À contre-courant de nombreux observateurs et analystes, Bruno Colmant ne croit pas que Donald Trump improvise totalement sa « guerre des tarifs douaniers ». L’objectif du président des États-Unis est de ramener vers son pays une partie de la richesse produite par la mondialisation, déprécier le dollar pour doper les exportations et taxer les importations. Dans ce contexte, les « institutions internationales » l’indiffèrent. Si Donald Trump va probablement réussir, l’Europe, en tant que vassal des États-Unis, pourrait être la principale victime de cette politique. (Entretien réalisé avant la pause des taxes douanières de 90 jours décidée mercredi soir).
Bruno Colmant est docteur en économie appliquée (UCLouvain) et ingénieur commercial (Solvay – ULB). Il a été administrateur délégué de la Banque Degroof Petercam et a occupé diverses fonctions de direction au sein de grandes institutions financières (ING, NYSE Euronext, etc.). Professeur d’économie à l’UCLouvain, à l’ULB, à l’ICHEC et à la Vlerick School, il est l’auteur de nombreux ouvrages sur la finance, l’économie et la fiscalité.
Il a été chef de cabinet du ministre des Finances Didier Reynders (2006) et est membre titulaire de l’Académie royale de Belgique, Classe Technologie et Société.
Pour lui, la guerre des barrières douanières de Donald Trump est quelque chose qui a été mûrement pensé et réfléchi. Donald Trump ne sort pas cela d’un chapeau.
21News : Il y a une forme d’unanimité parmi les « observateurs » pour dire que la « guerre tarifaire » menée par Donald Trump constitue un pari insensé. Pourtant, vous avez publié un post sur Linkedln dans lequel vous affirmez que Donald Trump va « évidemment » réussir…
Bruno Colmant : Il a réussi à mettre tous les marchés financiers par terre, y compris le sien. Il a déprécié tous les actifs cotés dans le monde entier. C’est la démonstration de la puissance américaine. Donc ce n’est pas anodin. Cela démontre que les Américains sont centraux dans l’ensemble de l’économie mondiale. En outre, peu de pays vont oser lui mettre des barrières tarifaires en retour. Tout simplement parce que les États-Unis sont la première puissance économique mondiale. Donc c’est difficile d’entrer dans une escalade avec ce pays. Qui plus est contre le dollar, la première monnaie du monde.
Les choses se précisent… Le point final sera un accord monétaire basé sur le dollar comme substitut aux droits de douane. C’est clair. En vérité, cela a commencé, puisque le Japon a commencé à discuter du cours de change dollar/Yen dans le cadre d’une discussion avec les États-Unis.
« Je crois qu’on sous-estime le patriotisme des Américains. »
21News : Donc, le plan se déroule comme prévu ?
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