Le taux d’intérêt de l’emprunt d’État à dix ans en Allemagne a bondi à 2,79 % mercredi, enregistrant sa plus forte hausse quotidienne depuis la réunification (+0,29 point). En cause : les annonces du futur chancelier Friedrich Merz sur un plan d’investissement de 500 milliards d’euros, destiné à relancer l’économie et renforcer la défense. Cette nouvelle orientation budgétaire, qui remet en question la rigueur financière imposée par le « frein à l’endettement », a secoué les marchés obligataires européens, provoquant une hausse des rendements en France, au Royaume-Uni et en Italie.
D’un point de vue économique, cette envolée des taux s’explique par l’anticipation d’une croissance et d’une inflation plus élevées. Un afflux massif de dépenses publiques augmente la demande globale, ce qui pousse les investisseurs à exiger des rendements plus élevés pour compenser une possible hausse des prix et le risque d’un endettement accru.
Cette politique expansionniste est rendue possible par l’évolution des règles budgétaires européennes. L’Union européenne ne prend plus en compte les dépenses militaires dans le calcul des déficits publics soumis aux critères de Maastricht. L’Allemagne peut ainsi accroître ses investissements en défense sans que cela ne compromette officiellement ses engagements en matière de discipline budgétaire. Si les marchés obligataires réagissent négativement, les marchés actions, eux, ont salué cette inflexion : la Bourse de Francfort a bondi de 3,37 %, portée par l’espoir d’une relance durable en Allemagne et dans la zone euro. Un changement de cap qui pourrait marquer la fin de l’orthodoxie budgétaire allemande, dans un contexte géopolitique incertain.
A.G.
(Photo : Belgaimage)