Analyse – L’annonce par la commissaire européenne à la gestion de crise, Hadja Lahbib, ancienne ministre belge des Affaires étrangères (MR) qui s’est rendue à Damas, d’un soutien de 235 millions d’euros à la Syrie suscite de légitimes interrogations. Certes, les besoins humanitaires sont pressants dans une région marquée par plus d’une décennie de conflits, mais cette aide semble précipitée, d’autant plus qu’elle s’accompagne d’une discussion sur la levée des sanctions internationales.
Le contexte politique en Syrie reste profondément opaque. Le nouveau dirigeant Ahmed al-Charaa, anciennement affilié à des mouvements dhijadistes radicaux dont Hay’at Tahrir al-Sham (HTS), a montré peu de signes tangibles d’ouverture. Lors d’une visite récente, il a refusé de serrer la main de la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, un geste symbolique traduisant des positions conservatrices misogynes incompatibles avec les valeurs européennes.
De plus, des informations font état de violations des droits humains par des membres du gouvernement syrien. Par exemple, Shadi al-Waisi, désormais ministre de la Justice (!), a été impliqué – des vidéos l’attestent – dans l’exécution de femmes accusées d’adultère sans aucune forme de procès équitable tel que pratiqué dans les démocraties occidentales alors qu’il était « juge » pour l’organisation terroriste « Front al-Nosra ». Le fait qu’il soit toujours ministre malgré ces révélations n’est pas particulièrement positif pour le nouveau régime.
Cette situation soulève une question fondamentale : comment l’Union européenne peut-elle justifier un tel soutien financier alors que les garanties d’un changement démocratique et « inclusif » dans ce régime sont inexistantes ?
Un financement prématuré
Si l’aide humanitaire est indispensable, la promesse d’un tel montant — 235 millions d’euros — sans conditions claires pourrait être interprétée comme un blanc-seing à un régime qui n’a encore rien prouvé. L’appel de Lahbib à « voir un gouvernement inclusif » (de toutes les ethnies sans référence à la condition des femmes ni évidemment aux minorités sexuelles – ne rêvons pas !) est louable en théorie, mais vide de sens sans un mécanisme clair pour vérifier les progrès concrets sur le terrain. En l’état actuel, les fonds risquent de renforcer les structures d’un régime autoritaire plutôt que d’aider directement les populations dans le besoin.
En parallèle, la question de la levée des sanctions internationales est discutée. Alors que des pays comme la France et l’Allemagne y sont favorables, ce débat intervient à un moment où le régime syrien n’a donné aucun gage de respect des droits humains ni de réconciliation nationale. Lever les sanctions si rapidement à ce stade serait non seulement une erreur stratégique, mais aussi un message catastrophique envoyé à d’autres régimes autoritaires dans le monde.
Un besoin de prudence et de conditionnalité
On peut comprendre, qu’alors que la situation semble se normaliser dans la guerre que mène Israël face au Hamas et au Hezbollah, l’Union européenne souhaite au plus vite stabiliser le voisin syrien. L’arrivée de Trump à la Maison-Blanche pousse aussi les Européens à agir.
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