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Cerexhe : « À Bruxelles, nous ne sommes pas des sous-doués de la chose politique »

par Maxence Dozin
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Formation du gouvernement bruxellois, Good Move, survol de Bruxelles,… Benoît Cerexhe (Les Engagés), bourgmestre de Woluwé-Saint-Pierre et ancien ministre bruxellois de l’Économie, s’inquiète des volontés de mise sous tutelle de la Région. Et il réclame d’urgence un gouvernement bruxellois.

21 News : Que vous inspirent les grandes difficultés des négociateurs à trouver un accord pour la formation d’un gouvernement bruxellois ?

Benoît Cerexhe : Je suis très inquiet. Quand je vois qu’il y a 35 ans, nous nous sommes battus pour que Bruxelles devienne une Région à part entière, c’est un sentiment amer. Je suis inquiet pour trois raisons : nous n’avons à ce stade pas de gouvernement, et c’est la première fois depuis l’existence de la Région que nous n’avons pas de gouvernement après le 21 juillet. Et nous sommes en décembre. Nous avions alors démontré maintes et maintes fois notre capacité, entre Flamands et Francophones, à mettre en place un exécutif et avoir un projet commun pour le bien-être des Bruxellois. Je pense qu’à ce stade nous avons davantage de chances d’avoir un gouvernement fédéral avant d’avoir un gouvernement bruxellois. Le deuxième élément qui m’inquiète est que la Région est financièrement exsangue avec une dette multipliée par trois en six ans. Cette situation n’est pas uniquement due au COVID ou à l’accueil des Ukrainiens. Nous avons surtout et avant tout dépensé beaucoup trop d’argent. Nous allons donc devoir quémander et ce n’est pas sans conséquence quant à la façon dont d’autres vont vouloir intervenir dans la gestion de Bruxelles. Un troisième point, enfin, concerne un manque de leadership à Bruxelles, outre le fait que nous n’avons pas de Bruxellois dans l’équipe de formation du gouvernement fédéral. À l’époque, nous avions les qualités propres de différentes personnalités – Mesdames Milquet ou Onkelinx –, des gens qui avaient connaissance de la réalité bruxelloise. Quand je vois ce qui est au menu, à savoir la fusion des zones de police, la fusion des communes, la fin progressive de Beliris, la fusion de tous les CPAS, le peu d’avancées sur la problématique du survol de Bruxelles, je suis extrêmement inquiet. J’ai l’impression que certains désirent s’attaquer à la structure quand c’est le fonctionnement de la structure qu’il faudrait revoir.

« Ne touchons pas à ce qui fonctionne ! »

21 News : Et justement, que peut-on revoir au fonctionnement de la structure ?

B. C. : Quand je vois ce qui est demandé par les Flamands, j’ai l’impression que l’on veut s’attaquer à ce qui fonctionne le mieux ; en l’espèce, les communes. C’est le lieu de démocratie dans lequel les citoyens ont le plus confiance et qui fonctionne bien, hormis bien sûr quant à des histoires du type CPAS d’Anderlecht. Globalement, les communes, dans leur rôle de proximité, restent la chose qui fonctionne le mieux dans un cadre démocratique. Si l’on s’attaque à cela, je ne sais ce qui va se passer. Je n’entends pas contre jamais qu’on va travailler sur le paysage bruxellois : COCOM, COCOF, le nombre de parlementaires ou la galaxie d’organismes para-régionaux que nous avons créés dans cette Région. Quand je vois que nous allons transférer plus de pouvoir des communes vers la Région, c’est pour donner plus de pouvoir aux Flamands. Je plaide pour que les négociateurs se mettent autour de la table pour réformer ce paysage intra-bruxellois. Commençons par ça ! Moi-même je souhaiterais qu’on travaille à la diminution du nombre de parlementaires, qu’on travaille à l’établissement de listes bilingues à la Région ; qu’on s’attaque à tous ces organismes para-régionaux. Quant aux communes ou la fusion des zones de police, de grâce ! ne touchons pas à ce qui fonctionne. Je trouve donc que la Région est dans une mauvaise posture au niveau politique. Je sens que certaines personnes veulent mettre Bruxelles sous tutelle, mais il faut dire que nous leur fournissons les bâtons pour nous faire battre ! J’en appelle donc à un sursaut et à un sens de l’intérêt général pour cette Région. Avant 1989, les Flamands et Wallons avaient une vision utilitaire de Bruxelles. Nous pouvons désormais gérer nous-mêmes toute une série de compétences dont l’importance a grandi avec le temps, mais nous sommes devenus un oiseau pour le chat. Il s’agit donc de dépasser les stratégies politiciennes des uns et des autres, et de penser d’abord à Bruxelles et à ses habitants.

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