Accueil » Ingérence de Samidoun sur les campus belges : quelques faits qui dérangent

Ingérence de Samidoun sur les campus belges : quelques faits qui dérangent

par Contribution Externe
0 commentaires

Débutée en avril 2024, l’occupation des universités américaines par des activistes propalestiniens s’est rapidement propagée à l’Europe. En Belgique, sept universités ont été occupées. Des occupations bien préparées, dont il est essentiel de saisir les rouages. Une contribution extérieure du Pr Éric Muraille, Directeur de recherches FNRS à l’Université Libre de Bruxelles.

Ces occupations de campus ont été présentées comme résultant de la mobilisation spontanée d’étudiants indignés par la situation à Gaza. Toutefois, une enquête du Wall Street Journal a révélé que certains activistes sur les campus américains avaient été formés bien avant le début des occupations par des organisations propalestiniennes. L’ingérence de l’Iran sur les campus américains a également été dénoncée par la sécurité nationale américaine.

Qu’en est-il en Belgique ? Les médias belges ne se sont guère intéressés à la question d’une possible ingérence étrangère sur les campus en pleine période électorale.

Les activistes propalestiniens qui ont occupé le bâtiment B du campus du Solbosch de l’Université Libre de Bruxelles (ULB) durant sept semaines ont souhaité garder l’anonymat et se sont présentés comme l’Université Populaire de Bruxelles (UP). L’occupation par l’UP a été ponctuée de plusieurs agressions à caractère antisémite et d’actes de vandalisme. À la suite de l’évacuation par la police du bâtiment occupé, de nombreuses dégradations ont été constatées : murs tagués, sol, plafond, mobilier et écrans endommagés. Les réparations ont été estimées à plus de 500 000 €.

Le réseau Samidoun derrière l’occupation de l’ULB

Bien que présentée comme spontanée, cette occupation a en grande partie été organisée par le réseau Samidoun. En effet, l’UP a revendiqué l’occupation de l’ULB et communiqué ses exigences via la plateforme de Charleroi pour la Palestine, qui est membre de Samidoun et relaie toutes ses activités. Durant l’occupation, l’UP a organisé dans le bâtiment occupé une « Conférence sur l’histoire de la résistance en Palestine » impliquant Khaled Barakat et une « Conférence sur l’histoire des Mouvements étudiants en Palestine » avec Mohammed Khatib. Barakat est porte-parole de Samidoun pour le Canada et Khatib est coordinateur de Samidoun pour l’Europe. L’UP a également exprimé sur son Instagram ses remerciements et son soutien à Khatib qui est visé en Belgique par une procédure de levée de son statut de réfugié pour incitation à la haine.

Samidoun se présente comme un simple réseau de solidarité de prisonniers palestiniens. Mais cette organisation est accusée de soutenir la politique et les actions du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) ainsi que du mouvement islamiste Hamas, tous deux classés comme organisation terroriste en Europe. Barakat et Khatib sont réputés proches du FPLP et promeuvent sa politique visant à abolir par la violence l’État d’Israël.

Quand un collectif de 30 académiques de l’ULB a voulu informer le public des activités de Samidoun au sein de l’université et alerter au sujet des risques de radicalisation des étudiants via une carte blanche, les principaux journaux francophones belges ont refusé de la publier. Le pôle international du journal Le Soir a justifié ce refus en arguant que les liens entre Samidoun et des organisations terroristes n’étaient pas factuels. Un avis partagé par la rédaction du Vif.

Samidoun, considérée comme extrémiste et violente

Pourtant, en 2022 la justice allemande avait documenté les liens de Barakat avec le FPLP (arrêt du 11.03.2022 du Tribunal administratif de Berlin). En 2023, Samidoun a été interdite en Allemagne en raison de son soutien public au massacre du 7 octobre perpétré par le Hamas. Et selon l’Organe de Coordination pour l’Analyse de la Menace (OCAM) belge, « Samidoun est un réseau extrémiste de gauche, mû par une idéologie qui ne désapprouve pas l’usage de la violence, et qui possède des liens avec des organisations terroristes » (OCAM, Insight, N°18, 2024).

En octobre 2024, Samidoun a été interdite et classée comme entité terroriste aux Pays-Bas et au Canada. Aux USA, Samidoun et Khaled Barakat ont été accusés par le département du trésor de collecter des fonds pour le FPLP. Ces condamnations ont été bien peu commentées par la presse belge alors que Samidoun organise à Bruxelles des manifestations publiques et répand sa propagande en faveur de la lutte armée dans les universités.

Éric Muraille, Directeur de recherches FNRS, Université Libre de Bruxelles

(Photo Belga Lou Lampaert : occupation du campus Solbosch de l’ULB en soutien à Gaza, 7 mai 2024)

You may also like

21News est un média belge francophone qui promeut la liberté, l’entrepreneuriat et la pluralité d’opinions.

Sélections de la rédaction

Derniers articles

Êtes-vous sûr de vouloir débloquer cet article ?
Déblocages restants : 0
Êtes-vous sûr de vouloir annuler l'abonnement ?