Un rapport dirigé par Trevor Asserson, appuyé par des outils IA avancés, conclut que la BBC biaise sa couverture du conflit entre Israël et le Hamas, en contradiction avec ses obligations d’exactitude et d’impartialité. Ce rapport se penche sur la manière dont la chaîne a couvert la guerre déclenchée par l’attaque meurtrière du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.
Le rapport pointe une série d’omissions dans la couverture du conflit par la BBC :
- Charte du Hamas ignorée : La BBC ne rappelle que très peu la Charte de 1988 du Hamas, qui appelle explicitement à la destruction d’Israël. La version révisée de 2017, même si mentionnée, n’atténue pas la portée de la première charte, toujours imprégnée d’antisémitisme et d’extrémisme.
- Dictature du Hamas à Gaza : Le Hamas, qui exerce un contrôle autoritaire sur Gaza, n’est quasiment jamais qualifié de dictature par la BBC, une omission qui ne reflète pas la réalité politique de la bande de Gaza.
- Contrôle sur la presse : La chaîne britannique sous-estime le niveau de contrôle imposé par le Hamas sur la presse à Gaza, ce qui biaise l’information venant de cette région.
- Non-usage du terme « terroriste » : Alors que le Hamas est désigné comme organisation terroriste par le Royaume-Uni, l’UE et les États-Unis, la BBC hésite à employer ce terme pour le décrire, contribuant ainsi à une représentation erronée du groupe.
- Crimes de guerre sous-couverts : Les crimes de guerre perpétrés par le Hamas, pourtant largement documentés, ne sont pas assez mis en avant, laissant une vision partielle du conflit.
- Menaces contre Israël minimisées : La BBC ne rend pas pleinement compte des menaces militaires auxquelles Israël fait face sur plusieurs fronts (Gaza, Liban, Iran), atténuant ainsi les risques sécuritaires réels.
- Sort des otages israéliens peu abordé : Les souffrances des otages israéliens et les violations du droit international à leur encontre, comme l’interdiction d’accès au Comité international de la Croix-Rouge, sont très peu couvertes.
- Coût économique pour Israël ignoré : L’impact socio-économique sur Israël, estimé à 400 milliards de dollars pour la prochaine décennie, est largement absent des reportages.
Ces omissions contribuent, selon le rapport, à une compréhension biaisée du conflit, en offrant une vision incomplète.
Des biais dans la couverture du conflit
Le rapport identifie cinq biais principaux dans la façon dont la BBC présente le conflit :
- Minimisation de l’attaque du 7 octobre : L’événement est souvent présenté de manière statistique, sans insister sur l’ampleur du massacre, ce qui réduit sa portée émotionnelle et historique.
- Israël présenté comme une puissance militaire écrasante : La chaîne se focalise sur la force militaire d’Israël, tout en passant sous silence les menaces existentielles auxquelles l’État hébreu est confronté, faisant face à au moins 4 ennemis irréductibles : Iran, Hamas, Hezbollah et Houtis et entouré de pays plus ou moins hostiles (Syrie, Turquie, Irak…)
- Sympathie implicite envers le Hamas : En évitant de qualifier le Hamas de terroriste et en décrivant ses dirigeants de manière adoucie et héroïque, la BBC crée une représentation trop sympathique du groupe.
- Langage émotionnel déséquilibré : Les décès palestiniens sont souvent rapportés avec un langage très émotionnel, tandis que ceux des Israéliens sont relatés de manière plus neutre.
- Admiration pour la « prouesse » militaire du Hamas : Certains articles décrivent les attaques du Hamas comme étant « ingénieuses », ce qui peut être perçu comme une forme de révérence pour ses capacités militaires plutôt qu’une condamnation de ses actions.
Des problèmes avec certains journalistes de la BBC
Le rapport relève également des problèmes avec des journalistes en poste, en particulier à BBC Arabic, où certains reporters affichent des opinions pro-Hamas sur les réseaux sociaux. Ces affiliations biaisent inévitablement la couverture médiatique. Le rapport cite des exemples où ces journalistes ont été temporairement suspendus pour leurs prises de position explicites.
Sur 922 interviews réalisées, 33 % des Israéliens interrogés par la BBC étaient des représentants officiels, contre seulement 4 % de Palestiniens (les autres étant des civils), renforçant ainsi une image asymétrique. De plus, de nombreux Palestiniens interrogés avaient des liens non déclarés avec le Hamas, une information cruciale non partagée avec le public.
Recommandations
Le rapport propose plusieurs mesures pour améliorer l’impartialité de la BBC : des revues régulières des reportages, un contrôle systématique des affiliations des journalistes, et un renforcement des procédures de plaintes qui sont actuellement jugées inefficaces.
La BBC a rejeté le rapport, contestant sa méthodologie sans pour autant entrer dans le débat de fond. Trevor Asserson estime que les tendances et omissions identifiées dans son rapport déforment la couverture médiatique du conflit Israël-Hamas et contreviennent aux principes d’impartialité et d’exactitude.
La couverture du journaliste vedette Jeremy Bowen : partiale et engagée
Jeremy Bowen, correspondant de la BBC au Moyen-Orient (photo), est sévèrement critiqué dans le rapport pour ses prises de position jugées partiales en faveur du Hamas, notamment lors du conflit de 2023.
Le rapport souligne que Bowen, dans un article publié le 7 octobre 2023, a décrit l’attaque meurtrière du Hamas en des termes qui paraissent presque élogieux. Il parle de « l’opération la plus ambitieuse jamais lancée par le Hamas » et de « la complexité » de l’attaque, tout en minimisant l’ampleur des pertes humaines israéliennes. Le rapport critique cette approche, qui met en lumière la « sophistication » de l’opération plutôt que ses conséquences désastreuses pour les civils israéliens.
Bowen est également critiqué pour avoir justifié indirectement l’utilisation par le Hamas de boucliers humains, affirmant que cette tactique est « l’essence de la guerre asymétrique ». Selon lui, il s’agirait d’une stratégie pour exploiter les ressources limitées contre une armée plus forte comme celle d’Israël. Le rapport considère que cette justification normalise une pratique largement condamnée par le droit humanitaire.
Comparaison Hamas-Ukraine
Le rapport reproche également à Bowen d’avoir comparé le Hamas à l’Ukraine face à la Russie. Selon lui, le Hamas se bat contre une puissance bien supérieure, tout comme l’Ukraine. Le rapport réfute cette analogie, rappelant que le Hamas est à l’origine d’un pogrome terroriste, alors que l’Ukraine a été agressée sans provocation par la Russie.
Bowen est aussi critiqué pour avoir dépeint les soldats israéliens de manière déshumanisante, les décrivant comme « enthousiastes » à l’idée de combattre (précisant que les Israéliens mangent des pâtisseries pour Soukot pendant que les Palestiniens souffrent), tandis qu’il représente les civils palestiniens comme « affamés et traumatisés », renforçant un déséquilibre émotionnel dans la narration des événements.
Minimisation des boucliers humains
Enfin, Bowen aurait, selon ce rapport, minimisé l’utilisation de boucliers humains par le Hamas, exprimant des doutes sur la véracité des affirmations israéliennes concernant l’utilisation de civils comme protections. Le rapport y voit une distorsion du récit, qui favorise une lecture biaisée du conflit.
Nicolas de Pape
(Photo Belgaimage : le siège de la BBC à Londres)