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Faut-il un ministère de l’efficacité en Belgique ?

par Typhanie Afschrift
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L’exemple d’Elon Musk et de son DOGE (Department of Government Efficiency) doit être suivi en Belgique, selon notre chroniqueuse Typhanie Afschrift. Que l’État laisse à la société civile la liberté de gérer ses propres affaires.

Certains ont été fort étonnés de la désignation d’Elon Musk et de Vivek Ramaswamy à la tête d’un « ministère de l’efficacité » aux États-Unis.

Il ne s’agit en réalité pas d’un véritable ministère mais d’une « Commission présidentielle » que souhaite créer le président élu Donald Trump.

Cette commission est temporaire puisqu’elle devrait cesser son activité le 4 juillet 2026, en commémoration du 250e anniversaire de la Déclaration d’indépendance américaine.

Évaluer l’efficacité des ministères et de l’administration

L’idée de Trump est sans doute empruntée à celle du président libertarien argentin Javier Milei, qui a créé un ministère de la « dérégulation et transformation de l’État ».

Faudrait-il créer un tel ministère en Belgique ?

On se rappellera qu’à diverses reprises, des secrétariats d’État ont été créés en vue de la simplification administrative. Le moins qu’on puisse dire est que, dépourvus de pouvoirs pour interférer dans les ministères importants, ces secrétaires d’État ont en général fait de la simple figuration et n’ont produit que des mesures de très faible importance.

On peut croire qu’une commission ministérielle dirigée notamment par Elon Musk aura plus d’influence, d’autant plus qu’elle dépendra directement du président des États-Unis.

L’ambition paraît d’ailleurs plus large que celle de nos modestes anciens secrétaires d’État qui n’existent d’ailleurs plus. On n’imagine pas Elon Musk accepter un rôle secondaire.

Rendre l’administration plus efficace

Son objectif premier est de rendre l’administration plus efficace. Il s’agit vraisemblablement de réduire le poids de la fonction publique aux États-Unis en supprimant de très nombreux postes de fonctionnaires publics.

Cela répondra utilement à la création de multiples Agences et au renforcement d’autres, parmi lesquelles l’IRS, soit le fisc américain, au cours des différents mandats démocrates. Ce serait nouveau, dans la mesure où, même au cours du premier mandat de Trump, l’État fédéral n’a pas réellement perdu de sa puissance.

Mais l’on sent qu’en réalité Trump veut aller plus loin que la simple efficacité dans le cadre des missions accomplies par l’État. Il a toujours annoncé vouloir lutter contre le « deep state », soit le système qui, d’après ses partisans, maintient, quel que soit l’élu, le pouvoir d’un clan étatiste aux États-Unis.

Il paraît certain que ce clan n’existe pas comme tel, mais qu’en réalité le fonctionnement même des administrations américaines a, sans coordination particulière, pour effet de donner de plus en plus de pouvoir aux autorités publiques, et plus particulièrement aux autorités fédérales par rapport à celles des États.

Il y a une certaine logique de la part de Trump à vouloir brider cette tendance, pour revenir à une situation plus proche de celle voulue par les Pères Fondateurs qui, dans la Constitution américaine, ont toujours tenu à ce que le pouvoir fédéral soit faible et que l’autorité réelle, lorsqu’elle existe, soit assumée par les États fédérés.

Un ministère de l’efficacité aussi en Belgique ? Oui !

Le moins que l’on puisse dire est que la Belgique a un urgent besoin d’un correctif de ce genre. Le poids de l’État y est encore bien plus important qu’aux États-Unis, comme en témoigne la part beaucoup plus élevée du PIB affectée aux dépenses publiques. Notre pays, comme la plupart des États européens, vit encore sous le mythe de l’État providence, qui demande beaucoup de moyens, et un État qui s’approprie des missions de plus en plus vastes, souvent très mal exécutées.

Alors, de ce point de vue, que cela soit confié à un ministère spécifique ou non, on aimerait qu’une batterie de mesures de désétatisation soient prises en Belgique aussi. Mais elles ne devraient pas se limiter à réduire le nombre de fonctionnaires ou le nombre de ministères.

Il s’agit, avant tout, de ramener le rôle de l’État à ce qu’il devrait être : un protecteur des libertés publiques et des libertés individuelles.

L’État ne devrait faire que ce pourquoi il est indispensable. Le reste doit relever de la société civile.

Tout cela dépasse de beaucoup la notion d’efficacité. Il ne doit pas s’agir seulement de faire mieux ce qu’on fait, mais bien de ne faire que ce que l’on fait bien, c’est-à-dire, dans le cas des pouvoirs publics, très peu.

Cela veut dire aussi que les décisions doivent être prises au niveau le plus proche du citoyen : la Belgique plutôt que l’Europe, la région plutôt de l’État belge, la commune plutôt que la région, et… l’individu plutôt que n’importe quelle autorité. C’est cela la notion de subsidiarité.

On ignore jusqu’où, dans un tel programme, va aller Elon Must et jusqu’où Donald Trump lui permettra d’agir.

Mais en tout cas, en Belgique, il n’y a aucune raison d’être optimiste : on attend toujours une véritable volonté de supprimer les provinces, dépourvues d’utilité, et les différentes versions des Super Notas sont pour le moins lacunaires sur la question de la réduction du périmètre de l’État. C’est dommage parce qu’un personnage comme Bart De Wever devrait comprendre que, s’il devient Premier ministre, il assumera une mission historique et que s’il persiste dans l’habitude belge de compromis dépourvus de volonté innovante, il ne sera qu’un Premier ministre comme les autres sur la voie du déclin du pays.

Typhanie Afschrift

(Photo Belgaimage : Elon Musk et son fils au Capitole de Washington pour une réunion de travail autour du DOGE, 5 décembre 2024)

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