Blanchi, innocenté, lavé de toute accusation, Julien Bayou a tout perdu. Car chez les Verts français, des amazones veillent à entretenir un soupçon malsain envers l’ancien député d’Europe Écologie-Les Verts. Justice est pourtant rendue. Une humeur de Sophie Flamand, romaniste, romancière, scénariste, journaliste de presse audio et critique BD.
Si un jeune homme, bien sous tout rapport mais peut-être un peu benêt, épouse une maniaco-dépressive cupide, que se passe-t-il ? En principe, ça se termine par un divorce et ça se chamaille sur la répartition des biens. C’est un peu ce qui serait arrivé à Julien Bayou s’il n’avait eu la funeste idée de s’engager chez les Verts. Et surtout chez les Vertes.
Certes, la plainte déposée par son ex-épouse n’aboutit à rien, et il est entièrement blanchi de toutes les accusations allant de « l’abus de faiblesse » au « harcèlement moral », toute classées sans suite. Mais, classées sans suite ou pas, elles sont néanmoins abondamment aboyées par Sandrine Rousseau qui rendit l’affaire publique, jetant la vie privée de l’élu en pâture. Peu lui chaut que le parquet ait conclu à une absence d’infraction.
Une enquête est donc diligentée chez EELV afin de « mettre en évidence d’éventuels faits de violences sexuelles ». En français, ça s’appelle une chasse à l’homme. Sur le plateau de « C à vous », Sandrine Rousseau est même allée jusqu’à affirmer sans vergogne et sans preuves que Julien Bayou avait eu des comportements « de nature à briser la santé morale des femmes ». Mais cette enquête interne n’aboutit pas non plus et aucun fait reprochable à l’intéressé ne peut être retenu.
Des soupçons, faute de preuves
Une nouvelle enquête le concernant est alors décidée par Marine Tondelier et confiée au cabinet « Pisan avocats ». L’objectif, pleinement assumé, est hallucinant : recueillir d’éventuels témoignages sur « tout comportement prétendument déplacé » pouvant lui être reproché. Un « questionnaire » en forme d’appel à témoins est adressé à 12 000 adhérents militants.
Comme la précédente, cette enquête nourrie d’un appel à la délation ne débouche sur rien.
Marine Tondelier reconnaît l’absence de tout acte répréhensible – Et Dieu sait si l’on est vite « répréhensible » chez les furies vertes ! – et exprime ses « regrets ». « Remords » eut été plus adapté, mais il ne faut pas en demander trop.
« En France comme ailleurs, les Ecolos s’abreuvent à la foi, pas au réel. »
Mais Sandrine Rousseau, elle, ne désarme pas et assure que « L’affaire n’est pas finie ! ». « Je rappelle quand même que ce qui était écrit dans les articles, c’était qu’en tant que secrétaire national, Julien Bayou a eu des attitudes vis-à-vis de jeunes militantes qui posaient question. Ça, ça reste, et donc il va falloir investiguer ça ! » tonitrue-t-elle en montant loin dans les aigus.
À quoi peut bien correspondre un tel acharnement après une enquête du parquet, deux enquêtes de EELV et un appel à la délation ? Que peut-il bien rester à ronger sur cet os ? Rien sans doute, mais ça n’a pas d’importance. En France comme ailleurs, les Ecolos s’abreuvent à la foi, pas au réel. Et le nouveau dogme de Sandrine Rousseau, c’est que Julien Bayou est un sale blanc misogyne qui ne mérite aucune considération et ne peut en aucun cas bénéficier de la présomption d’innocence.
Difficile de ne pas penser à ce qu’écrivait Philippe Muray dans « L’Empire du Bien » : « Le Bien s’alimente au sentiment de persécution. D’avoir réduit au mutisme toute opposition ne lui suffit pas ; il faut tout de même qu’il en agite sans cesse l’épouvantail. Dans le silence général de la lâcheté, de l’abrutissement ou de l’acquiescement, il lui faut toujours se fortifier d’attaques fantômes, de périls fantoches et de simulacres d’adversaires. »
Sophie Flamand est romaniste, romancière, scénariste, journaliste de presse audio et critique BD (les intertitres et le chapô sont de la rédaction)
(Photo : LP/Philippe Lavieille / HansLucas / Bastien André – Hans Lucas)