Un choix qui bouleverse les fondations démocratiques de la Wallonie : le PS, Ecolo et le PTB, parti d’extrême gauche revendiquant une idéologie marxiste et anticapitaliste, ont scellé une alliance pour gouverner Mons, la quatrième plus grande ville de Wallonie. C’est une première historique pour le PTB en Wallonie, et un tournant potentiellement lourd de conséquences pour l’avenir politique de la Belgique francophone.
En écartant les partis démocratiques traditionnels (le MR et Les Engagés) au profit du PTB, le bourgmestre Nicolas Martin (PS) opte pour une coalition avec une formation radicale, dont les valeurs et l’approche sont souvent en rupture avec les principes démocratiques classiques.
Cette alliance fait sauter un cordon sanitaire tacite, historiquement appliqué par les partis traditionnels pour écarter les extrêmes du pouvoir. Si ce cordon a toujours été appliqué à l’extrême droite, l’extrême gauche, pourtant porteuse d’une idéologie anticapitaliste et autoritaire, en a souvent été exemptée, malgré ses dangers potentiels pour la démocratie. À ce jour, elle n’était pas parvenue au pouvoir. L’idéologie marxiste, que revendique le PTB, a entraîné des millions de morts à travers le monde, et nombreux sont ceux qui estiment qu’elle appartient à la même veine que d’autres doctrines antidémocratiques, contre lesquelles les démocraties se protègent. En brisant ce principe de précaution, Nicolas Martin offre une place de choix à un parti dont les valeurs remettent en question les fondements de notre Etat de droit.
Les réactions ne se sont pas fait attendre et se sont montrées vives et critiques. Georges-Louis Bouchez, président du MR et tête de liste de « Mons en Mieux », a dénoncé avec virulence ce qu’il qualifie de « coalition de la honte entre des perdants qui s’associent à des communistes ».
Maxime Prévot, président des Engagés, s’est également exprimé sur la situation dans un message incisif publié sur X (anciennement Twitter) : « Notre tête de liste locale s’est entendue dire par le bourgmestre qu’il demandait, pour nous accueillir en majorité avec lui, des lettres de nos ministres s’engageant à continuer de financer les projets de Mons. On a compris que les vieilles pratiques politiques étaient toujours à l’agenda. »
Cette déclaration renforce le malaise autour de cette coalition, laissant entendre que Nicolas Martin aurait cherché à obtenir des garanties financières de la part des ministres des Engagés pour envisager une coalition avec eux. Beaucoup y voient un jeu politique opportuniste, où l’argent l’emporte sur l’intérêt général. (Voir notre analyse par ailleurs)
Cette alliance suscite des interrogations profondes sur la gouvernance de Mons et les compromis idéologiques qu’elle implique. De nombreux observateurs et citoyens redoutent une polarisation accrue de la vie politique locale, régionale et nationale, alors que les alliances traditionnelles laissent place à des configurations risquées et à des rivalités personnelles. En s’alliant au PTB, c’est davantage son inimitié avec Georges-Louis Bouchez que Nicolas Martin semble mettre en avant plutôt que l’intérêt général. Un choix qui pourrait bien marquer un nouveau chapitre pour Mons. Mais à quel prix pour la démocratie ?
La rédaction
(Photo Belgaimage : le bourgmestre de Mons Nicolas Martin)