En France plus que partout ailleurs, la bureaucratie étouffe l’initiative, pèse sur les finances publiques et démontre, in fine, son inefficacité. Il est temps de passer un grand coup de balai dans ces structures anachroniques. Une chronique de Louis Sarkozy.
S’il est une chose qui distingue les sociétés en déclin de celles qui restent dynamiques, c’est l’efficacité de leur administration. Sous Auguste, les institutions logistiques et militaires de l’Empire romain, fraîchement réformées, étaient des modèles de performance. Mais aux IVe et Ve siècles, la bureaucratie, devenue hypertrophiée et corrompue, peinait même à lever quelques légions.
Au fil du temps, les institutions de tout État, comme par une loi de la nature, finissent par grossir et développer leurs propres intérêts, devenant des entraves plutôt que des solutions. L’historien Edward Gibbon observait que « le nombre de ministres, magistrats, officiers et serviteurs qui remplissaient les différents départements de l’État avait été multiplié au-delà de tout exemple dans les temps anciens, et que tout le poids des revenus était imposé au peuple ». Idem pour les Byzantins et leurs eunuques, les Han chinois ou les Soviétiques et leurs innombrables secrétaires – Gorbatchev les appelait « pygmées ». Toute société qui perdure suffisamment finit par succomber à la même maladie. Nous, Français, n’en sommes que trop familiers.
L’État français est un colosse obèse et dépendant, insatiable dans sa quête d’expansion et intraitable face à toute tentative de contrôle. Il dépense libéralement l’argent des autres et hurle contre quiconque ose soulever la question. Ses institutions, parmi les plus suradministrées au monde, transforment les tâches les plus simples en labyrinthe kafkaïen. Quiconque a eu le malheur de demander un permis ou une autorisation connaît son inefficacité chronique.
Mairie de Paris, Éducation nationale,… des structures osbolètes
Il ne s’agit pas d’attaquer personnellement les fonctionnaires qui, il faut le reconnaître, ne sont pas responsables. Ils ne font que s’insérer dans un système qui leur garantit un revenu et un statut. Nous ferions la même chose. Ce n’est pas eux qu’il faut blâmer, mais la machine, organe qui a d’ailleurs tendance à les utiliser comme boucliers humains face aux critiques.
Tous les niveaux de l’État sont gangrenés par ce mal, à l’exception peut-être des communes qui, comme l’a souligné David Lisnard (président de l’Association des Maires de France, Ndlr), sont soumises à des contraintes bien plus strictes que les administrations nationales. Il existe néanmoins des exceptions notables. La mairie de Paris, par exemple, emploie 55 000 fonctionnaires, soit l’équivalent de l’armée dont disposait Napoléon pour écraser les Prussiens à Iéna. Parmi eux, 400 travaillent exclusivement pour la communication de Madame Hidalgo, qui pourtant bénéficie d’une des pires réputations de la politique française moderne. Les employés de la mairie jouissent d’un taux d’absentéisme de 40 jours par an, contre environ 11 jours pour les salariés du secteur privé. Aux ressources humaines, 400 agents sont employés, mais en moyenne 135 sont absents chaque jour, avec un taux d’absentéisme record de 31 %. Cette inefficacité coûte au contribuable environ 250 millions d’euros par an. Rappelons que la Ville de Paris croule sous une dette de 9 milliards d’euros et a pourtant choisi, dans sa grande sagesse, d’augmenter la taxe foncière en 2022.
Le ministère de l’Éducation nationale, quant à lui, est la deuxième plus grande bureaucratie du monde, avec 1 200 000 fonctionnaires, juste derrière l’Armée populaire de Chine. Nous comptons plus de fonctionnaires par étudiant que l’Allemagne, malgré des résultats scolaires parmi les pires d’Europe et un système bien plus centralisé. L’AP-HP (Assistance publique – Hôpitaux de Paris) quant à elle, emploie environ 100 000 fonctionnaires, dont 30 000 sont purement administratifs et n’ont jamais consulté un patient. France Travail, le successeur de Pôle emploi, emploie 54 000 personnes. La France manque cruellement de médecins, de policiers, d’infirmières et d’enseignants, mais elle attire des administrateurs par milliers – nos eunuques modernes.
Une tronçonneuse ? Non, une bombe à neutrons !
Aux États-Unis, les dépenses publiques représentent environ 34 % du PIB. Ce chiffre, considéré comme alarmant, a poussé le peuple américain à accorder un large mandat à Donald Trump, qui avait en partie fait campagne sur la promesse de les réduire. Elon Musk et Vivek Ramaswamy ont même été nommés à la tête du tout nouveau Department of Government Efficiency (DOGE), chargé d’éradiquer les dépenses excessives et de réduire la bureaucratie. Pendant ce temps, en France, les dépenses publiques atteignent 57 % du PIB et, pourtant, une grande partie de l’échiquier politique persiste à affirmer qu’il n’y a aucun problème.
Pourtant, le gouffre qu’est la dépense publique est existentiel. Notre système social, nos performances économiques et notre innovation militaire sont tous entravés et dégradés par des processus bureaucratiques qui n’ont aucun sens. Des sommes faramineuses sont englouties par ces mégalithes administratifs, laissant l’État au bord de la faillite. Pendant ce temps, avec un déficit record et des taux d’intérêt pire que ceux de la Grèce, nos dirigeants rivalisent d’imagination pour trouver de nouvelles manières de taxer une population déjà surmenée et surchargée. Nos sages dirigeants du Sénat ont même jugé opportun de proposer une « journée de solidarité » — terme Novlangue — où les Français travailleraient gratuitement pendant une journée. L’austérité retombe toujours sur les mêmes épaules.
Ce n’est pas d’une tronçonneuse dont la France a besoin, mais d’une bombe à neutrons. Nous ne pouvons plus nous permettre ces privilèges anachroniques. Les fonctionnaires administratifs inutiles doivent être supprimés, et des institutions sans but simple et utile être démantelées. Les dépenses publiques doivent être réduites autant que possible. Il nous faut un remède radical, un vaccin à la manière d’un Milei. Ce n’est qu’à cette condition que nous pourrons redevenir un pays sérieux et éviter le lent glissement historique vers l’entropie.
Louis Sarkozy, chroniqueur 21 News
(Photo Belgaimage : le siège du ministère français des Finances)