La coprésidente d’Ecolo Marie Lecocq a traité la N-VA de parti « raciste« , déclenchant un nouveau tollé la semaine dernière. Cette affirmation est une triple erreur qui montre que la direction d’Ecolo n’a rien compris à sa dernière raclée électorale.
Des élus en interne veulent se distancier de cette radicalité qui a fait perdre beaucoup de plumes aux Verts en juin dernier. Même constat lors des communales d’octobre, au terme desquelles les écolos ont quasiment perdu tous leurs mayorats. En cause : un glissement idéologique vers un parti d’extrême-gauche tendance LFI (La France Insoumise) qu’on a pu observer depuis plusieurs mois. Les plus pragmatiques veulent en revenir à un discours plus lisse qui leur a permis, sous Jean-Michel Javaux ou avec des personnalités comme Christos Doulkeridis ou Olivier Deleuze, de réaliser des scores conséquents aux niveaux national et local. La coprésidence actuelle va plutôt dans le sens de la radicalité, ce qui ne va sans doute pas aider le parti à se relever.
La dernière sortie sur la N-VA constitue une triple erreur.
La première est que la N-VA n’est pas un parti raciste. Les nationalistes flamands ont non seulement lutté et remporté la bataille contre le Vlaams Belang, mais ils ont été quasiment les seuls en Flandre à ne pas tremper dans des majorités locales, d’une façon ou d’une autre, avec le Belang. La N-VA a pu faire monter de fortes personnalités issues de la diversité comme députés ou ministres. Elle n’a donc pas de leçons à recevoir en la matière, surtout pendant que Vooruit accepte, lui, les déclarations racistes de Conner Rousseau sans même l’exclure du parti.
La deuxième erreur est qu’en insultant la N-VA, le parti Ecolo se dévoile comme un parti irresponsable qui ne veut plus, en fait, s’adresser à quasiment la moitié de l’électorat flamand. Comment Ecolo peut-il encore espérer revenir au pouvoir dans ces conditions ? Quelle est sa conception d’une démocratie, en excluant autant d’électeurs de la première communauté linguistique du pays ?
Enfin Ecolo, par ses déclarations, met de l’huile sur le feu dans une marmite bruxelloise qui est déjà au bord de l’implosion. Les citoyens en ont marre de la politique de l’invective et du bac à sable politicien. Ils veulent des résultats et un gouvernement qui travaille. Ecolo qui en est à dire, par tweet interposé, « Bruxelles aux Bruxellois », fait de l’identitarisme contraire à son ADN, et surtout fait du sous-régionalisme qui n’intéresse personne. Bruxelles est aussi la capitale du pays et il est urgent que le gouvernement bruxellois travaille. Ecolo a laissé une Région bruxelloise exsangue budgétairement, incapable de payer les primes à l’isolation et à la rénovation promises par son ministre Maron.
Les Verts ont eu une occasion en or de changer de cap, ces derniers jours, en remontant dans un gouvernement bruxellois. Ils ont fait l’exact contraire en répétant leurs erreurs et en se donnant l’image d’un parti radical qui ne cherche plus des solutions constructives aux problèmes réels du citoyen.
La rédaction
(Photo Belgaimage : les deux coprésidents d’Ecolo)