Les négociations de l’Arizona patinent et s’enlisent. Le président de Vooruit (socialistes flamands) juge inacceptable une bonne partie du volet socio-économique de la note du formateur. À Gand le week-end dernier, les militants socialistes ont refusé une alliance avec la N-VA. Un signal déclencheur, pour Conner Rousseau ? Nous avons posé la question à notre chroniqueur Fouad Gandoul.
21 News : Comment jugez-vous les incidents à Gand et la démission du président local de Vooruit ? Conner Rousseau n’a plus son parti en main ?
Fouad Gandoul : Le rejet de l’accord politique par les membres du parti socialiste à Gand, le week-end dernier, est avant tout un désaveu de la présidence du parti à Gand. Même Conner Rousseau n’en sort pas indemne. Cela érode son autorité et limite sa marge de négociation au niveau fédéral.
21 News : Quelles conséquences cela peut-il avoir pour l’Arizona ?
F. G. : Les conséquences sont qu’il a reçu un signal clair qu’il n’est pas intouchable et que sa marge de négociation avec une majorité de centre-droit est limitée. Il ne peut pas se permettre de subir un scénario similaire au niveau fédéral. Cela pourrait lui coûter sa présidence. Cela signifie que l’incident de Gand ne fera que rendre les négociations plus difficiles. La question se pose ce qui distingue le socialiste de Gand du socialiste du reste de la Flandre.
21 News : Cette séquence affaiblit-elle Vooruit dans les négociations fédérales ?
F. G. : Pour les socialistes, il y a un seuil que même Rousseau ne peut pas franchir. Je ne peux pas m’imaginer qu’il se rende à un congrès du parti où de fortes économies dans la sécurité sociale sont à l’ordre du jour sans compensation significative. Cela rend plus difficile la réalisation de l’objectif visé (l’assainissement des finances publiques, la pérennisation de l’économie belge et la responsabilisation des entités fédérées en termes de participation au marché du travail) avec les socialistes flamands.
« Échanger Vooruit pour l’Open VLD ? De la fiction politique »
21 News : Quelle suite possible, allons-nous vers une crise réelle ? Quelles sont les scénarios possibles ?
F. G. : Il faudra du temps pour effacer les cicatrices de l’incident de Gand. Il faudra également faire preuve d’ingéniosité diplomatique et de compétences en matière de négociation pour atterrir dans la constellation actuelle. De nouvelles élections me semblent hors de question. Il est bien trop tôt pour cela et toutes les options n’ont pas été épuisées. Échanger Vooruit pour l’Open VLD me paraît relever de la science-fiction politique. Les libéraux flamands sont en soins intensifs et ont besoin de temps pour trouver une nouvelle histoire crédible pour les prochaines élections dans 5 ans. (NDLR : la présidente de l’Open VLD Eva De Bleeker a déjà fait savoir que « dépanner l’Arizona » ne sera pas sa priorité.)
21 News : Le signal de l’électeur a été clair en juin dernier. Pourquoi la formation est-elle si compliquée alors que tout semblait pourtant assez simple ?
F. G. : Parce que, dans une démocratie, une majorité doit se dégager au sein du Parlement. Une majorité présuppose un programme que tous les partis participants peuvent soutenir et défendre. En cas d’échec, et si toutes les autres options (plus de temps, une autre composition) n’aboutissent à rien, ce n’est qu’à ce moment-là que de nouvelles élections sont envisageables. Mais de nouvelles élections ne sont pas non plus une partie de plaisir, car il y a de fortes chances que les extrêmes se renforcent et que les partis actuels se retrouvent dans le même scénario.
La rédaction
(Photo Belgaimage : Conner Rousseau)