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« Tôt ou tard, nous serons dans le collimateur des marchés » (Koen De Leus, BNP Paribas Fortis)

par Maxence Dozin
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Koen De Leus, Chief Economist chez BNP Paribas Fortis, met en garde l’Europe : sa dépendance aux États-Unis risque de nuire à sa défense. Il met en garde aussi la Belgique : sans mise en place rapide d’un gouvernement et sans contrôle des dépenses publiques, notre pays sera à la merci des marchés. Entretien.

21 News : Commençons par le résultat des élections américaines. Quel impact auront-elles, selon vous, sur le commerce international et sur l’Europe en particulier ?

Koen De Leus : C’est encore une zone d’incertitude. Prenons le cas de l’Allemagne. L’Allemagne a externalisé sa défense aux États-Unis, était très dépendante du gaz russe, et était très dépendante de la Chine pour ses exportations. Aujourd’hui elle reste très dépendante des États-Unis pour sa défense, mais elle est devenue très dépendante des Américains pour le gaz liquéfié, et elle est devenue davantage dépendante des États-Unis pour ses exportations – car celles à destination de la Chine ont chuté à cause de la consommation en Chine qui a diminué. Mais ce qui vaut pour l’Allemagne vaut également pour l’Europe. Nous sommes devenus de plus en plus dépendants des États-Unis, mais nous avons désormais la « malchance » que ces derniers ont élu en la personne de Donald Trump un président isolationniste.

21 News : N’est-ce pas là, justement, une bonne opportunité pour les Européens de se prendre davantage en main, notamment au niveau militaire ? Et ce d’autant plus que faire passer les intérêts de son pays en priorité ne semble pas à proprement parler « amoral » ?

K. D L. : Exactement. Mais il y a deux perspectives sur ce sujet. Premièrement, les Européens doivent augmenter leurs dépenses militaires ; c’est certain. Nous sommes un continent très riche, et le fait que nous ne faisons pas cela confine à l’irresponsabilité. De l’autre, on peut être partisan d’« America First », c’est certain, mais si nous cela veut dire de ne plus embrasser la globalisation, alors cela pose des problèmes. Cette stratégie de repli sur soi va en effet nuire à la croissance mondiale ; la productivité va diminuer en conséquence, dans la mesure où les entreprises vont cesser d’investir dans les régions dans lesquelles c’est le plus opportun. C’est cela, le grand problème avec Donald Trump : on peut être isolationniste, voire protectionniste, mais une certaine forme de « dé-mondialisation » pourrait nuire à la croissance.

« Il y a beaucoup trop de régulation en Europe »

21 News : Les marchés financiers ont réagi, en tout cas aux États-Unis, avec beaucoup d’enthousiasme à l’élection de Donald Trump. Y a-t-il là des opportunités pour les investisseurs ?

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