Bruxelles sombre sous les yeux des correspondants étrangers. Seuls les Bruxellois semblent ne pas se rendre compte de l’imminence de la catastrophe. Merry Hermanus dresse un tableau très sombre, entre Titanic et Guernica, de l’état de la capitale.
Il est certaines maladies qui avancent masquées, elles vous envahissent, jour après jour, minute après minute, le patient tente de résister, de s’adapter, il ne peut pas ou ne veut pas voir le mal progresser. Mais son voisin, lui, qui l’a connu en parfaite santé, remarque tout de suite les ravages du mal, le visage qui s’affaisse, les yeux chassieux, la peau grise, les pas hésitants, entend la voix devenue grelottante.
Sous les yeux du monde, de Paris à New York
Voilà exactement, ce qui se produit avec Bruxelles. Nous, habitants de cette ville, tentons de nous adapter, de survivre, alors que nos voisins, les observateurs étrangers, perçoivent immédiatement les ravages, la décrépitude, la tiers-mondisation de ce qui fut une belle et agréable cité. Pendant longtemps, les journalistes étrangers sont restés silencieux. Pourquoi blesser les Bruxellois, qui comme tous les Belges, sont des gens sympathiques, accueillants, sans histoire, connus pour leur placide bonhommie, leur humour surréaliste ?
Cependant, vient un moment où faire semblant de ne pas voir est devenu impossible. Bruxelles étant, de fait, la capitale de l’Union européenne, des milliers de paires d’yeux stupéfaits nous observent chaque jour.
Il y eut d’abord l’article de Jean Quatremer, correspondant de Libération auprès de l’UE. Il osa présenter Bruxelles telle qu’elle est, à savoir sale jusqu’à l’insalubrité, engorgée, étranglée, chaotique, mal gérée. J’ai le souvenir des cris scandalisés de quelques politiques bruxellois n’ayant pas de mots assez durs pour fustiger cet article, réagissant comme s’ils avaient subitement découvert un poil noir dans un verre de lait.
Puis ce fut le New York Times (un million d’abonnés tout de même), qui publia un long article décrivant Bruxelles comme une république bananière en plein chaos, s’organisant sur le plan institutionnel dans le seul but de multiplier les mandats et les prébendes. Un article effrayant de vérité. Curieusement, il en fut très peu question dans la presse belge, qui de toute évidence pratiqua à son égard la technique du cimetière, c’est-à-dire qu’on ne l’évoque surtout pas, surtout ne pas en parler, vieille règle non écrite du journalisme !
Le Nouvel Observateur commenta la situation à Bruxelles en reprenant les éléments de l’un de mes blogs et concluait en affirmant que « Bruxelles était devenu le ventre mou du ventre mou de l’Europe », porte d’entrée des Frères musulmans, béatement ouverte par naïveté et veulerie électorale.
Plus récemment, le Figaro Magazine diffusa un article très important sur le « Belgiquistan », la faillite bruxelloise et la pénétration islamiste dans une Ville-Région en plein naufrage. De façon étonnante, la presse belge émit des critiques brouillonnes autant que brumeuses à propos de cet article.
Ces jours-ci, c’est une très importante revue américaine, Politico, qui met en évidence ce qu’il faut bien appeler la catastrophe politique, économique, institutionnelle et sociétale de Bruxelles. Elle n’hésite pas à évoquer une « ville au bord du gouffre », les horreurs du narcotrafic, l’incapacité du personnel politique, son aveuglement, sa mortelle médiocrité, la dette abyssale de 14 milliards, l’absence de gestion, les subsidiations dantesques, etc.
J’ajoute à cette liste les quelques sujets diffusés au cours des JT français, notamment l’un d’eux, où le journaliste ne parvenait pas à trancher entre le fou rire et les larmes lorsqu’il évoquait nos 6 zones de police.
Dans les faits, ce que décrivent ces articles est toujours pareil, tous sont d’accord sur le diagnostic. Ce qui est incroyable, c’est que personne à Bruxelles n’en tient le moindre compte.
Je me suis aussi posé la question de savoir pourquoi la presse belge avait été aussi critique et frileuse à l’égard de ces commentaires étrangers, alors que les vérités dénoncées nous sautent, tous les jours, au visage. Je crois avoir compris. Notre presse a éprouvé cette sorte de gêne que l’on ressent lorsque pendant longtemps on a caché une vérité, qui n’était sans doute, pour mille et une raisons, pas bonne à dire, et que subitement, votre voisin en parle tout haut, Urbi et Orbi. C’est effectivement ennuyeux pour des gens dont le métier est d’informer !
Le roi est nu, il faut enfin oser le constater
Il est grand temps de ne plus rien cacher, la situation étant devenue à ce point dramatique, la rupture budgétaire, la faillite n’est plus très loin. Certains l’attendent en se pourléchant les babines… suivez mon regard ! J’ajouterai que les responsables l’ont bien cherché, eux qui depuis 15 ou 20 ans font chaque jour la démonstration de leur incapacité à gérer cette région. Et c’est la même chose, que l’on gouverne ou que l’on soit en affaires courantes.
Il faudra qu’un jour quelqu’un m’explique comment on peut, à Bruxelles, dans le cadre des douzièmes provisoires, creuser un trou supplémentaire de 160 millions d’euros, alors que le Parlement n’a autorisé les dépenses qu’à due concurrence du budget 2024. Cela prouve une chose : c’est qu’il n’y a plus la moindre gestion.
La Région est un bateau ivre, le capitaine et les matelots, en fond de cale, anxieusement, la sueur au front, calculent le montant de leur pécule de fin de gestion, songent à se recaser vite fait, subsidient une dernière fois leurs copains. Quant à l’épave, avec sa timonerie vide, elle ne navigue même plus à vue, mais se dirige droit sur les récifs qui vont l’éventrer. Seule certitude : elle sombrera corps et biens.
Quelques exemples, entre mille autres, dans les communes et la Région
Comment est-il possible que le bourgmestre d’Anderlecht, dont la loi de 1971 stipule qu’il est le premier responsable du CPAS, dit ne rien savoir de ce qui s’y passe ? Et on est loin d’avoir un aperçu complet des farces et attrapes qui s’y jouent chaque jour.
Comment est-il possible que le bourgmestre de Forest refuse ex abrupto l’implantation d’une usine de blindés légers à la place d’Audi alors qu’il y a un chômage de masse dans sa commune et que les finances communales seront très largement frappées par le départ d’Audi ?
Comment est-il possible que, confronté aux fusillades quotidiennes, le bourgmestre de Saint-Gilles ose affirmer que sa commune « n’a pas la sécurité qu’elle mérite » alors qu’il copréside le Collège de police ?
Comment est-il possible que le budget bruxellois, pendant 15 ans, n’ait pas prévu un centime pour l’entretien des tunnels ?
Comment est-il possible que le déficit régional augmente de 184 % en trois ans ?
Comment est-il possible que le différentiel entre les recettes et les dépenses de la Région dépasse les 280 % ?
Comment est-il possible que la Région entame des travaux, comme à Schuman et à la gare du Midi, sans savoir comment les payer ? Qu’elle abandonne les travaux du Midi, qui ont déjà coûté des centaines de millions d’euros ?
Je pourrais, à l’infini, multiplier ce genre d’exemples.
L’écrasante responsabilité du PS
Dans toute cette affreuse gabegie, le PS, parti dominant largement la Région depuis 1988, porte une lourde responsabilité. Pire ! Aujourd’hui, près d’un an après les élections, Ahmed Laaouej, président du PS bruxellois, s’obstine dans une stratégie aussi stupide que suicidaire bloquant toute possibilité de constituer un gouvernement. Il prouve, de façon irréfutable, qu’il ne porte pas le moindre intérêt à la Région, mais ne veille qu’à sa communauté, dont le PS est devenu le parti exclusif. C’est l’affirmation et le triomphe de la ghettoïsation, dont les populations émigrées sont et seront bien plus encore demain les victimes, dans la mesure ou la confessionnalisation du PS conduit inévitablement au refus de toute intégration. À terme, les conséquences sont incalculables.
La N-VA en a rêvé, Laaouej le démontre
Avec une bêtise à front de taureau, Ahmed Laaouej fait la démonstration de l’ingouvernementabilité de Bruxelles. S’opposant à la N-VA, il lui offre un inespéré cadeau. Les nationalistes flamands n’ont qu’à se poser au balcon et attendre que le fruit pourri tombe de l’arbre. Voilà « l’immense » réussite du PS communautaire et confessionnel d’A. Laaouej. La NVA en avait rêvé, Laaouej, machiavel pour comices agricoles, le réalise !
De mortelles pathologies
Bruxelles a été assassinée par : – le communautarisme – une structure institutionnelle obsolète – une absence totale de gestion – le système du vote multiple – le délirant fanatisme écolo – l’effarante médiocrité du personnel politique – l’impossibilité de l’alternance politique, sans laquelle il n’y a pas de démocratie.
On le voit, les pathologies sont identifiées, elles sont nombreuses, terrifiantes, mortelles. Le remède, lui, se fait attendre. Ce sera, si, un jour on le découvre, ce qu’on nomme une potion héroïque, le malade meurt ou guérit… pas de moyen terme. Et je vous l’avoue, l’avenir me paraît sombre, très sombre.
Bruxelles ou comment s’en débarrasser
Je vous pose la question : qui, sur le plan fédéral, a envie de se soucier de Bruxelles, qui souhaite sa survie ? N’êtes-vous pas impressionné par le profond mutisme de Magnette ? Pas de doute, pour le Fédéral, tant du côté wallon que flamand, la Région de Bruxelles-Capitale est devenue un boulet. La seule question qui se pose à ce niveau, c’est comment s’en débarrasser ?
Des quartiers à éviter à tout prix ! La honte !
Il y a peu, un ami français a débarqué chez moi à l’improviste. Je me suis posé la question : que lui faire visiter ? J’ai décidé de partir à Waterloo pour lui montrer le site de la bataille. Impossible de lui faire visiter Bruxelles, j’aurais été bien trop gêné, voulant m’éviter le rouge au front au constat de ce que cette ville – ma ville –, est devenue. J’ai préféré la morne plaine de Waterloo.
Ah ! encore un mot. Dans les agences de voyages, aux USA, en France et dans d’autres pays, on précise à ceux qui souhaitent visiter Bruxelles, les quartiers à éviter, on leur donne des plans avec des zones hachurées où à aucun prix il ne faut mettre les pieds… en somme, comme à Mexico ou Medellín.
Je vous le disais, gêné ! Ce que le vieux Bruxellois que je suis ressent aujourd’hui à propos de cette ville qui l’a vu naître, peut se résumer en un mot : la honte ! Une horrible honte ! Une indicible honte !
Merry Hermanus
(Photo : Sébastien Courdji / VDN)