La conseillère spéciale de l’ONU pour la prévention du génocide ne s’exprime jamais à la légère. Mais parce qu’elle refuse de qualifier de génocide la campagne militaire d’Israël à Gaza, elle sera éjectée de son poste.
Alice Nderitu a osé briser un tabou : selon elle, la campagne d’Israël à Gaza ne correspond pas à la définition de génocide. Résultat ? Elle est écartée. L’ONU, déjà en perte de crédibilité en tant qu’arbitre moral, franchit une nouvelle étape dans sa dérive idéologique, dénonce le Wall Street Journal. Ce mercredi, selon l’Editorial Board, l’organisation refusera de renouveler le mandat d’Alice Wairimu Nderitu, conseillère spéciale pour la prévention du génocide.
Une experte sacrifiée
Médiatrice reconnue et cheffe de file dans la prévention de la violence, Mme Nderitu occupait ce poste depuis 2020. « Son travail, rigoureux et ancré dans le respect des faits, s’est distingué par une analyse minutieuse des pires crimes de l’histoire, écrit le prestigieux quotidien économique. Mais son tort est d’avoir tenu tête : pour elle, le conflit entre Israël et le Hamas, bien que tragique, ne répond pas aux critères du génocide. »
En 2022, son bureau avait publié un guide sur l’usage du terme « génocide ». Elle y insistait sur la nécessité de l’employer avec précision, rappelant qu’il s’agit d’un mot « chargé de sens politique et juridique, souvent galvaudé pour qualifier des crimes graves sans correspondre à sa définition stricte ».
Israël en état de légitime défense
Le WSJ rappelle que le mot « génocide » a été forgé en 1944 par Raphael Lemkin, juriste polonais, pour désigner l’extermination systématique d’un groupe ethnique. Selon Mme Nderitu, cette définition englobe l’Holocauste, le massacre des Tutsis au Rwanda, ou encore les tueries des Musulmans bosniaques en ex-Yougoslavie. Elle estime que ces critères ne s’appliquent pas au conflit israélo-palestinien actuel, malgré les accusations formulées à l’encontre d’Israël.
Mais à l’ONU, dire cela équivaut à un crime de lèse-majesté. « À l’heure où les termes sont utilisés comme des armes politiques, cette éviction sonne comme un coup porté à ceux qui défendent la rigueur factuelle », souligne le WSJ.
Qualifier une action de génocide implique de prouver une intention spécifique, selon le droit international, souligne le WSJ. « Israël, en légitime défense face au Hamas, vise à démanteler une organisation terroriste, non à éradiquer un groupe ethnique. Les efforts de l’État hébreu pour minimiser les pertes civiles palestiniennes, malgré les tactiques cyniques du Hamas utilisant les populations comme boucliers humains, contredisent les accusations de l’ONU », pointe encore le média économique et financier.
L’utilisation du terme « génocide » à des fins de propagande
Le 14 novembre, un rapport du Comité spécial des Nations Unies accusait Israël de possibles crimes de génocide à Gaza et d’apartheid en Cisjordanie. « Or, écrit le WSJ, ce comité, influencé par des États historiquement hostiles à Israël (Malaisie, Sénégal, Sri Lanka), suit l’agenda de Volker Turk, Haut-Commissaire aux droits de l’homme, et du Secrétaire général António Guterres, ouvertement critiques d’Israël. La mise à l’écart d’Alice Nderitu, spécialiste du génocide refusant de céder à la pression politique, illustre une purge politique sous prétexte de renouvellement contractuel. »
Et le WSJ de conclure : « Cette stratégie de l’ONU menace de diluer la gravité du terme « génocide », utilisé comme outil de propagande. En détournant ainsi un mot chargé d’une responsabilité historique, l’ONU compromet sa crédibilité face aux atrocités futures. La question persiste : l’intégrité a-t-elle encore une place au sein des Nations Unies ? »
Ce mardi soir, l’organisation internationale a démenti l’information du Wall Street Journal, affirmant que le départ d’Alice Nderitu est uniquement dû à l’expiration de son contrat. L’ONU a rejeté explicitement tout lien avec ses conclusions concernant le génocide.
Nicolas de Pape
(Photo Belgaimage : Alice Nderitu à la tribune de l’ONU, 11 juillet 2024)