Les deux chefs d’État se sont rencontrés ce vendredi devant la presse. Le président ukrainien a été invité à quitter les lieux alors que la réunion aurait dû se poursuivre dans le Bureau ovale. La conférence de presse a été annulée.
Dans un échange aux allures de pugilat qui a vu le président ukrainien mis sous pression comme jamais depuis le début de la guerre entre la Russie et l’Ukraine, les présidents Zelensky et Trump ont échangé devant les médias américains durant une dizaine de minutes ce vendredi début d’après-midi (fuseau horaire de Washington). M. Zelensky se déplaçait sur place dans le but de signer un accord pour mettre fin à la guerre. Cet accord impliquait notamment un accès américain aux terres rares ukrainiennes, dans le but de récupérer une partie ou l’intégralité des 350 milliards de dollars que le président américain affirme que les Etats-Unis ont investi dans le conflit depuis son commencement – montant contredit par la plupart des grands médias qui parlent d’une somme plutôt comprise entre 145 et 160 milliards de dollars.
L’échange entre les deux hommes, eux-mêmes flanqués de leur équipe diplomatique respectives et du vice-président JD Vance, a tourné au vinaigre assez rapidement, le président américain accusant son homologue ukrainien de « jouer avec la troisième guerre mondiale », tout en « ne disposant pas des cartes (nécessaires) ». M. Trump a estimé en substance que l’Ukraine était dans une position précaire, et qu’elle devait se montrer « plus reconnaissante » de l’aide américaine. « Vous n’avez pas les cartes en main, et avec nous vous les avez », a avancé le président américain, rendant M. Zelensky visiblement embarrassé. Le vice-président Vance, peu inspiré, a également émis de son côté l’avis que M. Zelensky se montrait « ingrat », forçant ce dernier, confus, à chercher ses mots.
Trump botte en touche
Vlodymyr Zelensky a été à la fin de cette réunion invité à quitter la Maison Blanche, alors qu’il était en principe prévu que les négociations se poursuivent dans le Bureau ovale et qu’une conférence de presse ait lieu. A la question posée par un journaliste de savoir comment se positionner si la Russie ne respectait pas d’éventuels accords à venir, le président Trump a préféré botter en touche.
L’échange, retransmis en direct sur les télévisions américaines, a suscité l’indignation des médias traditionnels comme MSNBC, les experts de la chaîne d’information estimant dans un élan commun que le « véritable vainqueur de cette rencontre était Vladimir Poutine ». Certains ont même estimé que « M. Trump voulait laisser la Russie envahir l’Europe ».
Par la suite, les leaders respectifs ont exprimé, sur les réseaux sociaux, leurs positions respectives. Le président ukrainien, sur « X » a remercié les États-Unis « et (M. Trump) pour leur support et pour cette visite. Il a par ailleurs estimé que « l’Ukraine (avait) besoin d’une paix durable, et qu’(elle) travaille exactement pour cela ». Donald Trump, de son côté, a partagé ses sentiments sur son réseau Truth social, se félicitant d’un entretien « très important » : « je suis parvenu à la conclusion que le président ukrainien n’est pas prêt pour la paix si les Etats-Unis y sont impliqués », a-t-il fait savoir. Ceci parce que « (Zelensky) sent que notre implication lui donne un gros avantage dans les négociations. Je ne veux pas d’un avantage, je veux la PAIX », a-t-il conclu.
Maxence Dozin
(Photo Belgaimage)
