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À Bruxelles, la réalité est parfois plus forte que la meilleure des fictions (Chronique)

par Contribution Externe

Les communes bruxelloises se singularisent par la saleté et l’insécurité qui y règnent. De nouveaux témoignages comme celui, édifiant, du réalisateur Bert Hamelinck, le confirment de semaine en semaine. Une chronique de Luckas Vander Taelen.

Combien de temps encore allons-nous devoir faire preuve de patience et de compréhension face à la façon dont nos administrateurs politiques laissent notre chère capitale continuer à déraper ?

Hier matin, ma rue à Forest était jonchée de dizaines de bouteilles vides de protoxyde d’azote. J’ai dû expliquer à mon petit-fils étonné qu’il s’agissait d’une substance intoxicante bon marché et dangereuse. Sur Facebook, un habitant de Molenbeek se demande pourquoi sa municipalité ne fait rien contre les déchets qui transforment sa rue en dépotoir. Il se plaint que de nombreux citoyens semblent penser qu’il est normal de jeter leurs déchets dans les espaces publics, en supposant qu’il y aura un moment où ils seront de toute façon nettoyés. Le citoyen était furax, parce qu’il avait reçu une amende, lui,  pour avoir sorti ses sacs poubelles réglementaires une heure trop tôt, au milieu de cette saleté. À une sortie du Ring de Bruxelles, une énorme décharge n’a pas été nettoyée parce que les services communaux et régionaux se disputaient pour savoir qui était responsable. À Bruxelles, c’est Kafka qui règne !

La saleté est apparemment un problème insoluble à Bruxelles. Et puis il y a la sécurité…

Vendredi dernier, vers 22h30, après une soirée cinéma à la Porte de Namur à Bruxelles, quiconque passait devant le quartier Matonge pouvait s’imaginer être encore au cinéma en train d’assister à une scène de film d’action : une quarantaine d’hommes encerclaient une patrouille de police. Après un contrôle contre des trafiquants de drogue, ils sont sortis du centre commercial en un rien de temps et ont menacé les policiers. Ces derniers ont dû faire usage de gaz lacrymogène pour leur sécurité et ont finalement réussi à arrêter trois hommes, dont un qui leur avait lancé des projectiles.

Le visiteur occasionnel qui assiste à un tel incident optera probablement pour un autre quartier d’une autre ville lors de sa prochaine sortie.

L’anarchie progresse à vue d’œil dans notre capitale. Tout cela est lié à l’épidémie de drogue qui se propage comme un cancer. On dirait que les politiciens locaux, qui prétendent déborder d’amour pour leur commune, ne veulent pas regarder en face ce qui va mal tous les jours. Ignorent-ils donc à quel point ce déclin est désastreux pour l’image de la ville qui se veut capitale de l’Europe ?

Nos chers administrateurs auraient-ils entendu le producteur Bert Hamelinck raconter son expérience à Molenbeek dans « De Afspraak » à la VRT ? Cela devrait être plus qu’un signal d’alarme très fort pour tous ceux qui se préoccupent de Bruxelles.

Le patron de la maison de production Caviar a tourné le film « Rebel » autour du canal en 2022 avec le célèbre duo de réalisateurs Adil El Arbi et Bilall Fallah. Pendant le tournage, qui a duré trois semaines, il a été accosté à côté des camions transportant le matériel du film par des jeunes avec des cocktails Molotov à la main. Il a reçu une demande claire de payer pour la sécurité de l’équipe.

Hamelinck a mis la police au courant, mais à sa grande surprise, celle-ci lui a répondu qu’elle ne pouvait rien faire. Ils semblaient lui dire qu’il s’agissait d’une « offre qu’il ne pouvait pas refuser », comme le disait Marlon Brando dans Le Parrain. Une offre « amicale » qu’il vaut mieux accepter pour éviter les ennuis. La réalité de Molenbeek est déjà aussi forte que la fiction d’Adil et de Bilall….

C’est à ce niveau que Bruxelles s’enfonce progressivement.

L’histoire de Hamelinck ne peut être remise en question. C’est un producteur prospère et respecté qui a vécu à Los Angeles pendant des années. Mais il a fait part de ses expériences douloureuses dans une émission de la VRT et il y a donc très peu de chances que les médias francophones s’en emparent.

Ne comptez pas non plus sur la réaction des politiques. La bourgmestre Catherine Moureaux (PS) a déjà du mal à maintenir sa coalition « progressiste » avec le PVDA et Ecolo-Groen. Elle a déjà dû remplacer le futur échevin Yassine Akki (PS) un jour avant sa prestation de serment parce qu’il semblait avoir un casier judiciaire grave. Aujourd’hui, on apprend que son remplaçant, Mohammed Kalandar (PS), a prêté allégeance à une douteuse milice irakienne.

Il y a donc peu de chances que Mme Moureaux ait le temps de se préoccuper de ce qu’un Flamand raconte sur sa commune sur une chaîne flamande. Les critiques néerlandophones sur les abus sont généralement rejetées comme du « Brussels bashing » biaisé avec des intentions partisanes. Soyez assurés qu’il en sera de même pour cette chronique.…

Cependant, l’indignation face à ces faits devrait être énorme. Ne pas réagir à des situations où la loi de la jungle prévaut et où la puissance publique est absente mène au pourrissement. Philippe Moureaux, père de Catherine et bourgmestre de Molenbeek pendant de nombreuses années, a dit ouvertement à la fin de sa vie qu’il avait trop laissé faire et n’avait pas réalisé à temps à quel point la radicalisation islamique avait pénétré dans sa commune. Les terribles conséquences de ce laxisme ont valu à Molenbeek l’épithète peu enviable de « trou d’enfer ».

Sa fille Catherine ne s’est malheureusement pas souvenue de la perspicacité tardive de son père. Elle n’a pas non plus écouté les témoignages sur l’homophobie agressive à Molenbeek. Il y a trois ans, lorsque des jeunes ont mis le feu à des poubelles lors du réveillon du Nouvel An, Moureaux a invraisemblablement considéré qu’il s’agissait d’une façon de fêter l’événement. Les attaques contre les services d’urgence et les bus font également partie de la normalité, tout comme les fusillades qui se sont diversifiées et dont les médias ne parlent toujours pas. Dans les stations de métro, les dealers peuvent vendre leur drogue en toute impunité. Le parc de la Porte de Halle est devenu le paradis des rats.

Les partis politiques soulignent toujours la proximité avec les citoyens dans leur défense de l’autonomie communale. Mais ils restent muets sur l’insécurité croissante et la place que les gangs de la drogue occupent sans être inquiétés.

Ce que cette impuissance entraîne, le réalisateur Haemelinck a pu le vivre et le Bruxellois moyen le ressent malheureusement de plus en plus chaque jour.

Luckas Vander Taelen, chroniqueur 21News

(Photo Belgaimage : descente vers le métro Porte de Hal / PAUL-HENRI VERLOOY)

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