« Les populistes revisitent au présent un passé fantasmé » (Clément Tonon)

Face aux défis du réchauffement climatique et de la ré-industrialisation, Clément Tonon (pilote de la campagne présidentielle d’Édouard Philippe pour 2027) plaide pour une approche pragmatique, où écologie et compétitivité économique se renforcent mutuellement. Il propose la création d’un Ministère de l’Économie et du Climat, une politique industrielle ambitieuse et un libéralisme écologique adapté aux réalités du marché mondial. Il revient aussi sur la montée du populisme et la perte de vision stratégique dans nos démocraties, appelant à un retour à une gouvernance plus stable et prospective. (Deuxième partie)

21News : Comment concilier écologie et réindustrialisation ? Responsable d’environ 1% des émissions carbone, la France a-t-elle voix au chapitre dans la lutte contre le réchauffement ?

Clément Tonon : L’Europe doit comprendre que nous sommes entrés dans une ère de compétition économique et géopolitique pour la suprématie dans le monde post-fossile. Joe Biden l’avait compris avec l’IRA (Inflation Reduction Act) avant que Donald Trump ne fasse machine arrière, la Chine l’a compris en prenant le leadership sur les technologies d’électrification et de décarbonation.

Nous n’avons pas d’autre choix que d’associer notre relèvement industriel et notre ambition écologique, ils sont intimement liés. Et ce n’est pas qu’une question d’émissions de gaz à effet de serre : c’est la condition de notre prospérité future. Pour assumer cette dimension industrielle et géopolitique de l’écologie, je propose que la France se dote d’un Ministère de l’Économie et du Climat, qui aurait à la fois la charge d’intégrer le climat dans la stratégie industrielle de la France, notamment avec l’économie circulaire, et de « verdir » le budget national.

21News : Vous défendez un « libéralisme écologique » conciliant marché et régulation publique. Mais dans une économie mondialisée où la compétition est féroce, la France peut-elle réellement imposer ce modèle sans risquer de pénaliser ses entreprises face aux grandes puissances qui privilégient la croissance à tout prix ?