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POINT DE VUE : Notre ennemi n’est pas Israël mais l’Iran

par Nicolas de Pape
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Nous vivons un renversement de valeurs. À l’heure où l’on assiste à une résurgence de l’antisémitisme en terre d’Europe, pourquoi la haine focalisée sur Israël ne se déplace-t-elle pas vers le véritable ennemi de la paix au Proche Orient : la République islamique d’Iran ? Un point de vue de Nicolas de Pape.

La « mollarchie » iranienne s’est plutôt réjouie des attentats terroristes du 7 octobre 2023, cherchant à torpiller dès sa naissance le rapprochement esquissé par les Accords d’Abraham entre Israël et plusieurs pays arabes. Pour tout sunnite ou démocrate sincère, le soutien au travail difficile qu’Israël mène face au Hamas et au Hezbollah devrait donc être une évidence.

Alors, pourquoi voit-on même en Belgique des personnes prendre indirectement le parti du Hamas et du Hezbollah dans des manifs où l’on entend le slogan génocidaire « Libérez la Palestine de la rivière à la mer » ? Ce qui sous-entend de noyer, au mieux, tous les Israéliens dans la Mer Méditerranée ? Qui sait que la Charte du Hamas prévoit d’éliminer tous les sionistes, c’est-à-dire les 200 millions de chrétiens sionistes américains ? Et que font les militants LGBTQ dans des rassemblements islamistes sous la bannière de « Queer for Palestine » ? Leur réalité serait bien sombre dans la bande de Gaza : ils/elles seraient considéré.es comme une abomination. Sérieusement : le seul refuge vivable pour les personnes LGBTQ au Proche-Orient, c’est Tel-Aviv, capitale mondiale des droits LGBTQ.

Carte comparative Iran-Israël (via truesize.com)

Israël plus ouverte et plus libre que tous ses voisins

Plusieurs pays musulmans ont repris des relations diplomatiques ou même ouverts des ambassades en Israël. Pendant ce temps, une partie de la gauche belge propose de boycotter Israël.

Nous vivons un renversement des valeurs. On marche sur la tête.

Israël redessine le Proche-Orient, certes dans son intérêt, mais également dans celui des nations musulmanes qui l’entourent. Le Hamas et le Hezbollah maintiennent les territoires qu’ils contrôlent en état de siège permanent. Le Hamas a annihilé toute opposition, même celle de l’Autorité palestinienne, tandis que le Hezbollah s’est emparé d’un tiers du Liban, réduisant l’armée nationale libanaise à un rôle quasi symbolique. Pire encore, le Hezbollah porte une lourde responsabilité dans le marasme libanais, étant allé jusqu’à provoquer la catastrophe du port de Beyrouth par sa négligence fatale en laissant des explosifs létaux comme abandonnés (?) dans un hangar.

La réalité géopolitique actuelle ? L’Arabie saoudite, la Turquie et l’Iran se disputent la primauté dans le monde musulman. Mohamed Ben Salmane, englué dans le conflit yéménite alimenté par un autre proxy de l’Iran, les Houtis, a fait savoir qu’il privilégiait les intérêts de son propre peuple aux ambitions palestiniennes. Il n’a donc vu que du positif dans la proposition de Jared Kushner, Juif pratiquant et gendre de Donald Trump, de s’ouvrir à Israël via les Accords d’Abraham.

Face à cela, Erdogan, qui n’a cessé de démanteler l’héritage laïc d’Ata Turk, s’oppose violemment à Israël, comme pour masquer la déroute de son propre régime : l’antisionisme servant historiquement de viatique à divers potentats musulmans corrompus et incompétents. Du côté de l’Iran, l’idée d’un rapprochement entre Israël et les puissances sunnites n’a été que méprisée. D’où la mainmise de Téhéran sur le Hamas et la stratégie de l’horreur contre Israël, le 7 octobre 2023, espérant provoquer une riposte militaire tout en pariant sur la défaite médiatique d’Israël. Un pari qui a d’ailleurs parfaitement réussi grâce au concours de plusieurs « médias de référence » de par le monde et du secrétaire-général de l’ONU, Antonio Gutierrez, grand ami de Yasser Arafat et qui a plié le genou devant Poutine au récent sommet des BRICS.

En Europe, des manifestants pro-palestiniens manipulés

Et que dire de la complaisance européenne ? Un député libanais du Hezbollah revendique même en juin dernier manipuler les manifestations pro-palestiniennes en Europe, tandis que Pedro Sanchez ou Alexander De Croo préfèrent se fourvoyer plutôt que de s’attaquer aux ramifications iraniennes. Emmanuel Macron, qui proposait suite au massacre une coalition internationale contre le Hamas, a, depuis, condamné Israël pour « barbarie » tout en rappelant que la France est l’amie d’Israël. Un « en même temps » qui confine à la schizophrénie. À moins que les dizaines de milliards déversés par le Qatar et son amitié avec Rodolphe Saadé n’en soient l’une des explications prosaïques, comme le suggère Georges Malbrunot, spécialiste du Moyen-Orient pour Le Figaro dans l’un de ses ouvrages sur le Qatar, et rappelé au bon souvenir du Président Macron via X mais au sujet duquel le journaliste a légèrement rétropédalé.

Évidemment, les civils de Gaza vivent un drame terrible. Le « ministère de la Santé » du Hamas prétend dénombrer 41 000 victimes, tout en refusant de distinguer civils et combattants. Israël estime avoir éliminé 17 000 terroristes, laissant potentiellement 24 000 civils tués, ce qui reste tragique.

Mais à Raqqa, les Occidentaux n’ont-ils pas tué 15 000 civils sans autant de précautions ? Ont-ils prévenu la population par texto et folders, une tradition de l’armée israélienne  ? Où sont les condamnations et les manifestations de masse à Bruxelles ou à Londres pour le sort funeste des chrétiens du Nigéria, des Ouïgours en Chine, ou des Arméniens persécutés par l’Azerbaïdjan ? En Libye, en Afghanistan, en Irak, combien de civils sacrifiés sous les bombes occidentales ? Personne ne crie au génocide, sauf quand il s’agit d’Israël. Le but est clair : renvoyer au peuple de la Shoah fondateur d’Israël le (vrai) génocide subi en 1940-1945.

Nicolas de Pape

(Photo © Rouzbeh Fouladi/ZUMA Press Wire : un drapeau israélien brûlé à Téhéran, le 3 novembre 2024)

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