Alors que le sommet COP29 s’enflamme, la proposition de taxer la viande et les produits laitiers pour freiner les émissions de gaz à effet de serre divise. Soutenue (ou non) par la FAO, cette idée fait débat sur son impact réel pour atteindre les objectifs climatiques et sur les enjeux cachés d’un éventuel virage européen vers une alimentation moins carnée. Découvrez les arguments, les controverses, et les implications pour les consommateurs et producteurs dans une Europe en pleine réflexion.
Lors du sommet COP29, la coalition néerlandaise pour un prix équitable des protéines animales (TAPP Coalition) a réclamé des taxes sur la viande et les produits laitiers afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Selon cette ONG vegan, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) soutiendrait cette initiative, ce qui a suscité de nombreuses interrogations.
Malgré les déclarations de la TAPP, le discours du directeur général de la FAO, Qu Dongyu, n’a fait aucune mention directe de cette taxation. Cette interprétation s’appuie uniquement sur un rapport de la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture) qui évoque des études sur l’impact des taxes alimentaires sur le comportement des consommateurs.
Une taxe dissuasive sur la viande et les produits laitiers
TAPP Coalition, qui prétend représenter un large spectre du secteur alimentaire, inclut principalement de petits producteurs biologiques. Leurs arguments reposent sur la théorie que l’élevage produit des gaz à effet de serre, tandis que les éleveurs, eux, soutiennent que le cycle naturel des plantes et animaux permet une compensation du CO₂ dans l’atmosphère.
D’après TAPP, une taxe sur la viande et les produits laitiers, comparable à celle appliquée aux carburants fossiles, est indispensable pour atteindre les objectifs climatiques. Cette position se fonde sur le rapport de la FAO intitulé The State of Food and Agriculture 2024, qui explique comment certaines taxes alimentaires, comme la taxe sur le sucre, influencent les habitudes des consommateurs. Le rapport souligne toutefois que de telles taxes sont impopulaires et peuvent affecter davantage les personnes à faibles revenus.
Une étude controversée en soutien aux taxes alimentaires
Le rapport de la FAO cite une étude allemande qui propose une réforme de la TVA, diminuant celle sur les fruits et légumes tout en augmentant celle sur les produits d’origine animale. Cette mesure serait, selon les auteurs, bénéfique pour la santé publique et l’environnement. Toutefois, cette étude n’a pas été réalisée par des experts fiscaux mais par des chercheurs en climatologie, avec un financement provenant de subventions écologiques.
Le document de la FAO semble en partie aligné avec les objectifs des groupes écologistes qui prônent depuis des années une réduction de la consommation de viande et de produits laitiers pour des raisons environnementales et sanitaires. Cependant, il précise que ces taxes pourraient être mises en place uniquement dans l’Union européenne, sous forme de TVA, et que les bienfaits sanitaires avancés sont basés sur des modèles de simulation.
Qui paierait la taxe : le consommateur ou le producteur ?
TAPP Coalition laisse planer le doute, mais envisage que l’Union européenne pourrait étendre le système d’échange de quotas d’émission (ETS) aux exploitations agricoles, comme pour les secteurs de l’industrie et de l’énergie. Cette réforme, soutenue par le commissaire européen Wopke Hoekstra, pourrait s’appliquer dès 2027, faisant de l’agriculture le dernier secteur à intégrer le marché ETS.
Si la FAO se concentrait historiquement sur la lutte contre la faim, le lobbying intense de certaines ONG a progressivement orienté ses rapports vers la réduction de la consommation de produits d’origine animale pour des raisons climatiques. Cette évolution suscite un débat sur le rôle de l’organisation et la place grandissante des idéologies végétariennes et véganes dans le discours climatique international.
Lode Goukens
(Photo Belgaimage