrôlable. Donald Trump, qui revendique de « ne pas être un homme politique », s’il excelle dans l’art de ne pas respecter le politiquement correct, ne peut visiblement pas s’empêcher de tomber dans le piège des attaques ad-hominem, souvent injurieuses. Si cela peut plaire à sa base, ça le dessert auprès des indécis soucieux de gages de respectabilité, comme auprès des médias qui lui sont hostiles.
- Un programme par trop extrême, qui risque de l’éloigner d’électeurs centristes dont il a besoin pour triompher. Si le souhait de Trump de pousser à une refonte institutionnelle peut être entendu, deux problèmes se posent : sur la forme, Trump semble ne pas comprendre que le processus démocratique est fait pour être respecté, et qu’il existe des règles qui ont participé à maintenir une stabilité politique globale dans le pays durant plus de deux siècles (à l’exception de la Guerre civile) ; sur le fond, il entend jeter aux orties le système de balance des pouvoirs (checks and balances), ou au moins diminuer l’influence de ceux qui pourraient l’entraver dans ses démarches (on pense au pouvoir judiciaire).
M.D.
(Photo Belga : Kamala Harris et Donald Trump)