Le magazine Wilfried est vraiment de haute tenue ce trimestre-ci et nous encourageons à soutenir ce travail en allant le chercher dans vos libraires. Nous avons attendu quelques jours avant de reprendre les meilleurs passages de cette formidable enquête sur les libéraux et leurs relations à la RTBF. Le magazine rappelle les relations de Jean Gol, de Didier Reynders ou de Louis Michel avec le média de service public.
Alain Gerlache, un « ancien » de la RTBF, situe les mauvaises relations entre les libéraux et la RTBF dans un contexte plus large. Ainsi il déclare au magazine : « Philosophiquement, les radios-télévisions publiques étant publiques, elles sont plus en accord idéologique avec la gauche qu’avec un parti libéral qui a plutôt tendance à préférer le privé. »
Le magazine interroge certaines voix en interne qui ne nient pas un biais idéologique notamment sur la ligne progressiste de la radio la Première. Le magazine rappelle l’étude de l’ajp de 2013 qui montre que les journalistes sont en général plutôt de gauche avec des journalistes de la télévision et radio publiques beaucoup plus à gauche que leurs confrères du privé. Enfin 46% déclaraient voter Ecolo, 21% MR et 15% PS, 8% CDH, et 4% PTB. Ce dernier parti étant quasiment inexistant à l’époque. Enfin, il s’interroge sur le différé du discours de Trump qui a suscité une vive polémique.
Un risque d’étouffement
Le papier poursuit avec un large entretien de Georges-Louis Bouchez et de sa vision de la RTBF. Le président du MR s’interroge sur la distorsion de concurrence. La RTBF reçoit des centaines de millions en plus de ses recettes publicitaires et elle étouffe toute concurrence privée, notamment au niveau de la production de l’information – qui coûte cher et qui peut plus difficilement être coupée par de la publicité.
Ainsi le président du MR déclare : « Tu ne fais pas de la pub au milieu d’un JT…(…) Le risque c’est que RTL supprime ces rendez-vous là (en parlant des émissions politiques) voire supprime son JT. On pourrait très bien avoir demain RTL qui fonctionne comme M6 avec un rendez-vous de dix, quinze minutes d’information qui se limite aux grands titres, illustrés par quelques séquences achetées sur des banques d’images. Le danger, ce serait qu’à la fin, on n’ait plus que la RTBF pour s’informer, ce qui serait un vrai problème dans une démocratie. »
« Une forme d’arrogance »
À la question de savoir si critiquer la ligne éditoriale de la RTBF n’est pas porter atteinte à son indépendance, le président du MR répond : « Je ne remets pas en question leur indépendance. Ce que je critique, c’est une forme d’arrogance. Et au-delà de la RTBF, c’est une arrogance que je relie souvent à la gauche. Les gens de gauche considèrent toujours qu’ils sont plus intelligents et plus généreux que les autres. C’est un principe universel. Et donc les journalistes de la RTBF confondent parfois la mission de service public avec un service messianique. Sur le climat c’était évident. »
Georges-Louis Bouchez ajoute : « À la décharge de la RTBF, le paysage médiatique et intellectuel francophone a rarement été un monde de pluralisme. C’est un monde qui est dominé par la gauche. Et même les tenants du MR pendant des années s’interdisaient de parler de certains sujets. Ils se sentaient obligés de reprendre le vocable de la gauche, de peur de s’attirer des ennuis. »
Des rédactions de gauche
Sur le traitement de la RTBF vis-à-vis de Paul Magnette Georges-Louis Bouchez ironise : « J’ai vu des Jeudi en prime avec Paul Magnette, très franchement, parfois je me demandais si au milieu, on n’allait pas lui demander : « Tout va bien ? Un café vous ferait plaisir ? » Alors que moi, j’étais sous un feu continu de questions… Ce qui ne me dérange pas. Je veux juste que le traitement soit identique pour tout le monde. »
Sur la diversité des journalistes, Georges-Louis Bouchez déclare : « Aujourd’hui, sociologiquement les journalistes penchent majoritairement à gauche. Derrière ça, il y a un vrai enjeu pour un média de service public. Je l’ai dit d’ailleurs un jour aux responsables du Soir : putain, vous nous faites chier sur notre diversité, mais vous, vous avez déjà vu la gueule de votre rédac ? Même dans les nouveaux, il n’y a pas un Ismaël, il n’y a pas un Karim. C’est aussi très bruxello-bruxellois. Les trois quarts des journalistes, ils vivent à Bruxelles. »
La rédaction
(Photo 21News)
