Idit Rosenzweig-Abu, ambassadrice d’Israël en Belgique, a accordé à 21 News une interview exceptionnelle et exclusive. « Israël n’accepte pas la juridiction de la CPI, qui contrevient à sa propre constitution », explique l’ambassadrice. Car Israël jouit d’institutions judiciaires indépendantes qui sont à même de poursuivre les violations du droit international. En évoquant les chiffres du Hamas à propos des victimes à Gaza, elle dénonce des données « statistiquement impossibles » et affirme que « 75 % des victimes sont des combattants ». Concernant Gaza, l’objectif est clair : « Il n’y aura plus de Hamas aux commandes ». Face à ce qu’elle considère comme des biais médiatiques en Belgique, Mme Rosenzweig-Abu regrette le manque de dialogue, préférant répondre via les réseaux sociaux pour « contourner les censeurs », c’est-à-dire des médias qui refusent qu’elle présente ne fût-ce que son point de vue.
21 News : Tout d’abord, quel est votre point de vue sur le mandat d’arrêt lancé par la Cour pénale internationale contre le Premier ministre Netanyahu et l’ancien ministre de la Défense Galant pour « crimes de guerre » et « crimes contre l’humanité » commis entre le 8 octobre 2023 et le 20 mai 2024 ? Trouvez-vous cette procédure légitime ?
Idit Rosenzweig-Abu, ambassadrice d’Israël : Israël a clairement indiqué qu’il n’accepte pas la juridiction de la CPI. Non seulement parce qu’Israël n’est pas membre de la CPI, mais aussi parce que la CPI a étendu sa juridiction d’une manière contradictoire avec sa propre constitution. Les règles de la CPI stipulent clairement qu’elle n’intervient pas dans les pays ayant un système judiciaire fonctionnel et indépendant, capable et disposé à traiter les éventuelles violations des droits de l’homme. Le système judiciaire israélien a, par le passé, examiné et sanctionné tant l’armée que les responsables politiques. Si l’on examine les mandats d’arrêt précédemment émis par la CPI – environ 70 au total –, aucun d’entre eux ne concernait des dirigeants d’un pays démocratique, car cela n’a clairement jamais relevé de la juridiction de la CPI. Il convient de rappeler qu’en fonction d’indices impartiaux comme l’Indice de Démocratie de The Economist, Israël est classé 30e au niveau mondial, la Belgique étant classée 36e, suivie de plusieurs autres États membres de l’UE en dessous.
« Israël a clairement indiqué qu’il n’accepte pas la juridiction de la CPI. Elle n’intervient pas dans les pays ayant un système judiciaire fonctionnel et indépendant. »
21News : Le cessez-le feu au Liban est-il une bonne nouvelle pour Israël et pour les Libanais ?
I. R-A. : Si les conditions de ce cessez-le-feu sont respectées, ce serait un grand progrès tant pour les Israéliens que pour les Libanais. Israël et le Liban n’ont pas de différend territorial majeur, et le Hezbollah ne défend pas les intérêts du peuple libanais, mais ceux de l’Iran. Nous avons observé, la semaine dernière, les tentatives du Hezbollah de reprendre pied dans le sud du Liban et de rétablir ses bastions et nous avons dû réagir. Nous espérons que le peuple libanais ne permettra pas au Hezbollah de raviver une guerre inutile entre Israël et le Liban.
Les chiffres de victimes fournis par le Hamas sont peu fiables
21 News : Les médias reprennent souvent le bilan des victimes à Gaza, mentionnant ou pas comme source « le ministère de la Santé du Hamas ». Ce qui frappe est l’absence de différence que fait cette source entre, d’une part, combattants/terroristes du Hamas et, d’autre part, victimes civiles, contrairement d’ailleurs à Israël quant à ses propres victimes. L’armée israélienne et votre pays ont-ils d’autres chiffres à fournir ? Combien de terroristes estimez-vous avoir éliminé ? Pensez-vous que le Hamas gonfle les chiffres ?
I. R-A. : Le fait que les chiffres fournis par le Hamas soient peu fiables a été démontré à plusieurs reprises. Une étude de l’Université de Pennsylvanie a révélé que les chiffres rapportés étaient statistiquement impossibles (c’est ainsi qu’ils l’ont formulé), pour plusieurs raisons : la progression des chiffres était linéaire (il est illogique que, pendant une longue période, le même nombre de personnes meure chaque jour), il n’y avait aucune corrélation entre les décès signalés de femmes et d’enfants (qui sont généralement corrélés dans les conflits, les femmes étant souvent proches des enfants), etc. L’ONU elle-même, en juin, a réduit de moitié ses estimations du nombre de femmes et d’enfants tués, diminuant ainsi le total de milliers de victimes, après avoir jugé ces chiffres non fiables. De plus, il n’existe aucune liste vérifiée des noms pour un tel nombre de victimes. Israël estime que le nombre total de victimes est inférieur et que près de 75 % des victimes étaient des combattants (entre 15 000 et 20 000 combattants).
« L’objectif d’Israël est qu’il n’y ait plus de Hamas. Il ne doit pas être en mesure de gouverner Gaza, de percevoir des impôts, de contrôler les points de passage, de fournir des services. »
21 News : Quel est l’objectif d’Israël dans la bande Gaza, concernant le Hamas ?
I. R-A. : L’objectif d’Israël est qu’il n’y ait plus de Hamas. Il ne doit pas être en mesure de gouverner, de percevoir des impôts, de contrôler les points de passage, de fournir des services, de reconstruire des tunnels, de recruter des personnes et de perpétrer des actes de terreur, que ce soit contre les Israéliens ou contre les Palestiniens.
Un gouvernement technique à Gaza est une des solutions
21 News : Comment voyez-vous l’après Hamas à Gaza ? Gouvernement technique palestinien sous contrôle sécuritaire israélien ? Présence de soldats de l’ONU type FINUL ?
I. R-A. : Différentes alternatives sont explorées à Gaza, en collaboration avec des partenaires comme les États-Unis et nos voisins du Moyen-Orient qui sont en paix avec Israël. Un gouvernement technique soutenu par la communauté internationale est l’une des solutions les plus envisagées. Cependant, je ne pense pas qu’une force de maintien de la paix ait les capacités nécessaires pour gérer les services destinés à la population civile. Une telle structure devrait s’appuyer sur les Palestiniens.
21 News : Quel est votre regard sur l’activité de l’UNRWA à Gaza en particulier ?
I. R-A. : Israël a des divergences profondes avec l’UNRWA, notamment en raison du fait que l’UNRWA a créé une définition de réfugié pour les Palestiniens qui diffère de celle de tout autre réfugié dans le monde. Au lieu de réhabiliter la population réfugiée, l’UNRWA l’a perpétuée et, grâce à elle, après 75 ans d’activité, la population de réfugiés palestiniens est plus pauvre que jamais, séparée de la population palestinienne générale et dépendante de l’aide sociale depuis quatre générations.
Malgré toutes ces différences, Israël a pleinement coopéré avec l’UNRWA pendant 75 ans, lui accordant des exonérations fiscales, des immunités, facilitant ses projets, etc. En mars 2023, le directeur de l’UNRWA était présent devant la commission des Affaires étrangères du Parlement belge et a clairement déclaré que, malgré les divergences politiques, il entretenait une excellente coopération avec le ministère des Affaires étrangères israélien et l’armée israélienne.
Cependant, le 7 octobre et pendant la guerre, nous avons découvert que l’UNRWA à Gaza avait été totalement infiltrée par le Hamas et était régulièrement utilisée par ce dernier sous couvert de l’immunité de l’ONU. Nous ne parlons pas seulement d’employés de l’ONU ayant participé physiquement au massacre du 7 octobre, mais aussi des sorties et entrées des tunnels du Hamas à partir de complexes de l’UNRWA, des ordinateurs dans les tunnels du Hamas connectés aux serveurs de l’ONU, de quantités massives d’armes cachées dans les écoles de l’UNRWA, etc. L’UNRWA à Gaza employait environ 15 000 Palestiniens et seulement quelques dizaines d’internationaux pour les superviser, devenant ainsi une partie des opérations du Hamas.
21 News : Comment percevez-vous la couverture médiatique des questions israéliennes en Belgique ? Y voyez-vous des biais spécifiques ?
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