En janvier, Eurelectric, le groupe de pression des producteurs d’électricité, a publié une étude révélant deux faits marquants : une baisse historique des émissions de CO₂ et une réduction des prix moyens de l’électricité en 2024, malgré une demande faible. Ce qui ressort surtout, c’est que proportionnellement, la Belgique est le pays européen qui importe le plus d’électricité.
L’année 2024 a vu une baisse de 59 % des émissions de gaz à effet de serre par rapport à 1990, attribuée à l’essor des énergies renouvelables. L’Union européenne a ainsi atteint un niveau record de production énergétique « propre ». En revanche, le nombre de fois où les prix de l’électricité sont devenus négatifs a explosé, atteignant 1 480 cas dans l’UE, ce qui pénalise particulièrement les ménages équipés de panneaux solaires.
La baisse des prix de gros de l’électricité de 16 % est une autre bonne nouvelle, bien que la fin de l’année ait été marquée par des hausses de prix liées à un manque de soleil et de vent, notamment en Allemagne. Cependant, la demande industrielle reste anémique, ce qui complique les objectifs de transition énergétique fixés par l’UE.
Des prix toujours élevés en Europe
Malgré la baisse générale des prix, l’électricité européenne reste bien plus chère qu’aux États-Unis. En 2024, le prix moyen en Europe était de 82 €/MWh contre 30 à 40 $/MWh aux États-Unis. Les périodes de « Dunkelflaute » (absence de vent et de soleil) ont exacerbé cette situation, entraînant des hausses de prix dans des pays comme l’Allemagne, la Hongrie et la Suède.
La Belgique, mauvaise élève de l’importation électrique
En termes relatifs, la Belgique est le plus grand importateur d’électricité d’Europe, avec 10 680 GWh importés en 2024. En comparaison, l’Allemagne a importé 23 400 GWh, mais sa taille et sa consommation sont bien supérieures. La France, quant à elle, a exporté 86 819 GWh, majoritairement issus de l’énergie nucléaire. Cela souligne la dépendance structurelle de la Belgique vis-à-vis des importations, une situation exacerbée par un manque d’infrastructures nationales flexibles et fiables.
Une transition énergétique sous tension
En 2024, les énergies renouvelables représentaient 48 % du mix énergétique européen, suivies par les énergies fossiles (28 %) et le nucléaire (24 %). Les investissements dans les énergies renouvelables progressent, mais Eurelectric appelle à compléter cette transition par des capacités fiables et flexibles pour éviter des pics de prix et réduire la dépendance aux énergies fossiles.
En conclusion, bien que l’Europe progresse vers une économie à faible émission de carbone, la situation belge met en lumière des failles structurelles. Sans un plan industriel solide pour soutenir la transition énergétique, l’objectif d’une électricité compétitive et durable reste hors de portée.
Lode Goukens
(Photo Belgaimage)