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Ces Belges qui ont mis Le Cap sur l’Afrique du Sud

par Philippe Lamair
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Retraités, entrepreneurs, sportifs ou écrivains. L’aventure sud-africaine attire toujours plus de Belges en quête d’un nouveau départ ou d’un simple hiver au soleil. Reportage au milieu de la communauté belge au Cap.

La journée touche à sa fin. Les panneaux solaires sont installés, les batteries fonctionnent, et la résidence est désormais autonome. Jan est satisfait. Quelques aménagements et finitions supplémentaires, et leur guesthouse sera prête à accueillir ses premiers clients. Au printemps austral, dans la province du Cap-Oriental, la saison touristique s’annonce. C’est aussi un moment décisif pour Jan et Sonia, ce couple flamand de cinquantenaires. Depuis cinq mois, ils travaillent sans relâche pour concrétiser leur rêve d’une nouvelle vie sous des cieux plus cléments.

Originaires de Flandre orientale, ils ont attendu que leurs trois enfants quittent le nid familial pour se lancer dans cette aventure. Lui était chef d’équipe dans une entreprise chimique à Anvers, elle infirmière indépendante. Le couple était tombé amoureux de la région lors d’un voyage au Cap. Ce rêve, mûri au fil des ans, s’est concrétisé avec l’achat d’une propriété dotée de cinq chambres, deux studios, une piscine et un logement principal, nichée dans un quartier verdoyant de Somerset West, à quelques kilomètres du Cap et de son aéroport international.

Une communauté belge bien implantée

Jan et Sonia ne sont pas les seuls Belges à avoir élu domicile dans cette région idyllique. Nicolas Fierens Gevaert, Consul général de Belgique au Cap, nous explique que dans les trois provinces couvertes par son consulat, environ 3 200 Belges sont officiellement enregistrés. Ce chiffre ne tient pas compte des nombreux binationaux, ce qui suggère une communauté encore plus vaste.

Ces expatriés se répartissent en plusieurs vagues. Une première génération est arrivée dans les années 1960-70, souvent en raison des troubles post-indépendance du Congo. Par la suite, des étudiants belges, ayant trouvé l’amour en Afrique du Sud, y sont restés. Enfin, une nouvelle vague plus récente est composée de travailleurs qualifiés employés par des universités, des PME, ou de grandes entreprises dans des secteurs comme la santé ou la biopharma. D’autres, comme Jan et Sonia, se tournent vers l’entrepreneuriat en investissant dans des guesthouses, des agences de voyage, des restaurants ou des vignobles.

Irène, cadre dans la logistique, et son mari comptable incarnent une autre facette de cette migration. Après un voyage de découverte, ils ont décidé de s’installer définitivement au Cap, séduits par le climat, la convivialité des habitants et un désir de fuir ce qu’ils percevaient comme une Belgique sur-réglementée. Ayant suivi des cours du soir en chocolaterie, Irène fabrique désormais des pralines pour des vignobles locaux. Chaque création est conçue pour s’accorder avec les vins dégustés, offrant aux touristes une expérience gourmande unique.

Les défis de l’installation

S’installer en Afrique du Sud n’est pas sans conditions. Les entrepreneurs doivent soumettre un business plan détaillé, incluant des investissements minimums et l’obligation d’employer des Sud-Africains. Tout manquement à ces exigences peut entraîner des sanctions, voire la révocation de l’autorisation de séjour. Cette mesure vise à pallier un taux de chômage alarmant, qui atteint 40 % de la population active.

Mais les défis ne s’arrêtent pas là. Si la vie semble plus abordable qu’en Belgique, les frais médicaux et d’éducation sont exorbitants. L’insécurité, bien que localisée, reste une préoccupation. Les townships, vastes bidonvilles qui entourent la ville dès la sortie de l’aéroport, rappellent l’ampleur des inégalités dans le pays.

Outre ces expatriés permanents, une nouvelle catégorie de résidents temporaires émerge : les « migrateurs fiscaux ». Des Belges, comme d’autres Européens, passent jusqu’à six mois dans cette région pour échapper aux rigueurs de l’hiver et parfois bénéficier d’avantages fiscaux. Parmi eux, des personnalités comme Nafissatou Thiam, triple championne olympique, qui s’entraîne à Stellenbosch, ou encore les écrivains flamands Kristien Hemmerechts et Tom Lanoye.

L’envers du décor

L’Afrique du Sud est-elle un paradis pour les expatriés ? Pour certains, oui. Le climat, les paysages et le coût de la vie séduisent. Cependant, ce tableau idyllique cache des ombres : une pauvreté omniprésente, une économie largement informelle, et une criminalité qui pousse les habitants à se cloîtrer dès la nuit tombée. Les townships sont le théâtre d’une misère discrète, presque invisible pour les visiteurs.

L’aventure sud-africaine attire toujours plus de Belges en quête d’un nouveau départ ou d’un simple hiver au soleil. Mais cette quête d’un « Cap de Bonne Espérance » se heurte à une réalité complexe, où chaque opportunité semble avoir son revers. Comme toujours, tout dépend du côté où tombe la pièce. Au Cap, comme ailleurs, elle ne tombe pas toujours du bon côté.

Au Cap, Philippe Lamair

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