Un vent de réalisme souffle sur l’Allemagne. Un an après la fermeture de sa dernière centrale nucléaire, une majorité de la population se dit désormais favorable à un retour de l’atome dans le mix énergétique du pays, selon un sondage Innofact.
D’après cette enquête menée auprès d’un millier d’Allemands, 55 % des personnes interrogées soutiennent l’idée d’un retour au nucléaire civil. Seuls 36 % y restent farouchement opposés, tandis que 9 % n’ont pas d’avis tranché. Le clivage est net, mais le signal est fort : malgré des années de discours anti-nucléaires, une majorité silencieuse semble désormais prête à reconsidérer cette énergie décarbonée.
Sans surprise, les hommes se montrent nettement plus favorables au nucléaire que les femmes. Mais au-delà de ce découpage sociologique, c’est une évolution culturelle qui s’amorce. Les partisans de l’atome ne se contentent pas de vouloir rouvrir les centrales récemment arrêtées : ils réclament aussi la construction de nouvelles infrastructures, tournées vers les technologies de quatrième génération.
Un basculement face à l’échec de l’Energiewende
Ce basculement d’opinion intervient alors que l’Allemagne doit faire face aux limites d’un approvisionnement 100 % renouvelable, dans un contexte géopolitique incertain et de crise énergétique durable. Si 57 % des sondés restent attachés au développement des énergies vertes, ils ne ferment plus la porte à une solution hybride, alliant renouvelables et nucléaire, pour garantir la stabilité du réseau.
Ce regain d’intérêt pour l’énergie nucléaire alimente aussi les débats politiques, alors que plusieurs pays européens — dont la France, la Suède et la Belgique — réinvestissent dans le nucléaire ou revoient leurs calendriers de sortie.
La fermeture en avril 2023 de la dernière centrale allemande pourrait bien ne pas marquer la fin d’une époque, mais seulement une pause. Une pause que la pression populaire pourrait bientôt écourter.
La Rédaction
(Photo Damien Meyer / AFP)
