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CPAS d’Anderlecht : les « services » non désintéressés de Mustapha Akouz (chronique)

par Contribution Externe
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Le scandale des fraudes au CPAS d’Anderlecht, révélé par la VRT, n’occulte pas les responsabilités politiques. Celle de l’ancien président Mustapha Akouz semble écrasante. Le PS ne montre pas d’empressement pour sanctionner l’élu. Une chronique de Luckas Vander Taelen.

Peut-être que le moment le plus choquant du reportage de la VRT sur le CPAS d’Anderlecht est lorsque l’ancien président répond à une question concernant son prétendu clientélisme. De nombreux témoignages et mails montrent que Mustapha Akouz (PS) s’est profondément impliqué dans les dossiers. Le « Comité spécial d’Action Sociale » qu’il préside approuve environ 60 % des dossiers, contre l’avis des assistants sociaux.

C’est un pourcentage extrêmement élevé. À Gand ou à Anvers, ce chiffre ne dépasse jamais 10 %. Mais ce genre de renversement sous la pression du président semble tout à fait normal pour Akouz. En Flandre, on appellerait cela du clientélisme, avoue-t-il. Mais « je suis socialiste et je veux aider les gens. »

Vu de Flandre ? Du « clientélisme »

Voilà le monde de Mustapha Akouz. Il sous-entend ainsi que les Flamands se soucient moins du sort des personnes en difficulté. C’est aussi ce qu’a fait la ministre sortante Lalieux (PS) sur La Première. Elle disait être choquée par les conclusions du reportage, mais a immédiatement dévié vers la N-VA, qu’elle a accusé d’attaque sans cœur contre les CPAS.

Lalieux et le bourgmestre Cumps (PS) ont évidemment du mal à couvrir le scandale mis au jour par la VRT, car cela concerne des collègues de leur parti. Le reportage montre clairement qu’Akouz, par son ingérence, a récolté des voix. Il siège maintenant confortablement au Parlement bruxellois. Son successeur, Lofti Mostefa, a refusé, malgré plusieurs demandes, toute interview. Il pensait probablement qu’un reportage d’un média néerlandophone n’avait aucune importance.

La responsabilité écrasante de Mustapha Akouz

Pourtant, ce reportage ne devrait pas rester sans conséquence. Car ses conclusions sont implacables : deux jeunes collaborateurs de la VRT ont déposé une demande de revenu d’intégration. Ils n’étaient pas domiciliés à Anderlecht, gagnaient en réalité trop pour pouvoir prétendre à une aide et avaient donné une adresse fictive. Il apparaît rapidement qu’après une brève conversation, aucune enquête n’a été menée, aucun contrôle à domicile n’a eu lieu. Après quelques mois d’attente, ce qui dépasse largement le délai légal de 30 jours, les deux candidats ont reçu des allocations sur leur compte, avec effet rétroactif. Sans aucune enquête approfondie qui aurait permis de démasquer les deux demandeurs.

Il y a donc à peine, voire aucune, vérification. À cela s’ajoute l’ingérence politique. Mustapha Akouz admet qu’il « rend service ». Il en tire certainement un avantage personnel .« Il paye en fait ses électeurs », dit quelqu’un. Confronté aux conclusions du reportage, il feint la surprise. Mais les témoignages montrent surtout qu’il n’a fait aucun effort pour améliorer le fonctionnement du CPAS. Et il trouve normal d’envoyer des mails aux demandeurs leur annonçant une issue favorable.

Les sévères remarques de l’organisme de contrôle fédéral sont restées sans conséquence. Manifestement, le mayeur Fabrice Cumps (PS) n’y a vu aucune raison de remettre de l’ordre dans les affaires.

C’est une faute grave. Car il est bien connu que le CPAS d’Anderlecht n’a pas le temps d’examiner et de contrôler les dossiers de manière approfondie. Pano montre que cette négligence est largement reconnue et attire des personnes malintentionnées, tandis que les véritables nécessiteux sont découragés par les longues attentes.

Des structures municipales inadaptées

Il y a 19 CPAS à Bruxelles, avec des règles et des fonctionnements différents, ce qui facilite grandement les pratiques de « shopping ». Dans certains CPAS, les visites à domicile sont quasi inexistantes et la fraude y est donc très facile. Des adresses fictives à Anderlecht sont proposées sur internet. Ces faits sont connus depuis longtemps, mais il n’y a jamais eu d’action.

À Anderlecht, 10 % de la population touche un revenu d’intégration. Et comme la pauvreté à Bruxelles n’a jamais été aussi élevée, ce nombre ne fera qu’augmenter. Surtout si le gouvernement fédéral limite la durée des allocations de chômage. Alors, les CPAS seront submergés par les demandes.

Le fiasco d’Anderlecht montre que les structures municipales ne sont pas préparées à cela. Un CPAS régional unifié avec des antennes communales pourrait permettre une plus grande rationalisation. Mais le reportage révèle pourquoi cela ne se fait pas : parce que la classe politique locale n’a intérêt qu’à maintenir le système actuel de 19 CPAS autonomes, qui lui permet de tirer profit électoralement. Les politiciens utilisent toujours l’argument de la proximité avec le citoyen pour défendre ce système, tout comme ils le font pour justifier l’existence de 19 communes autonomes ou de 6 zones de police. Mais comme le montre de manière accablante le travail des journalistes de la VRT, c’est simplement un alibi pour assurer leurs propres intérêts et non ceux des Bruxellois.

Luckas Vander Taelen (les intertitres sont de la rédaction)

(Photo Belgaimage : Mustapha Akouz, PS, prête serment au Parlement bruxellois 25 juin 2024)

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