La Belgique ne connaît plus la guerre depuis 1945, comment lui expliquer l’horreur du 7 octobre ?, se demande Idit Rosenzweig-Abu. Dans cette seconde partie d’interview, l’ambassadrice d’Israël en Belgique décrit l’indescriptible : « des familles brûlées vives, des enfants pleurant diffusés en direct par des terroristes qui rigolent ». Elle évoque une diaspora juive européenne en danger, confrontée à un antisémitisme croissant. Face à ces défis, Israël plaide pour une coopération plus constructive avec une Belgique où les alliances politiques se re-dessinent.
21 News : Comment avez-vous ressenti le massacre du 7 octobre ? Est-il possible d’expliquer ce ressenti à la population belge qui vit en paix depuis 1945 ?
Idit Rosenzweig-Abu : J’espère, pour le peuple belge, qu’il ne connaîtra jamais l’horreur d’entendre des gens brûler vifs, des familles supplier pour leurs vies, de voir en direct sur Facebook des enfants pleurer diffusés par les terroristes pendant qu’ils rient. Des preuves de femmes violées, des récits d’horreur et des photos de mutilations de corps, des gens désespérés cherchant leurs proches. Et les otages, dont des enfants, des femmes, des personnes âgées. En général, il est difficile d’expliquer la guerre à des générations qui ont vécu en paix toute leur vie. Il est difficile d’expliquer une menace constante réelle et la nécessité d’utiliser la violence en légitime défense. Je sais que, lorsque les Européens se sont sentis menacés après les attaques de 2015 et 2016, ils n’ont pas remis en question la nécessité d’aller en guerre, mais la guerre contre l’État islamique était lointaine, et le public ne se souciait pas du prix affreux à payer pour retrouver un semblant de sécurité. Les attaques de 2015-2016, aussi horribles soient-elles, sont dérisoires comparées au 7 octobre.
« Même les pays dotés de capacités militaires importantes font des erreurs »
21 News : Comment ce massacre a-t-il pu arriver étant donné les moyens de défense considérables d’Israël ?
I. R-A. : Même les grandes nations dotées de capacités considérables font des erreurs. Le 11 septembre, les États-Unis, pourtant une grande puissance, ont vu des avions s’écraser non seulement sur le World Trade Center, mais aussi sur le Pentagone, et si ce n’avait été pour des passagers courageux qui ont réussi à faire chuter le 4e avion détourné par les terroristes, il y aurait eu, selon la presse, un crash sur la Maison Blanche. Le travail de renseignement est compliqué. Bien que nous nous soyons concentrés sur la menace de l’Iran et du Hezbollah, nous n’avons pas suffisamment porté attention à Gaza. Nous avons supposé que la communauté internationale avait raison, à savoir que si nous améliorions les conditions économiques, Gaza ne représenterait pas une menace. Avant le 7 octobre, plus de 20 000 travailleurs entraient chaque jour de Gaza en Israël pour travailler, il n’y avait aucune limitation sur les importations et exportations civiles. Nous nous sommes trompés en pensant que l’islamisme radical serait influencé par le bien-être public.
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