Dans la troisième partie de ce long entretien avec le président du MR, Georges-Louis Bouchez évoque les moyens d’endiguer l’extrême droite, remet la culture à sa place et juge ses partenaires de coalition.
21News : J’ai lu dans la presse flamande une analyse selon laquelle, malgré vos différences, vous seriez aux yeux du Premier ministre, une sorte de « jeune Bart De Wever », notamment dans votre style parfois provocateur. Vos relations avec lui se sont-elles améliorées ?
Georges-Louis Bouchez : Nous entretenons une relation assez rare en politique, basée sur un grand respect mutuel.
Quand j’ai lu cet article, je me suis rendu compte que cette analyse n’était pas complètement fausse. Ce qui est exceptionnel, c’est notre capacité à arriver aux mêmes conclusions sans même nous consulter. Nous avons un taux d’accord bien supérieur à 80 ou 85 %, ce qui est rare entre deux personnalités politiques.
21News : Vous êtes donc plus en accord avec Bart De Wever qu’avec Maxime Prévot ?
G.-L. B. : Sur le plan des idées, oui, j’ai plus de points d’accord avec De Wever. En revanche, ma relation personnelle est plus amicale avec Maxime.
Nous sommes deux francophones, nous partageons une complicité différente. Mais il y a une différence entre « Maxime » en tant qu’ami et « Maxime Prévot » en tant que président des Engagés. Il a un rôle à tenir pour son parti. Cela dit, en politique, des relations aussi fortes et sincères sont rares.
21News : Vous voyez Bart De Wever comme une source d’inspiration politique ?
G.-L. B. : Oui, son parcours est inspirant, bien plus que celui de nombreux autres responsables politiques belges.
Beaucoup de commentateurs écrivent des analyses sur lui sans même avoir vécu les événements. Moi, j’ai eu de véritables discussions avec lui sur ce que je devais faire, et nous avons échangé en toute franchise.
Si l’on regarde la politique belge sur les trente ou quarante dernières années, deux personnalités se distinguent : Bart De Wever et Elio Di Rupo.
De Wever a mené une véritable guerre culturelle et est devenu une figure pivot de la pensée politique flamande. Di Rupo, lui, a marqué par ses succès électoraux et sa stratégie politique.
Tous deux ont en commun d’avoir dirigé leur parti pendant près de 20 ans, façonnant leur région et le pays. Je ne dis pas que je veux rester président du MR pendant 20 ans, mais avant de prendre des décisions importantes, il est toujours intéressant d’analyser ce qui s’est passé dans leurs parcours.
21News : Entre Elio Di Rupo et Paul Magnette, vous choisissez le Montois ?
G.-L. B. : Effectivement. Paul Magnette pense qu’il a tout compris, mais en réalité, il a dirigé le PS lors d’une seule élection… et il l’a perdue. Son score en 2024 est le pire du PS depuis 50 ans. C’est un fait.
« On pourrait à l’avenir déposer des listes MR en Flandre »
21News : De Wever a capté l’électorat libéral en Flandre. Est-ce un objectif pour vous d’y développer le MR ?
G.-L. B. : Oui, et de plus en plus. Cela pourrait aller jusqu’au dépôt de listes électorales.
Le MR a un vrai succès en Flandre : nous accueillons chaque jour de nouveaux membres flamands et je suis régulièrement classé dans le top 10 des personnalités politiques les plus populaires là-bas, sans même parler néerlandais sur les plateaux TV.
Cependant, la politique flamande est instable, avec des montées et des chutes rapides. Il faut rester prudent. Nous avons des soutiens solides, notamment dans les milieux économiques et politiques, mais nous devons analyser les évolutions, notamment avec la N-VA.
Actuellement, nous partageons environ 95 % de notre programme avec la N-VA, ce qui ouvre d’autres perspectives. Mais si nous décidons d’implanter le MR en Flandre, nous avons déjà un réseau bien structuré dans chaque province pour le faire rapidement. Si on l’avait fait en juin, il n’est peut-être pas impossible que nous ayons obtenu plus de sièges que le VLD actuellement. Ça aurait pu changer aussi le format de la coalition et donc ça nous donne une place un peu incontournable.
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