Ce que toute la guilde des journalistes flamands espérait depuis des mois s’est finalement produit. L’ancienne députée Valérie Van Peel a annoncé dimanche qu’elle serait candidate à la succession de Bart De Wever à la présidence de la N-VA. L’accueil parmi les membres du parti a été poli, mais pourrait être qualifié de tiède.
L’ancienne députée Valérie Van Peel est la première à se porter candidate à la présidence de la N-VA, dans une lettre qu’elle a partagée sur « X ». Elle a immédiatement reçu le soutien de plusieurs membres du parti. Le plus notable était celui émanant d’Axel Ronse, le chef du groupe parlementaire de la N-VA. Ce dernier en particulier avait été pressenti par certains médias comme un candidat possible avec Valérie Van Peel. « Retour en force ! Allez, allez Valérie. Tout le soutien », a déclaré Ronse.
La ministre flamande Zuhal Demir a posté une photo d’elles deux avec un message ambigu qui ne faisait pas explicitement référence à la candidature. La ministre fédérale de l’Asile et de la Migration, Anneleen Van Bossuyt, a fait de même. Elle a posté « Bonne chance » avec une photo des deux femmes. Le message semble être qu’en tant que femmes, elles se soutiennent mutuellement sans soutenir explicitement la candidature en tant que telle à ce stade.
La lettre de Mme Van Peel commence par une citation de John Lennon suivie d’une allusion aux fameuses citations latines de Bart De Wever. Une introduction qui se voulait comique mais relativement peu réussie. Dans le deuxième paragraphe, Van Peel écrit qu’elle souhaite œuvrer à la création d’un parti populaire à large assise. Elle y explique sa déception et son départ de la politique en 2022. En réalité, ce départ n’est intervenu qu’à la fin de son mandat en juin 2024, après des mois de silence radio, un travail parlementaire quasi inexistant et des refus d’accorder à la presse des interviews sur sa décision. L’ancienne députée a consciencieusement voté à la Chambre basse, mais n’a pas fait grand-chose d’autre, à l’exception des dossiers relatifs à l’amiante ou aux abus dans l’Église sur lequels elles s’est montrée active. L’explication se trouvait dans la lettre : la « motivation » avait disparu et qu’elle n’avait plus envie de jouer à des « jeux politiques ». Elle a enfin fait savoir qu’elle était fière des accords de coalition au niveau flamand et ainsi qu’au fédéral.
Un message neutre
Le Premier ministre flamand, Matthias Diependaele, n’a pas répondu en partageant son annonce, mais a publié un message neutre avec une capture d’écran d’un article de presse flamand sur la candidature. « Je suis ravi qu’une personnalité politique telle que Valérie Van Peel souhaite revenir en politique et s’engager à diriger notre parti. Bien entendu, je ne veux pas anticiper le processus décisionnel lui-même, qui est défini dans nos statuts : ce sont nos membres qui choisiront le successeur de Bart De Wever. » En bref : de la sympathie, mais ce sont les membres qui décident.
Le timing de la candidature semble étrange. Il est en effet frappant que Van Peel ait choisi un dimanche soir, créneau peu propice aux actualités pour dévoiler une telle lettre. Normalement, de telles candidatures sont soigneusement orchestrées. Avec une interview exclusive obligatoire avec des médias amis au début du week-end. Par exemple, dans une émission de radio sur VRT ou dans un grand journal flamand. De cette façon, le buzz médiatique peut être entièrement centré sur la personne en question pendant tout le week-end.
Les membres du parti n’ont pas vraiment exprimé leur soutien en ligne, mais ils ont adressé des compliments et des messages de « bonne chance » sans signification particulière. Une source inattendue a toutefois réagi avec enthousiasme, à savoir l’ancien coprésident du parti Groen, Jeremie Vaneeckhout.
Quelques voix se montraient cependant critiques : « Désolé Valérie, ce n’est pas contre toi, mais en tant que fidèle membre de la N-VA, je n’attends pas une N-VA encore plus à gauche », relaye un partisan. « Je voterai pour quelqu’un qui défend les entrepreneurs, une économie en croissance, des impôts plus bas, moins de règles et un système de sécurité sociale plus efficace. »
Sander Loones, mal récompensé
La question est de savoir si d’autres candidats attendaient le geste de Valérie Van Peel pour jauger les réactions et agir en conséquence. Après tout, le silence est remarquable autour de Sander Loones, par exemple. Après un excellent rôle dans l’opposition à la Chambre basse sous le gouvernement De Croo, Loones a été mis sur la touche. Il a forcé la démission de membres du gouvernement, dominé les débats budgétaires et imposé le respect tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du parti. Malheureusement, en raison du système de listes de partis, Loones a dû repasser par la case parlement flamand. De candidat ministériel avant les élections, il est devenu un parlementaire flamand anonyme après les élections. Il n’a pas été récompensé de quelque manière que ce soit pour son travail de député pendant la Vivaldi. De nombreux membres de la N-VA ont remarqué cette « injustice ». Depuis début février, plusieurs personnes ont appelé à ce qu’il devienne président sur les réseaux sociaux et, semble-t-il, également en coulisses.
Lode Goukens
(Photo Belgaimage)