Olivier Faure, patron du PS, tend la main à Emmanuel Macron pour un gouvernement « à durée déterminée » avec La Droite républicaine (DR) et Ensemble (le parti de Macron). Analyse.
L’allocution télévisée, jeudi dernier, d’Emmanuel Macron, suite à la motion de censure réussie qui a renversé le gouvernement minoritaire de Michel Barnier, a été très suivie : près de 17 millions de téléspectateurs.
Habile, le président de la République française a enfermé les factieux (extrême-droite et extrême gauche) dans un « front anti-républicain » qui nuirait aux intérêts du peuple français qu’ils prétendent incarner. Macron se positionne ainsi comme le défenseur de l’ordre face au chaos. Il a égratigné au passage « un parti de gouvernement », le parti socialiste, qui s’est associé à la motion de censure de La France Insoumise, soutenue par le Rassemblement national.
Pousser Macron à la démission
Narcissique en diable, Emmanuel Macron a rappelé qu’il a « laissé le gouvernement Barnier travailler » ainsi que l’Assemblée nationale. Et qu’il compte nommer prochainement un nouveau gouvernement. Il a ignoré volontairement le fait que cette motion n’était pas destinée directement à renverser Michel Barnier mais à le pousser, lui, le Président, à la démission.
Celle-ci a été rejetée d’un revers de la main : Emmanuel Macron affirme vouloir rester à son poste jusqu’à la dernière heure, soit encore 30 longs mois. Rappelons qu’il a été réélu il y a deux ans avec 58,55% des voix face à Marine Le Pen. Depuis, cependant, il est un des présidents les plus impopulaires de la Ve République. Il concentre sur sa personne une haine farouche : selon un sondage Ifop pour le Journal du Dimanche, 78 % des Français se déclaraient mécontents de son action, ne laissant que 22 % de satisfaits. En novembre 2024, un sondage révélait une chute encore plus marquée, avec seulement 17 % d’opinions favorables !
Emmanuel Macron a terminé son allocution jeudi soir par une référence appuyée à la réouverture de Notre-Dame de Paris, un chantier qu’il a chapeauté, il faut le dire, de main de maître. C’est d’ailleurs ce dont l’histoire se souviendra vraisemblablement. Il a semblé reprocher à la gauche et à la droite nationale d’avoir gâché la fête. Une fête pourtant réussie, en présence de Donald Trump himself.
Sourd aux appels du peuple
Emmanuel Macron est, comme d’habitude, resté sourd à l’appel des peuples de gauche extrême et de droite extrême, qui rassemblèrent tout de même environ 4 et 9 millions d’électeurs, respectivement, au premier tour des législatives anticipées de cet été.
Le président de la République a assumé ses erreurs, sans préciser la principale, à savoir la dissolution de l’Assemblée nationale. Il a refusé d’assumer « l’irresponsabilité des autres ».
La France s’enfonce dès lors dans une période extrêmement troublée. Mais un bonne nouvelle n’est pas impossible puisque le secrétaire-général du PS, Olivier Faure, a proposé de participer à un gouvernement rassemblant une partie de la gauche, Ensemble (Macron) et DR (Droite républicaine). Notons que PS-Ensemble-DR, avec 287 députés, n’auraient pas la majorité absolue de 289[1]. Pour le PS, embarquer dans un gouvernement sans le parti de Jean-Luc Mélenchon signifierait la fin du Nouveau Front populaire. Or, chacun sait que socialistes, communistes et écologistes, doivent largement à la France Insoumise leur représentation à l’Assemblée. LFI a d’emblée fait savoir qu’elle n’entérinait pas la rencontre entre Faure et Macron. L’idylle entre le PS et LFI est peut-être sur le point de disparaître.
Nicolas de Pape
[1] La majorité absolue à l’Assemblée nationale française est fixée à 289 sièges. En additionnant les sièges de la coalition présidentielle Ensemble/Horizons/MoDem (168) et de Les Républicains, rebaptisé la Droite républicaine (60), on obtient un total de 228 sièges. Même en incluant les 59 sièges du Parti Socialiste, membre du NFP, le total serait de 287 sièges, soit toujours en deçà des 289 sièges requis. Il faudrait donc l’apport, par exemple, des écologistes.
(Photo Belgaimage : Olivier Faure, président du PS français, le 6 décembre 2024)