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La ministre Galant s’étonne : la RTBF peut-elle se permettre d’investir dans LN24 ?

par A.G.
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Jacqueline Galant, ministre des Médias, a exprimé sa surprise au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles face à l’intention de la RTBF d’entrer au capital de la chaîne privée LN24. Alors que les finances publiques imposent des restrictions, ce projet soulève des questions sur l’utilisation des deniers publics et le rôle d’un média de service public. En plus, ni la ministre ni le CA de la RTBF n’auraient été avertis.

Les difficultés financières de la chaîne d’information LN24 ont suscité des interrogations lors de la session parlementaire du mardi 10 décembre dernier. Les chiffres publiés pour l’année 2023 montrent une perte nette de 4,8 millions d’euros, portant le cumul des pertes depuis le lancement de la chaîne à environ 18,4 millions d’euros. Cette situation a entraîné des licenciements et un repositionnement stratégique vers plus de débats, de documentaires, et moins de productions propres. LN24 a également mis en place un partenariat éditorial avec la RTBF.

Les députés Olivier Maroy (MR) et Armelle Gysen (Les Engagés) ont interpellé la Ministre des Médias, Jacqueline Galant (MR), sur la volonté de la RTBF, entreprise publique, d’entrer au capital de LN24 via sa filiale RMB et sa sous-filiale SMS. Cette intervention paraît paradoxale, étant donné les discours sur la nécessité d’économies à la RTBF et le gel de sa dotation pour les cinq prochaines années.

Olivier Maroy (MR) a exprimé ses inquiétudes concernant le financement de LN24 et s’est interrogé sur le rôle de la RTBF dans le soutien à une chaîne privée. Il a souligné l’incohérence d’une prise de participation par une entreprise publique qui prétend être en difficulté financière.

Armelle Gysen (Les Engagés) a mis l’accent sur la fragilité du pluralisme médiatique en Belgique francophone et s’est interrogée sur l’avenir de LN24. Elle a demandé si un soutien public plus large devait s’avérer nécessaire pour les médias privés afin de garantir une information diversifiée.

Aide exceptionnelle de 500.000 euros

La Ministre Galant a commencé par rappeler les difficultés rencontrées par LN24 depuis son lancement en 2019. Elle a évoqué l’aide exceptionnelle de 500 000 euros accordée par la Fédération Wallonie-Bruxelles en 2022, précisant que cette aide était ponctuelle et ne devait pas être répétée. Le repositionnement de LN24, avec la suppression de treize emplois et l’achat de programmes extérieurs, vise à limiter les pertes et à rendre le modèle économique plus viable.

Cependant, la Ministre a exprimé un vif étonnement face à l’annonce d’une possible intervention de la RTBF dans le capital de LN24. Elle a souligné que cette information ne lui avait pas été communiquée officiellement et que le conseil d’administration de la RTBF n’avait pas été consulté. Cette absence de transparence est jugée surprenante, compte tenu des implications stratégiques de cette décision.

Un montage financier controversé

Le montage financier prévu impliquerait une intervention indirecte de la RTBF via RMB et sa filiale SMS. Même si la RTBF n’entrait pas directement au capital de LN24, elle serait impliquée par le biais de ces entités. Pour la Ministre, cette méthode suscite des interrogations sur l’utilisation de fonds publics pour soutenir une chaîne privée.

La Ministre a rappelé que la RTBF a pour mission de servir l’intérêt public et qu’elle doit concentrer ses efforts sur ses missions essentielles. Dans un contexte de restrictions budgétaires, un investissement dans une chaîne concurrente semble peu approprié. Elle a assuré qu’elle resterait vigilante pour que la RTBF respecte son rôle de service public.

Olivier Maroy a souligné l’importance de distinguer le soutien à LN24 pour le pluralisme médiatique de l’intervention financière de la RTBF. Il a insisté sur le fait que, dans une période d’économies, il est incongru pour une entreprise publique de prendre des participations dans une chaîne privée.

Armelle Gysen a partagé son inquiétude quant à l’avenir de LN24 et au manque de transparence dans ce dossier. Elle a appelé à un suivi attentif pour garantir le respect des règles de concurrence et le maintien du pluralisme médiatique.

La session a conclu sur une prise de conscience partagée des défis liés à l’indépendance des médias privés et au rôle que doit jouer la RTBF dans un contexte de ressources limitées.

A.G.

(Photo Belgaimage)

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