Selon J.D. Vance, le plus grand danger qui guette les démocraties européennes ne vient pas de la Chine ou de la Russie, mais « de l’intérieur ».
L’arrivée de Donald Trump – « le nouveau shérif dans la place », comme s’est plu à le rappeler le Vice-Président américain J.D. Vance –, rebat définitivement les cartes en matière diplomatique entre les États-Unis et le vieux continent. En témoigne la Conférence sur la sécurité de Munich, grande messe annuelle réunissant le gratin diplomatique, de la défense et du leadership politique mondial. La question ukrainienne, qui devait être au cœur des débats, a été relativement éclipsée par deux thèmes passablement inattendus et liés : la liberté d’expression et les questions migratoires.
Alors que les contacts téléphoniques accélérés entre Washington et Moscou témoignent d’une volonté évidente d’un règlement du conflit sans intervention européenne critique, et qu’une réunion bipartite entre les décideurs américains et ukrainiens a eu lieu en marge de la conférence, M. Vance s’est permis, lors d’un discours pour dire le moins fraîchement reçu, de placer l’Europe face à ses responsabilités.
Rappelant que l’administration Trump, « si elle se sent très concernée par la sécurité en Europe et que (si) elle croit que nous pouvons arriver à un règlement raisonnable du conflit entre la Russie et l’Ukraine », la nouvelle équipe en place à Washington « pense aussi que l’Europe doit accélérer les choses d’une manière significative en matière de défense ».
« Davantage une menace intérieure »
Mais ce n’est pas là le seul souci du vice-président américain. « Je pense », estimait hier M. Vance, « que la plus grande menace qui guette l’Europe n’est pas celle personnifiée par un acteur externe, que ce soit la Chine ou la Russie, mais la menace intérieure », rajoutant que « bouter en dehors du processus politique des gens à cause de leurs opinions ne mènera à rien », référence claire aux partis jugés extrémistes, populistes ou anti-démocratiques en Europe.
Alors que l’immigration illégale constituait le sujet de préoccupation numéro un des électeurs américains aux dernières présidentielles – et que l’équipe Trump se veut assez volontariste sur la question –, le vice-président Vance a ainsi rappelé que « croire en la démocratie implique de croire que chaque citoyen dispose d’une vision qui mérite d’être respectée ». Et, allant plus loin : « il n’y a pas de sécurité si vous avez peur des voix, de la conscience et des opinions qui guident vos populations respectives. »
Le message est on ne peut plus clair. Il appartient maintenant aux dirigeants européens, visés par l’administration américaine pour ostraciser une partie du spectre politique, de voir dans quelle mesure les thèmes liés à l’immigration (et à la criminalité qui en résulte statistiquement), bâillonnés sur l’autel du politiquement correct en France, en Allemagne, en Suède, en Grande-Bretagne ou en Belgique, pourront dans les années qui viennent être réappropriés par les partis « classiques » sans être taxés de « racisme » ou d’intolérance. Autant d’omertas insupportables qui parasitent depuis trop longtemps tout débat serein à ce sujet.
Maxence Dozin
(Photo : Andreas Stroh/ZUMA Press Wire)