Alors que le gouvernement fédéral dirigé par Bart De Wever (N-VA) a décidé de limiter les allocations de chômage à deux ans, la FGTB monte au créneau. Mais en tant qu’organisme rémunéré pour verser ces allocations, le syndicat socialiste n’est-il pas à la fois juge et partie ?
Le gouvernement Arizona a annoncé des réformes socio-économiques majeures, notamment la limitation de la durée des allocations de chômage à deux ans.
La FGTB, syndicat socialiste, s’oppose fermement à cette mesure, arguant qu’elle pénaliserait les demandeurs d’emploi. Cependant, en Belgique, les syndicats jouent un rôle unique : ils sont agréés pour verser les allocations de chômage à leurs membres et sont rémunérés par l’État pour cette tâche administrative (« modèle de Gand »). Ainsi, plus il y a de chômeurs affiliés, plus les syndicats reçoivent des millions d’euros pour la gestion de ces dossiers.
Ces syndicats qui vivent du chômage
C’est bien simple : lorsque le chômage diminue, les syndicats doivent… licencier. Le versement des allocations de chômage par les syndicats n’est d’ailleurs pas étranger au très haut taux de syndicalisation en Belgique…
Cette situation soulève la question d’un possible conflit d’intérêts. En défendant le maintien des allocations sans limitation dans le temps, la FGTB agit-elle uniquement dans l’intérêt des travailleurs, ou également dans le sien ? Certains observateurs suggèrent que cette dualité pourrait affaiblir la légitimité de ses actions, notamment lorsqu’elle engage des recours contre des réformes gouvernementales.
Le débat sur le rôle des syndicats dans la gestion des allocations de chômage n’est pas nouveau, mais il est ravivé par les réformes actuelles. Une réflexion sur la séparation des fonctions de défense des travailleurs et de gestion administrative des allocations pourrait être envisagée. Pour éviter toute ambiguïté, on pourrait confier intégralement le versement des allocations à la CAPAC (Caisse auxiliaire de paiement des allocations de chômage). L’économiste Rudy Aernoudt, fraîchement nommé dir-cab du président du MR avait proposé il y a un certain nombre d’années que… la banque du chômeur lui verse ses allocations.
Syndiqués au travail, syndicats en péril
Mais dans ce cas, ce serait une perte sèche pour les syndicats. Pour 100.000 chômeurs en moins, on parle de 70 millions d’euros. Les syndicats soulignent généralement « qu’ils n’ont pas besoin de cet argent » et que les actifs cotisent plus que les chômeurs donc qu’ils ont intérêt à un taux d’emploi supérieur. Pourquoi alors conserver le privilège du paiement du chômage si cela ne rapporte pas tant qu’on le dit? Parce que cela oblige presque les chômeurs à se syndiquer (y compris les jeunes pour recevoir leur allocation d’insertion) car les syndicats sont efficaces en la matière. Par contre, si ces chômeurs émargent du CPAS, peut-être qu’ils ne penseront plus à se syndiquer?
Enfin, rappelons que les trois principaux syndicats, en tant que partenaires sociaux, siègent au conseil d’administration de la CAPAC qui est, en théorie, leur concurrent.
Surréalisme belge ?
Nicolas de Pape
(Photo Belgaimage)