Personne, parmi les acteurs du vaudeville bruxellois, n’est en mesure de régler la crise. Qu’on en finisse donc ! estime Merry Hermanus.
Un gouvernement, pour quoi faire ? Cette question ne me semble pas inutile au regard de ce qui vient de se dérouler sous nos yeux depuis huit mois.
Il ne se passe pas un jour sans qu’un commentateur souligne l’état apocalyptique dans lequel se trouve la région. Je ne vais pas, une fois de plus, répéter ici des chiffres qui donnent le tournis, tout le monde les connaît.
Le PS de Laaouej a fait la démonstration que rien ne pourrait changer. Seuls l’approfondissement du communautarisme, Gaza et les réseaux confessionnels lui importent. Il n’est plus question de programme, d’aucun vrai projet… Si ! Un seul : durer, se nourrir sur la bête mourante et satisfaire d’étonnants élus dont, pour faire le portrait, il faudrait recourir au talent de Jérôme Bosch dans « Le Jardin des délices ».
Les fossoyeurs sont appelés
Aujourd’hui, on évoque la désignation de deux informateurs, voyez-vous ça ! des informateurs, avant les démineurs… avant les fossoyeurs.
Oui, moi, je parie sur les fossoyeurs, on devrait d’ailleurs créer, pour M. Laaouej, le titre de fossoyeur de l’année à Bruxelles. Il bloque tout mais ne propose rien, ajoutant la lâcheté à la veulerie électorale, il n’ose même pas endosser le dossard de formateur ! « Courage fuyons » pourrait être sa devise.
Tout cela dans le profond silence du PS wallon, silence des catacombes où il semble se cloîtrer. Oserais-je rappeler que Philippe Close, bourgmestre de Bruxelles, est vice-président du PS fédéral ? Mais non ! Rien ! Le silence d’« En attendant Godot » ! Où « Le désert des tartares »… Qui n’arrivent, on le sait, que quand il est trop tard pour exister… La question se pose : le PS existe-t-il encore ?
En y pensant, en attendant quoi ? En réalité, rien ! Ce gouvernement, s’il se constitue un jour, sera comme, je l’ai déjà écrit, mort né. David Leisterh devra gouverner avec le PS, qui pourra tout bloquer et avec Groen qui refusera qu’on touche à quoi que ce soit du plan de mobilité, qui a fait de Bruxelles un enfer. Enfer que fuient les habitants et les entreprises, où le chômage augmente et où la zone grise – des jeunes qui n’apparaissent plus dans aucune statistique –, s’étend de jour en jour. Ajoutez à cela une situation budgétaire ingérable, et à la sortie de la machine à gaz de l’exécutif vous aurez au mieux la poursuite des horreurs de ces vingt dernières années, au pire la culbute finale.
Donc je pose la question : à quoi bon s’obstiner ?
Bruxelles doit repartir de zéro
Concernant les politiques, les Laaouej et consorts font tous les jours la démonstration de leur incapacité à gérer quoi que ce soit.
Au plan des institutions, plus aucun rouage ne permet de réaliser une véritable alternance au pouvoir, ce qui est l’essence même de la démocratie. Là est la vérité, d’ailleurs tous les observateurs sérieux en sont d’accord.
Mais qui aura le courage de le dire ? Il faut, si l’on veut que Bruxelles survive comme entité autonome, remettre tout à plat. Repartir à zéro. Stunde null comme disent les Allemands, modifier cette machine à gaz, truffée de turbines, de tuyaux, de bobines, de fils, de conduits, de buses bouchées ou non, d’entrelacs de tubulures de toutes dimensions, qui ne débouchent sur… rien, qui ne produisent que le chaos, mais – miracle ! –, crée encore et toujours des mandats rémunérateurs.
Il faut repenser une nouvelle région, un nouveau mode électoral supprimant le vote multiple, garantir la représentation des minorités flamandes et bruxelloises d’origine, repenser le rôle des communes dans le sens d’une simplification, d’une modernisation, d’une rationalisation.
La grande majorité des communes bruxelloises sont des gouffres à millions, où de médiocres roitelets d’opérette vivent comme s’ils étaient à la tête d’une pétromonarchie… mais personne n’ose le dire, tout le monde fait semblant de croire qu’elles sont indispensables. Ce qui a été justement dénoncé au CPAS d’Anderlecht n’est qu’une pâle anecdote en rapport avec la réalité de tous les jours dans certaines communes. Il est utile de rappeler que si, dans les faits, il n’y a plus de tutelle sur les communes bruxelloises, en droit administratif elle existe bel et bien. Les fonctionnaires essaient de faire leur métier, mais, au-dessus d’eux, les choses se règlent « entre amis ». Tout cela conduit à un accroissement aussi effarant qu’insupportable de la fiscalité.
Pour des états généraux bruxellois
Pour ce faire, pourquoi ne pas convoquer des états généraux bruxellois ? Et, dans l’attente de ces indispensables réformes, refaire siéger le gouvernement bruxellois au sein du gouvernement fédéral, comme ce fut le cas de 1981 à 1988 ?
Que les constitutionnalistes se cassent la tête, les bons juristes ne sont pas ceux qui vous disent ce que vous ne pouvez pas faire, mais ceux qui vous disent comment vous pouvez y réussir. Il s’est bien trouvé un cabinet d’avocats pour trouver que les élucubrations de M. Laaouej étaient jouables… Alors, tout est possible. Il faut trouver une solution, sous peine de disparition de la région.
Ah ! J’entends déjà les cris, les vociférations, les hurlements de ceux qui défendent leur bout de gras ! Je leur réponds qu’ils ont eu huit mois, donc largement le temps de démontrer leur impuissance, ils avaient toutes les occasions de faire un effort de conciliation et sont restés campés dans leur certitudes imbéciles, délétères et mortifères.
Que ceux-là sachent qu’on entend déjà dans les sombres, les malodorantes cuisines politiques, le bruit agaçant des couteaux qu’aiguisent des mains expertes, où l’on se prépare à dépecer Bruxelles qui, par sa stupidité, sa lâcheté, sa veulerie, présente depuis huit mois son cou aux bourreaux, qui protégés de leur grand tablier couverts de sang, rigolards, insensibles, indifférents et satisfaits, pourront enfin liquider la bête !
Merry Hermanus (les intertitres sont de la rédaction)
(Photo Belga : Éric Lalmand)