Le journaliste français Christian Dauriac, ancien rédacteur en chef du JT de la RTBF, avait poursuivi son employeur pour un licenciement jugé abusif datant de 2015. Dix ans plus tard, il affirme avoir obtenu gain de cause. Dans un entretien accordé à 21News, il estime que le départ de l’administrateur général serait profitable à la RTBF.
Christian Dauriac estime avoir payé, par un licenciement prononcé pour « faute grave », le fait d’avoir juste cherché à « faire son travail » en insistant pour que soit publié, dans le cadre du journal télévisé, un extrait vidéo où une syndicaliste s’en prenait à une employée d’un magasin de vêtements. L’extrait en question n’avait pas été publié, une fois, puis une deuxième, malgré ses demandes en ce sens. Il avait ensuite estimé « avoir été dans le collimateur » de Jean-Paul Philippot, administrateur général de l’institution.
21News : Pouvez-vous nous rappeler l’ordre des évènements ayant mené à votre éviction en 2015 ?
Christian Dauriac : J’avais été convoqué devant le conseil notamment après une sombre affaire d’un extrait vidéo n’ayant pas été diffusé, malgré mes instructions. Je m’aperçois qu’un dossier commence à être constitué. Nous partons donc au CA de la RTBF, dont nous nous apercevons avec mon avocat que l’ordre de jour contient ma procédure de licenciement. On m’accuse notamment d’avoir rédigé un e-mail contenant des mots extrêmement insultants à l’égard d’un de mes collaborateurs homosexuel avec lequel je me trouvais par ailleurs en très bonne entente. Cet e-mail était un « faux ».
Messieurs Philippot et Rasquin, tous deux membres du conseil d’administration, m’indiquent que je suis donc licencié. Je reçois la lettre quelques jours après et, lors de mon passage pour récupérer mes affaires, j’omets de reprendre possession de mon ordinateur, ce qui m’aurait permis de prouver que l’e-mail en question était une fabrication. Dix ans plus tard, la Cour du travail a estimé, dans son arrêt du 5 novembre 2024, que mon licenciement n’est pas fondé. Elle se prononcera bientôt sur le montant des indemnités compensatoires qui me reviennent. La RTBF n’a pas fait appel.
« M. Philippot pense qu’il est le patron d’une grande chaîne de télévision mondiale »
21News : Que pensez-vous de la décision de la RTBF de ne pas retransmettre en direct le discours d’investiture de Donald Trump ?
Ch. D. : Je crois qu’ils se sont pris les pieds dans le tapis. Clairement, ils n’ont pas mis les pendules à l’heure. En 2025, on peut aller chercher ce contenu partout : sur les chaînes françaises, sur LN24, en ligne. M. Philippot pense qu’il est le patron d’une grande chaîne de télévision mondiale, donc il exerce une pression permanente sur la rédaction pour reprendre en ligne des évènements dont il pense qu’ils participent à faire de la RTBF une chaîne d’information qu’elle n’est pas.
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