Le PDG de Michelin, Florent Menegaux, ne cache pas son inquiétude face à la situation économique actuelle de la France. Dans une interview accordée à Bloomberg, il a alerté sur les effets destructeurs des taxes élevées imposées aux entreprises françaises, soulignant que la fiscalité en France est désormais la plus haute d’Europe. Selon lui, ces taxes, qu’elles soient directes ou indirectes, rendent la production en France de plus en plus difficile et menacent la compétitivité de l’industrie nationale.
« On tue économiquement son pays en imposant des taxes beaucoup plus élevées que dans d’autres pays », a déclaré Menegaux. Il avertit que les entreprises françaises ne pourront pas supporter indéfiniment cette pression fiscale, qui freine les investissements et l’embauche. Le patron du géant des pneumatiques a évoqué les conséquences d’une crise politique prolongée, qui a déjà mis à l’arrêt plusieurs initiatives d’investissement et d’emplois dans le secteur industriel.
Une industrie européenne en difficulté
Lors d’une audition devant le Sénat en janvier, Florent Menegaux a aussi dressé un tableau alarmant de la compétitivité de l’industrie européenne, notamment dans le secteur automobile. Il estime que l’industrie européenne est en déclin, en raison de la hausse des impôts et de la baisse de la demande. « Produire en Europe coûte deux fois plus cher qu’en Asie », a précisé le PDG de Michelin. Cette disparité, selon lui, n’a cessé de se creuser depuis 2019. Dans ce contexte, il appelle à une réévaluation de l’empreinte industrielle en Europe, avec l’idée de réduire les exportations, jugées non rentables face à cette concurrence asiatique.
Un appel à réviser les lois sur la concurrence en Europe
Face à cette concurrence féroce et aux difficultés économiques, Florent Menegaux appelle à une révision des lois sur la concurrence en Europe. Il plaide pour des modifications qui permettraient de faciliter les transactions transfrontalières et de renforcer les acteurs industriels européens. Cette révision pourrait offrir une bouffée d’oxygène aux entreprises du Vieux Continent, comme Michelin, en leur permettant de s’unir face à la concurrence mondiale.
Le spectre d’une guerre commerciale avec les États-Unis
Les préoccupations de Michelin ne s’arrêtent pas à l’Asie. Florent Menegaux s’inquiète également des tensions croissantes avec les États-Unis. Le 26 février, Donald Trump a menacé d’imposer des droits de douane supplémentaires sur les produits en provenance de l’Union européenne, y compris sur les voitures, avec un taux envisagé de 25 %. « Si vous commencez à mettre des droits de douane, il devient très, très délicat de comprendre quelles seront les conséquences », a souligné Menegaux.
Si cette menace se concrétise, cela pourrait entraîner une hausse des prix pour les consommateurs américains, notamment sur les pneumatiques. Michelin, comme de nombreuses autres entreprises, pourrait en effet voir ses coûts de production et de distribution augmenter, ce qui se répercuterait sur les prix finaux.
Conclusion : Une industrie européenne à la croisée des chemins
Face à des conditions économiques de plus en plus difficiles, Florent Menegaux appelle à un changement de cap pour l’industrie européenne, afin de lui permettre de survivre dans un environnement mondialisé. Entre la fiscalité élevée, la concurrence asiatique et les tensions commerciales avec les États-Unis, l’avenir de l’industrie française et européenne semble plus incertain que jamais.
La Rédaction
(Photo : Vernier/JBV News/ABACAPRESS.COM)