Combien coûte la participation de la Belgique à la COP29 ? Cela reste un secret bien gardé. Ce que nous savons, cependant, c’est combien la Belgique a versé en 2024 au traité climatique qui organise les sommets sur le climat. Par habitant, l’État belge paie bien plus que tout autre pays. Notre enquête.
En 2024, la Belgique a versé la sixième plus grande contribution à l’organisateur des sommets climatiques, avec plus de 2,8 millions d’euros. Par habitant, elle paie même le plus : environ 0,24 euro, un montant considérablement supérieur à celui de la Norvège, de la Suisse, et de l’Allemagne, et même plus du double de la contribution du Japon, qui arrive en cinquième position.
Le Japon occupe la première place en termes de montants totaux, avec 14 millions d’euros, suivi de l’Allemagne avec 11 millions, puis de la Chine (6 millions), du Royaume-Uni (5 millions), de l’Union européenne (4,6 millions), et enfin de la Belgique avec 2,8 millions d’euros. Les États-Unis se placent en septième position avec 2,6 millions, bien que leur réputation de retardataires et de mauvais payeurs soit bien connue. La Corée du Sud, la France et l’Australie complètent le top dix.
Le Canada, à la 15e place, est le dernier pays à avoir contribué plus d’un million d’euros. Ces montants incluent les contributions anticipées ou payées pour 2024 avant le 25 octobre.
L’organisation United Nations Framework Convention on Climate Change (UNFCCC), qui chapeaute les « conférences des parties » ou COP, compte 198 membres (pays et Union européenne). On l’appelle communément le « Traité climatique ».
L’UNFCCC est un traité climatique distinct qui, bien qu’existant sous l’égide de l’ONU, fait partie d’un ensemble d’organisations et de traités indépendants reconnus par les Nations Unies. Chacune de ces organisations compte des membres qui, en plus de leur cotisation régulière à l’ONU, versent parfois des contributions volontaires. En pratique, une douzaine de pays, principalement occidentaux, financent l’UNFCCC.
Le 25 octobre, les contributions impayées des États membres entre 2010 et 2024 s’élevaient à 18 millions de dollars. La somme totale des contributions pour 2024 s’élève à 34 millions de dollars, mais seulement 24 millions ont été versés par les États membres.
Une décision poussée par les Ecolo, validée par le gouvernement
Si la Belgique est en tête des contributeurs, c’est grâce à une contribution volontaire décidée par la ministre fédérale Zakia Khattabi (Ecolo) et approuvée par le Conseil des ministres du gouvernement De Croo. Cette décision a été publiée dans le Moniteur belge le 23 décembre 2023 sous une mention cryptique sans montant précis :
« Subsides pour le fonctionnement des organisations internationales (y compris contribution au « UNFCCC Trust Fund for Supplementary Activities », au « UNFCCC Trust Fund for Participation » pour les activités organisées par le Secrétariat de la Convention-cadre des Nations unies sur le changement climatique, y compris le raccordement du registre national au registre international des transactions (ITL Fee) /UNFCCC, subvention OCDE CCXG et OECD IFCMA, contribution aux dialogues techniques NDC UNDP/UNFCCC, contribution à l’OSS Observatoire du Sahel et du Sahara, etc. »
Les montants sont désormais connus grâce à un nouveau document de l’UNFCCC. La Belgique a versé volontairement 2 491 160 euros, en plus des 304 496 dollars de cotisation obligatoire, ainsi que 143 502 euros supplémentaires dans un troisième fonds de l’UNFCCC, les « trust funds » mentionnés au Moniteur belge.
En matière de contributions supplémentaires, la ministre allemande des Affaires vertes a octroyé 8 millions d’euros de plus. L’Union européenne a ajouté volontairement 3 millions d’euros et 810 811 euros supplémentaires. Du côté des États, le Japon se distingue avec 11 millions d’euros en plus.
Des entreprises et des ONG ont également contribué. La marque de sport Adidas a versé 539 957 euros. La Foundation to Promote Open Society de George Soros, souvent critiquée par les théoriciens du complot, a donné un demi-million d’euros, et les philanthropes écologistes américains de Bloomberg Philanthropies ont offert 4,5 millions d’euros.
Le rôle de l’UNFCCC est capital, et il semble que la Belgique accordera désormais des subventions annuelles supplémentaires à l’UNFCCC. Zakia Khattabi (Ecolo) a instauré un arrêté royal (publié le 16 juin 2024) « concernant la mise en œuvre du mécanisme d’évaluation, de suivi et de rapport pour le financement de la politique climatique fédérale ». Celui-ci stipule que « la ministre compétente pour le climat soumet au Conseil des ministres une proposition pour les projets à financer, sur la base de l’analyse du Service du changement climatique et de l’avis du Conseil scientifique sur le climat. Le Conseil des ministres décide des projets et des montants à allouer. »
Cet arrêté royal fait explicitement référence à l’UNFCCC, tout comme la loi fédérale sur le climat publiée au Moniteur belge le 15 janvier 2024. L’article 2 de cette loi renvoie pour son application à l’UNFCCC et à l’Accord de Paris du 12 décembre 2015 adopté lors d’un sommet climatique de l’UNFCCC.
Lode Goukens
(Photo Belgaimage : le Premier ministre Alexander De Croo à la COP29 de Bakou)