Le pape François, apparu hier au balcon de la basilique Saint-Pierre dans un état de santé extrêmement précaire, est décédé ce matin, peu après 7 heures-et-demi. Le pontife argentin était sorti de l’hôpital le 23 mars après avoir été hospitalisé pendant plus d’un mois pour une pneumonie bilatérale, sa quatrième et plus longue hospitalisation depuis le début du pontificat en 2013.
Lors du dimanche de Pâques, hier, le visage fermé, visiblement très éprouvé, il avait été contraint de déléguer la lecture de son texte à un collaborateur, ne pouvant prononcer que quelques mots, la voix essoufflée. Le pape affichait une santé déclinante à de nombreux égards, mais avait tenu à maintenir un rythme effréné, en dépit des avertissements de ses médecins.
Premier pape sud-américain de l’histoire, Jorge Mario Bergoglio était aussi le premier pape jésuite. Durant les douze années de son pontificat, l’Argentin s’est en priorité intéressé aux pauvres et aux réfugiés. La question des violences sexuelles au sein de l’Eglise n’avait pas son plus été éludée. Une visite en Belgique, en septembre 2024, s’était inscrite dans ce contexte.
Son voyage en Belgique avait d’ailleurs été l’un de ses derniers déplacements à l’étranger. Son passage dans le royaume avait soulevé un certain engouement populaire, avec plus de 35.000 personnes réunies au stade Roi Baudouin pour une messe. Le pape François y avait notamment qualifié la loi autorisant l’avortement sous certaines conditions de « loi meurtrière » ou encore des médecins pratiquant l’avortement de « tueurs à gage ». Lors de son passage en Belgique, le pape François avait d’ailleurs salué « le courage du roi Baudouin » qui avait refusé de signer la loi sur l’avortement. Il avait dans la foulée annoncé qu’il allait initier le « procès de béatification » du roi à son retour au Vatican, procédure initiée en décembre dernier. Son passage en Belgique avait également été marqué par un discours franc sur les violences sexuelles commises au sein de l’Église. Il avait notamment demandé « à (quiconque) de ne pas couvrir les abus et de condamner les agresseurs pour pouvoir ‘guérir de cette maladie que sont les ‘abus’ ». Le jésuite argentin avait aussi souligné que c’était « à l’intérieur même de l’Église » que rôdait ce crime ».
Une vie tournée vers les pauvres
Né à Buenos Aires, en Argentine, le 17 décembre 1936, Jorge Mario Bergoglio a, tout au long de son pontificat, mais aussi au fil de sa vie religieuse, accordé une grande attention aux pauvres et aux plus vulnérables. Il a, en outre, laissé entendre qu’il ne s’écarterait pas, en tant que pape, de la vie austère et humble qu’il menait déjà à Buenos Aires. Immédiatement après son élection, il est apparu au balcon simplement vêtu de blanc, contrastant avec ses prédécesseurs. Par son mode de vie sobre, il a également séduit les non-croyants. François voyait son rôle, et celui de l’Église, comme un missionnaire parmi les gens: une Église humble qui promeut la foi. Même en tant que simple prêtre, il se rendait régulièrement dans les bidonvilles de Buenos Aires. Il s’est prononcé en faveur de la justice sociale, contre le capitalisme débridé et a plaidé à plusieurs reprises en faveur de la lutte contre le changement climatique.
Fils d’émigrants piémontais, il avait étudié la théologie après avoir étudié la chimie . Ordonné prêtre en 1969, Jorge Mario Bergoglio avait été nommé provincial des jésuites d’Argentine, quatre ans plus tard, à l’âge de 36 ans, pour plus tard, en 2001, être nommé cardinal. Sa popularité est alors croissante en Argentine, alors qu’il se montre toujours plus investi auprès des plus pauvres.
Jorge Mario Bergoglio est élu comme 266e pape, au soir du 13 mars 2013, après deux jours de conclave dans la foulée de la démission surprise de Benoit XVI. Il ne s’était que peu écarté de la stricte morale sexuelle imposée par le Vatican, même si, d’après son passé à Buenos Aires, il a été plus attentif à la conscience sociale dans ce débat que ses prédécesseurs. Sous le pontificat de François, par exemple, le Vatican s’est montré plus attentif aux « minorités sexuelles », sans pour autant autoriser le mariage homosexuel. Fin 2023, le Vatican a autorisé les prêtres à bénir les relations LGBT, bien qu’une telle bénédiction ne soit pas équivalente au sacrement du mariage.
Un conclave dans un délai de deux semaines
Une constitution prévoit des obsèques pendant neuf jours et un délai de 15 à 20 jours pour organiser le conclave, lors duquel les cardinaux électeurs, dont près de 80% choisis par François lui-même, auront la lourde tâche d’élire son successeur. Entre-temps, c’est le cardinal camerlingue, l’Irlandais Kevin Farrell, qui assurera l’intérim.
François avait révélé fin 2023 qu’il souhaitait être inhumé dans la basilique Sainte-Marie Majeure, dans le centre de Rome, plutôt que dans la crypte de la basilique Saint-Pierre, une première depuis plus de trois siècles.
Maxence Dozin, avec Belga
(Photo Belgaimage)