David Leisterh (MR) a publié un texte sur les réseaux sociaux qui devient viral. Il y évoque deux aventures personnelles dans l’Horeca qui se terminent en fermeture : son restaurant « Le Vieux Boitsfort » a proposé un dernier service ce mercredi midi. Problèmes de recrutement, charges trop élevées,… L’actuel formateur du gouvernement bruxellois évoque les problèmes qui l’ont amené à cette douloureuse décision. Un texte dans lequel sans doute beaucoup de propriétaires dans l’Horeca se retrouveront.
Je ne vous en avais jamais parlé mais après l’aventure horeca avec ma moitié, Julie Monchicourt (Tea Jolie), et les nombreux déboires qu’elle a connus, je n’avais pas voulu en rester là et m’étais associé à un de mes amis les plus proches pour reprendre un autre restaurant.
Cette fois-ci, c’est même un établissement dans ma commune, Watermael-Boitsfort. Il s’appelle le Vieux Boitsfort.
Outre la volonté d’aider un ami et d’aimer entreprendre, je veux aussi garder les mains dans le cambouis pour comprendre au jour le jour comment une toute petite entreprise doit faire pour s’en sortir, s’épanouir et créer de l’emploi.
Comme politique, c’est bien de réfléchir dans un bureau mais c’est mieux de comprendre le terreau. Qu’il soit fertile ou pas.
Deux ans plus tard, je vous écris depuis ma table préférée du restaurant, le coeur éclopé. Demain midi sera le dernier service.
Personnel introuvable, charges trop élevées
Comme avec Julie, les problèmes sont restés les mêmes. Le personnel est difficile à trouver. Ce qui est incompréhensible pour moi dans une Région où le taux de chômage est si élevé.
Les charges sont trop élevées. Malgré des salles remplies chaque soir pratiquement, boucler les fins de mois reste difficile voire impossible pour la petite entreprise que nous sommes/étions.
Heureusement qu’on ne connaissait pas de problèmes de mobilité, de sécurité ou de propreté, sinon on aurait dû fermer encore plus tôt.
Mais quand bien même, ce n’est pas normal.
Ce n’est pas normal que quelqu’un qui entreprend sur fonds propres, qui engage du personnel (2 à 3 ETP) et fait salle comble chaque jour ait pour horizon la fermeture plutôt que l’ouverture (d’autres restaurants).
Ce n’est pas normal.
Une vie politique bruxelloise « compliquée »
Vous savez, en une semaine, j’ai présidé ma dernière séance plénière comme chef de groupe au parlement bruxellois (depuis 5 ans) et mon dernier conseil CPAS (depuis 12 ans). Vendredi je prêterai serment comme bourgmestre et en parallèle je continuerai à tout faire pour tenter de former un gouvernement dans notre belle région, malgré les obstacles trop nombreux.
Ma vie bascule cette semaine.
Mais c’est cette fermeture qui m’accable. Je ne la comprends pas. C’est d’une injustice sans nom pour mon associé qui y a donné toute sa vie, avec son fils par ailleurs.
Ils ne méritaient pas ça.
Les nombreux autres indépendants dans le cas non plus.
La vie politique bruxelloise est plus que jamais compliquée et se complique chaque jour.
Mais ce genre d’événement malheureux me redonne l’énergie nécessaire pour continuer mon engagement et faire en sorte que les prochaines Julie ou les prochains Vieux Boitsfort puissent ne pas connaître le même sort.
Tenez bon, s’il vous plaît. On a besoin de vous. Bruxelles a besoin de vous. J’ai besoin de vous.
Merci pour tout.
David Leisterh (Le titre et les intertitres sont de la rédaction)
(Photos : Belgaimage et page Facebook « Le Vieux Boitsfort »)