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Olivier de Wasseige : « Parler vrai et agir juste : notre leitmotiv a fonctionné »

par Rédaction
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Avec des résultats électoraux impressionnants, Les Engagés entendent redonner espoir en Wallonie. Le député wallon Olivier de Wasseige revient sur les raisons de ce succès, les réformes budgétaires nécessaires, les priorités de son mandat, et l’avenir de sa ville, Liège. Une vision ambitieuse, où pragmatisme et responsabilité sont au cœur du changement. Par contre, il appréhende le nouveau mandat de Donald Trump. Entretien.

21 News : Vous venez du monde de l’entreprise et vous êtes maintenant en politique, quelle est la plus grande différence qui vous a marqué entre les deux mondes ?

Olivier de Wasseige : La grande différence : trop d’organes, trop de réunions, l’efficacité de celles-ci, pas d’évaluation. Le fonctionnement devrait être plus efficace, simple, direct. La simplification administrative qu’on demande à l’égard des citoyens et des entreprises, on doit aussi se l’appliquer à nous-mêmes.

21 News : Les Engagés font des scores exceptionnels en juin et en octobre. Comment analysez-vous ces résultats, est-ce par exemple l’ouverture à des gens de la société civile ?

O. de W. : De fait, nos résultats sont exceptionnels, on savait, sur base des sondages, qu’on allait monter, mais pas à ce point ! C’est le résultat d’une combinaison de facteurs, évidemment, et pas seulement l’ouverture à la société civile. Pour moi, il y a d’abord la volonté du président Maxime Prévot de repartir d’une feuille blanche après les mauvais résultats des élections de 2019. Feuille blanche qui est devenue un « manifeste » rédigé au départ de rencontres citoyennes, et qui a débouché sur la création d’un mouvement. Ensuite, il y a le « recrutement » de personnes de la société civile, et j’étais le premier à faire le pas. Avec un message fort : ces personnes ont été placées directement en tête de liste ou position éligible, et pas comme attrape-voix sans espoir d’être élues. J’ai entendu très régulièrement que c’était un élément fort, car ces candidats de la société civile apportaient chacun une crédibilité forte liée à leur expertise, avec apport évident au service de la collectivité, et cela a généré beaucoup de décisions de voter Engagés. Mais ce n’était pas le seul élément : encore faut-il avoir un bon programme. Ce qui a été le cas, permettant d’aller glaner des voix chez des personnes reconnaissant l’intérêt d’un programme centriste et rassembleur. Le tout couplé à une excellente campagne, marquée par une volonté de ne pas polémiquer, d’être au-dessus de ce qui était souvent assimilé à du bac à sable ! Et bien sûr par une très bonne campagne de communication, démarrée très tôt. Et enfin, évidemment, la personnalité de notre Président, très appréciée, a été la cerise sur le gâteau. Quant aux élections provinciales (où nous avons doublé notre nombre de voix) et communales (plus de 70 bourgmestres Engagés), les résultats en progression montrent que notre style, et surtout nos premières décisions, marquées par une grande prise de conscience et de responsabilité par rapport aux challenges qui nous attendent, sont appréciées et rassurent quant à notre « courage de changer ». « Parler Vrai et Agir Juste » au-delà du slogan, c’est aussi le leitmotiv de tous les candidats des élections du 9 juin et du 13 octobre. Les francophones appellent au changement. Ils ont besoin de vérité. L’heure est à présent aux responsabilités à tous les niveaux de pouvoir.

« Les francophones ont besoin de vérité »

21 News : Vous êtes député wallon, le budget 2024 et 2025 sera lourdement déficitaire encore une fois. Comment redresser la Wallonie et est-ce possible et avec quelles méthodes ?

O. de W. : D’abord, il faut souligner qu’on ne fait pas virer un paquebot de 180° en quelques mois, surtout en matière financière. Le budget wallon est composé d’un ensemble de dépenses courantes qui ne peuvent être diminuées en deux coups de cuillère à pot. Prenons les dépenses de personnel, les remboursements d’emprunts, le financement des pouvoirs locaux, etc. Mais nous avons défini une trajectoire budgétaire qui permet de redresser la barre au fur et à mesure de la législature. C’est ce qui est d’ailleurs ressorti du récent conclave budgétaire, avec des économies substantielles. Mais en prenant soin de ne pas toucher aux politiques essentielles, et sans nouvelles taxes ; le pouvoir d’achat des Wallons est préservé. Des grandes réformes vont voir le jour. L’opposition nous reproche déjà de ne pas les voir venir, mais je rappelle que cela ne se décide pas au coin d’une table en quelques semaines ou mois. Tout cela est en préparation. Au-delà de réformes structurelles qui doivent générer des effets de leviers sur l’augmentation des recettes et la diminution de certaines dépenses, une des méthodes consistera aussi à resserrer les boulons au niveau des dépenses courantes, notamment par la technique du spending review (justification des dépenses), la rationalisation de la lasagne institutionnelle, la simplification et la digitalisation des processus, le resserrage du Plan de Relance, avec focus sur les projets structurants, etc. Et de toute façon, on n’a pas le choix, on ne peut plus se permettre un déficit annuel courant de 3 milliards comme en 2024, année sans épidémie ou inondations ! Les banques et les agences de notation nous le rappellent régulièrement, et nous ne pouvons rester insensibles à leurs avis, voire à leurs décisions, cf. la difficulté de trouver des banques prêtes à financer le Plan Oxygène à destination des villes et communes en difficulté, Liège par exemple !

21 News : PS et Ecolo sont dans l’opposition pour 5 ans, il sera difficile de dire que le manque de résultat sera dû à la gauche, pensez-vous vraiment qu’un changement de cap majeur est possible en 5 ans avec des réformes structurelles ?

O. de W. : Oui, des résultats structurels seront visibles pour les citoyens wallons et les entreprises wallonnes dans 5 ans, même si on sait que le « temps politique » n’est pas le même que le timing en entreprise. Les délais de décision sont plus longs. Mais cela ne sera pas un obstacle insurmontable pour mettre en place des réformes structurelles générant un changement de cap majeur, à savoir la bonne gouvernance, la fin de l’assistanat, une politique environnementale réaliste plutôt que dogmatique, et enfin la maîtrise des dépenses publiques, pour éviter que dans le futur, les citoyens et les entreprises ne doivent payer les pots cassés par des taxes exagérées.

Répondre aux inquiétudes des Belges

21 News : Dans quelles matières allez-vous vous investir prioritairement dans la prochaine mandature, vous avez des matières de prédilection on imagine ?

O. de W. : Bien sûr j’ai mes matières de prédilection, qui découlent de mon passé comme entrepreneur dans le numérique, comme dirigeant de l’UWE et comme enseignant (nombreuses charges de cours pendant ma carrière, la dernière étant maître de conférences invité à l’UCLouvain, charge désormais clôturée). Ce sont donc l’économie, le numérique, l’emploi, l’enseignement, la formation, la recherche. Mais aussi le budget et la bonne gouvernance, où les représentants du secteur privé peuvent apporter à la gestion publique toute leur expérience du management privé.

21 News : Nous n’avons pas encore de gouvernement fédéral mais à quoi devra s’atteler la coalition « Arizona » ?

O. de W. : L’urgence budgétaire impose qu’un gouvernement d’actions soit mis sur pied le plus rapidement possible. L’urgence économique et sociale est criante. Les Belges s’inquiètent pour leur avenir, leur pouvoir d’achat, leurs pensions ou encore leurs soins de santé. Les entreprises aussi sont en attente d’une politique industrielle ambitieuse. Vooruit doit revenir à la raison et retrouver la table de négociations. Car pour Les Engagés aussi, il y a encore des points à négocier. Nous ne sommes pas encore satisfaits sur les soins de santé, le refinancement de la police et de la justice. On ne doit pas partir d’un « clé sur porte » proposé par un formateur, pour lequel chaque parti annonce ses blocages, mais on doit négocier en conclave. L’aspect budgétaire est capital : on ne va pas trouver 20 milliards sous les sabots d’un cheval. Et donc oui il faudra faire des efforts, et nous découvrons une situation dont nous ne sommes pas responsables, avec des cadavres dans les placards, en termes de dérives budgétaires, que ceux qui les ont créés doivent avoir la modestie d’assumer. On n’a pas le choix pt de vue gouvernance et finances. Et l’Arizona est la formule la plus robuste pour y arriver. Les Engagés restent disponibles pour offrir à notre pays un vrai projet de société.

21 News : Qu’en est-il de votre ville, Liège ?

O. de W. : Liège a un potentiel énorme, grâce notamment à ses formidables citoyens et citoyennes. Mais les indicateurs (taux d’emploi, taux de chômage, etc.) sont mauvais, parfois parmi les pires en Wallonie, et il faut que les politiques s’en emparent, à tous niveaux de pouvoir. Et c’est comme cela que je vois mon rôle au sein du Conseil Communal : une courroie de transmission entre la Ville et les gouvernements wallon et de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Mais je serai aussi très attentif à la bonne gestion financière de la Ville, et à la cure d’amaigrissement des dépenses courantes, tant la situation financière de Liège est préoccupante, et le mot est faible…

21 News : Comment voyez-vous le mandat de Donald Trump ?

O. de W. : Je reste assez inquiet quant aux relations futures entre les États-Unis et l’Europe, pour plusieurs raisons ; on va rappeler que Donald Trump a qualifié l’Union Européenne de plus grand ennemi des États-Unis, que lors de son premier mandat, il a menti 30 000 fois. Donald Trump veut augmenter les taxes sur les produits importés dans notamment l’aéronautique, les médicaments, et les boissons. Trump souligne l’importance des énergies fossiles, ce qui va à l’encontre de la nécessité de préserver notre planète. L’élection de Trump doit réveiller les 27 pays européens sur l’importance d’un leadership fort et incontesté, notamment en termes de réindustrialisation de l’Europe, comme le recommande le récent rapport Draghi.

Entretien : NDP

(Photo : Belgaimage)

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