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Antisémitisme sur les campus américains : un rapport accablant du Congrès

par Nicolas de Pape
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Le 7 octobre 2023, le Hamas orchestre une attaque terroriste en Israël, tuant près de 1 200 personnes, dont plus de 40 Américains. Cet événement déclenche une vague de haine et de harcèlement antisémite sur les campus universitaires américains, rendant le climat intenable pour les étudiants juifs. En réponse, la Commission de l’éducation et de la main-d’œuvre du Congrès, dirigée par Virginia Foxx, initie une enquête massive sur le sujet publiée ce 31 octobre et forte de 150 pages. Au terme d’un an d’auditions et d’une collecte de plus de 400 000 pages de documents, cette enquête révèle une situation très problématique.

Le rapport ne peut que constater un leadership universitaire défaillant, incapable d’appliquer la loi et ses propres règles, de Harvard à Columbia, en passant par la Penn, où les administrations peinent à se positionner face à des appels ouverts à la violence. Question de Virginia Foxx : « Pourquoi tant d’universités ont-elles échoué à défendre leurs étudiants juifs, bafouant le Titre VI de la loi sur les droits civils de 1964, qui impose une protection contre la discrimination ? »

Ce rapport intervient après que de nombreuses université aient été le cadre d’actes antisémites : à l’entrée de l’UCLA, l’étoile de David est associée à la croix gammée, des étudiants juifs se voient barrer l’accès de nombreux campus américains, de jeunes enfants reprennent en chœur le slogan de la Solution finale 2.0 “From the river to the sea, Palestine will be free!” à Stanford, un étudiant pro-palestinien prône le recours à la violence à CUNY, d’autres agitent le drapeau du groupe terroriste FPLP à Rutgers, une étudiante juive est agressée physiquement par un étudiant pro-palestinien à Yale, une autre étudiante juive est tabassée par des étudiants pro-palestiniens à UCLA, des hordes d’étudiants appellent à l’intifada sur le campus de Penn. Enfin, la plupart de ces manifestants ne sont pas des étudiants, comme on l’a mentionné, mais des agitateurs professionnels.

Les découvertes du rapport sont accablantes : à travers le pays, les campus ferment les yeux, n’appliquent que de faibles sanctions, et dans certains cas, les professeurs protègent activement les responsables d’agressions antisémites. Une complicité passive se dessine dans la gestion des incidents. Des établissements comme Harvard ou Columbia vont même jusqu’à permettre aux fauteurs de trouble de réitérer sans aucune crainte de répercussion. L’enquête met ainsi en lumière la complicité des administrations dans l’émergence de « camps antisémites », et un refus systématique de reconnaître la gravité des incidents. Résultat : un climat d’impunité qui encourage les plus radicaux et renforce l’insécurité des communautés juives universitaires.

Principales constatations du rapport

1/ Des campements antisémites et des concessions inouïes

En 2024, de nombreux campus universitaires sont pris d’assaut par des campements antisémites, dirigés par des étudiants alliés à des organisations anti-israéliennes. Columbia et Northwestern sont les symboles de cette vague de manifestations, et l’enquête révèle l’étendue de la tolérance des autorités universitaires : des concessions inimaginables sont accordées aux fauteurs de trouble, allant parfois jusqu’à ignorer les règles de l’institution.

  • Columbia University : Plutôt que de désamorcer les tensions, Columbia offre aux manifestants des concessions majeures. La promesse d’examiner les investissements de l’université, jugés “complices de violations du droit international”, est évoquée. En parallèle, la direction envisage des bourses dédiées aux étudiants palestiniens et un fonds spécial pour Gaza. Plus alarmant encore, l’université est prête à établir des collaborations avec une université palestinienne connue pour ses liens avec le Hamas (l’Université Al-Quds connue pour avoir accueilli des rassemblements affiliés au Hamas). Ces actions traduisent un manque de fermeté déconcertant, et un consentement implicite aux exigences des radicaux.
  • Northwestern University : À Northwestern, le président Schill désigne des professeurs anti-Israël pour négocier avec les manifestants. En guise de compromis, le boycott des produits israéliens, dont la marque Sabra, devient une option. Il va jusqu’à envisager l’embauche d’un rabbin anti-sioniste, une mesure niée en bloc par Schill lors de son audition devant le Congrès. Ce paradoxe montre les incohérences de la gestion administrative face aux pressions extrémistes.

2/ Un soutien inexistant pour les communautés juives

Face aux événements, les dirigeants des universités préfèrent le silence à une condamnation explicite des actes antisémites, par crainte de s’attirer les foudres des étudiants et enseignants militants. Ce positionnement flou crée un environnement où les actes haineux peuvent se dérouler sans grande opposition, affaiblissant le sentiment de sécurité des étudiants juifs.

  • Harvard University : En octobre 2023, dans une déclaration publique après les attaques du Hamas, les dirigeants de Harvard évitent toute condamnation explicite des violences, malgré les appels à agir. En interne, la présidente Claudine Gay (dont on apprendra plus tard qu’elle a commis le délit de plagiat, erreur rédhibitoire pour une présidente d’université) choisit de ne pas désigner le slogan « libérez la Palestine de la rivière à la mer » comme antisémite, de peur d’ouvrir une boîte de Pandore disciplinaire. Cette décision expose le double discours de l’institution, où le calcul politique prévaut sur la sécurité des étudiants juifs.
  • University of Pennsylvania : À Penn, des rumeurs mensongères contre des étudiants juifs circulent sans opposition de l’administration, qui punit au contraire ces mêmes étudiants, exacerbant la peur et l’hostilité envers eux. Ce cas illustre le manque de soutien et l’iniquité dans la gestion disciplinaire de l’université.

3/ Absence de sanctions significatives

Le rapport révèle un laxisme préoccupant dans l’application des règles disciplinaires face aux comportements antisémites. Dans plusieurs cas, des membres du corps professoral interviennent pour minimiser ou bloquer les mesures disciplinaires, créant une permissivité dangereuse.

  • Columbia University : À Columbia, le Conseil académique freine toute tentative de sanction contre les étudiants ayant pris part à des occupations illégales de bâtiments. Ces actions perturbent gravement la vie du campus et mettent en danger la communauté juive, mais les sanctions restent absentes ou insuffisantes.
  • Harvard University : À Harvard, des professeurs interviennent directement pour réduire les actions disciplinaires à l’égard d’étudiants antisémites. Claudine Gay, présidente de Harvard, admet une application « inégale » des règles, ce qui met en lumière un traitement préférentiel et politisé des cas d’antisémitisme.

3/ Hostilité envers l’emploi des protections légales existantes

Les dirigeants universitaires voient d’un mauvais œil les enquêtes menées par le Congrès américain, et cherchent à se distancer des critiques plutôt qu’à résoudre les problèmes. Considérant l’antisémitisme comme une simple question de communication, ils échappent à leurs responsabilités de manière alarmante.

  • Harvard et Columbia : Ces institutions démontrent une forte résistance face au contrôle du Congrès. Claudine Gay à Harvard exprime publiquement son mépris pour les tentatives d’audits législatifs, tandis que les responsables de Columbia manquent de respect envers la mission de transparence exigée. À Penn, les dirigeants vont jusqu’à envisager des représailles médiatiques contre les élus demandant des comptes, marquant une déconnexion inquiétante avec leurs obligations.

Défaillances criantes

Le rapport expose des défaillances criantes dans la gestion des incidents antisémites par les administrations universitaires. Plutôt que de protéger leurs étudiants juifs, les universités font le choix de la complaisance et de la neutralité, renonçant à toute fermeté face aux éléments radicaux. Ce climat permissif, renforcé par un manque de sanctions significatives et une attitude passive, transforme les campus en espaces d’insécurité pour les étudiants juifs, sans perspective de changement.

Certains étudiants juifs ne peuvent plus assister aux cours en présentiel. Leur sécurité n’est plus assurée. Certains fauteurs de trouble ne sont d’ailleurs même pas étudiants… C’est ce que certains médias de référence et certaines agences de presse appelleront « une saine révolte des étudiants », comparant cet ostracisme anti-juif aux manifestations contre la guerre au Vietnam.

On ne peut que saluer une fois de plus la puissance et la détermination du Congrès américain face au racisme. Puisse le Parlement belge enquêter de manière aussi fouillée sur l’antisémitisme dans les universités belges francophones comme par exemple à l’IHECS ou à l’ULB où l’occupation sauvage d’un bâtiment par des activistes a vu un Juif molesté et a coûté à l’université la bagatelle de 300.000 euros en réparation.

Nicolas de Pape

(Photo Belgaimage : le campus de l’université de Stanford)

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