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Au Nigéria, le destin tragique des chrétiens face à la violence islamiste

par Rédaction
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La violence au Nigéria, menée par des groupes islamistes et des milices, a forcé des millions de chrétiens à quitter leurs foyers. Deux rapports récents, publiés en 2024, révèlent les souffrances de ces communautés chrétiennes, souvent ignorées en Europe. Elles font face à une crise humanitaire grave et à des discriminations religieuses dans leur lutte pour trouver sécurité et soutien. Il n’est pas rare qu’elles soient massacrées.

Le premier rapport s’intitule No Road Home: Christian IDPs Displaced by Extremist Violence in Nigeria. Il met en lumière les souffrances des chrétiens déplacés internes (IDPs) au Nigéria à cause des violences perpétrées par des groupes islamistes et des militants fulanis. Basé sur des recherches approfondies dans les États de Borno et Plateau, ce document analyse les expériences des déplacés chrétiens et l’échec des autorités à les protéger. Le rapport met en exergue plusieurs tendances dramatiques :

  1. Violence ciblée et échec de la protection
    Les attaques menées par Boko Haram, ISWAP[1] et des militants fulanis ont spécifiquement visé les communautés chrétiennes dans ces deux États. Les forces de sécurité nigérianes ont souvent échoué à répondre de manière adéquate, permettant ainsi à la violence de perdurer.
  2. Conditions de vie déplorables
    Les chrétiens déplacés, vivant dans des camps informels ou des communautés d’accueil, subissent un manque chronique de ressources essentielles comme la nourriture, l’eau potable et les soins médicaux. De plus, dans l’État de Borno, des cas de discrimination fondée sur la foi sont courants lors de la distribution de l’aide humanitaire.
  3. Risques liés au retour
    La majorité des chrétiens déplacés hésitent à rentrer chez eux en raison des menaces persistantes, telles que les enlèvements ciblés et les extorsions. Les militants fulanis restent souvent dans les zones attaquées, rendant les retours extrêmement dangereux, notamment dans l’État de Plateau.

Le rapport appelle la communauté internationale « à intensifier son soutien humanitaire et demande au gouvernement nigérian de garantir la sécurité et l’accès aux ressources pour les déplacés ». Il insiste également « sur la nécessité de mettre fin à l’impunité des auteurs de violences et de créer des mécanismes permettant un retour sécurisé des déplacés vers leurs foyers ».

Le second rapport intitulé “Countering the Myth of Religious Indifference in Nigerian Terror (2019-2023) » publié le 29 août 2024 par l’Observatoire de la liberté religieuse en Afrique (ORFA), analyse en profondeur les violences religieuses au Nigéria entre octobre 2019 et septembre 2023 [2]. Il remet en question l’idée que la religion n’a pas de rôle majeur dans le conflit en soulignant les violences subies par les communautés chrétiennes. L’étude révèle que les chrétiens ont été systématiquement pris pour cibles, notamment dans les régions du Nord et du Centre.
Le rapport témoigne de :

  1. Tueries et enlèvements massifs
    Sur la période étudiée, 55 910 personnes ont été tuées dans 9 970 attaques, et 21 621 personnes ont été enlevées. Parmi les civils, 30 880 ont été tués, dont 16 769 chrétiens. Les attaques visaient principalement les communautés chrétiennes, leurs chefs religieux et leurs lieux de culte, perpétrées par des groupes comme la Milice ethnique Fulani, Boko Haram et ISWAP.
  2. Impact disproportionné sur les chrétiens
    Lorsque les données sont ajustées en fonction des tailles de population, il apparaît que les chrétiens sont tués et enlevés à des taux beaucoup plus élevés que les musulmans. Le rapport met en lumière une augmentation significative des attaques contre les communautés chrétiennes, notamment dans les zones rurales du Nord-Central et du Nord-Ouest.
  3. Attaques sur les moyens de subsistance
    Les attaques ont non seulement forcé les chrétiens à fuir, mais ont aussi détruit leurs moyens de subsistance. Les terres agricoles, principales sources de revenus des communautés rurales chrétiennes, ont été ciblées pendant la saison de récolte, avec des conséquences graves sur la sécurité alimentaire du pays.

L’ORFA recommande une réorientation nationale vers une meilleure protection des communautés religieuses – surtout chrétienne –, un renforcement de la sécurité dans les zones rurales et des efforts pour encourager le dialogue inter-religieux. Le rapport demande également à la communauté internationale de soutenir les efforts nigérians en matière de sécurité et de fournir une aide humanitaire aux victimes de la violence.

Conclusion

Ces deux rapports illustrent une crise humanitaire aiguë au Nigéria, où les violences extrémistes et la discrimination religieuse continuent de déplacer des centaines de milliers de personnes, principalement des chrétiens. Ils appellent à une mobilisation internationale pour soutenir ces communautés déplacées, restaurer leurs droits fondamentaux, et garantir un retour sécurisé dans leurs villages et villes dévastés par la violence.

La Rédaction

[1] « Islamic State’s West Africa Province » (Province de l’État islamique en Afrique de l’Ouest). Il s’agit d’une faction dissidente de Boko Haram qui a prêté allégeance à l’État islamique. ISWAP est particulièrement actif dans le nord-est du Nigéria, ainsi que dans certaines régions du Tchad, du Niger et du Cameroun, où il mène des attaques terroristes, des enlèvements et d’autres actes de violence, en ciblant souvent des civils et des communautés chrétiennes.

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