Les élus socialistes bruxellois ne tiennent pas à moderniser la région et ses institutions afin de « préserver leurs prébendes ». Ils camouflent les vrais problèmes. Voilà pourquoi les négociations traînent en longueur. Une opinion de Merry Hermanus.
Le PS n’est plus, de toute évidence, le PS. Il a rompu avec toutes les valeurs fondatrices du socialisme démocratique et a transformé ce parti vieux de 139 ans en une formation exclusivement communautaire, confessionnelle. Pour ceux, peu nombreux, qui auraient encore des doutes, je les invite à lire les tracts diffusés par le PS. Ils verront qu’il y est question du voile, de l’abattage rituel, du conflit à Gaza,… Pour le reste… basta ! Son dernier document diffusé illégalement, la veille même de l’élection, est à ce sujet emblématique.
Nous avons voté le 9 juin. Il a d’abord refusé toute discussion parce qu’il fallait attendre le résultat des communales, de façon à pouvoir exercer un chantage pour rafler l’un ou l’autre mandat. Voyez ce qui se passe à Schaerbeek. Les Bruxellois ont donc attendu. Est donc restée en place l’étonnante équipe de bras cassés qui, sous la direction de Rudi Vervoort, n’a qu’un seul souci : veiller à la protection des intérêts des copains subsidiés.
» Le PS bruxellois veut surtout que rien ne bouge «
Les élections communales ont eu lieu début octobre et les vraies négociations n’ont toujours pas commencé. Cette fois, le PS refuse de négocier au prétexte que la majorité flamande, prévue dans les textes, ne serait pas conforme à ses vœux. La présence de la N-VA lui est insupportable, inacceptable.
Est-il permis de rappeler que le PS a déjà négocié avec la N-VA au moment où Paul Magnette tentait de constituer une équipe en 2020 ?
Il est cependant intéressant de comprendre pourquoi le PS bruxellois refuse de s’asseoir à la même table que la N-VA. La note institutionnelle qui a fuité, il y a quelques semaines, contenait une vision générale de l’avenir de Bruxelles, de ses zones de police, de ses communes. Là est le problème ! Le PS bruxellois sait que la N-VA, premier parti de Flandre, dispose de la force politique nécessaire pour faire évoluer, dans le cadre d’une négociation institutionnelle, le statut de la région. C’est cela qui lui est intolérable ! Car le PS bruxellois veut surtout que rien ne bouge. Cette attitude est irresponsable et le PS est en train de provoquer une vraie crise institutionnelle rarement vue.
En effet, cette discussion ne pourrait déboucher que sur la perte des avantages obtenus grâce au fouillis, au gloubi-boulga de communes, de CPAS, de sociétés de logements, de zones de police, d’organismes publics en tout genre. En un mot comme en cent, mettre de l’ordre, c’est pour le PS perdre des prébendes, des mandats surpayés, des avantages divers et variés. Pire, si l’on osait revenir sur le vote multiple, ce serait remettre en cause l’hégémonie communautaire, le matelas de voix qui a permis au PS de sauver les meubles à Bruxelles.
» Le PS sera demain en grande difficulté «
Voilà la vraie, la seule raison du blocage du PS à l’égard de la N-VA. Il est prêt à admettre l’étrange Mr. Ahidar et ses curieux élus, mais pas le premier parti de Flandre. Il pense, à tort, qu’Ahidar ce n’est que du folklore, alors que ce sera demain son pire concurrent dans la course à l’islamisation politique à Bruxelles.
Il ne faut pas en douter : le PS sera demain en grande difficulté, car il est pris en tenaille par les inquiétantes équipes de M. Ahidar et les communistes internationalistes du PTB. Ça fait beaucoup de concurrents, non ?
Conclusion : plutôt le chaos qu’une négociation solide et sérieuse. Plutôt la relance de la lutte linguistique, car elle camoufle les vrais problèmes.
Et le chaos est bien là. L’ancien et excellent ministre Vanhengel (Open vld) ne l’a pas caché, lui qui avait maintenu le déficit de la Région à 60 % ; alors qu’aujourd’hui la dette atteint les 13,5 milliards pour un budget de 7,2 milliards, que la Cour des comptes, depuis deux ans, refuse d’examiner les comptes de la Région, qu’elle fait des remarques justifiées sur le décret de douzième provisoire où différents articles sont bizarrement gonflés.
Ajoutez à cela les mille et un travaux lancés par la Région qu’elle ne peut plus payer. Les trous, véritables gouffres, dans nos rues. Le plan de mobilité qui a assassiné Bruxelles, rendant fous ceux qui doivent y travailler. Le départ de la classe moyenne qui, comme les entreprises, vote avec ses pieds rejoignant des cieux plus cléments. Les cinquante fusillades qui, en 2023, ont parfois endeuillé notre ville, alors que le Rudi Vervoort soutenait qu’il n’y avait pas de problème de sécurité à Bruxelles.
Imaginez quelle doit être l’impression d’un investisseur qui débarque de l’Eurostar ou du Thalys à la gare du Midi. Il tourne les talons et reprend le prochain train. Qui peut lui donner tort ?
Donc, pas de doute à avoir, pour conserver les prébendes, mandats en pagaille et privilèges divers acquis grâce au communautarisme, le PS fait le choix de l’accélération de la mexicanisation de notre Région.
Il est temps que ceux qui veulent sauver cette ville – s’il en reste –, se lèvent et, une fois pour toutes, disent non, définitivement non à ce PS-là ! Qu’ils en tirent toutes les conséquences politiques. Pour notre Ville-Région, c’est une question de vie ou de mort.
A. M. Hermanus
(Photo Belgaimage : le président du PS bruxellois, Ahmed Laaouej)