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Dette de la Communauté française : une situation préoccupante (Cour des comptes)

par A.G.
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En cinq ans, la dette de la Communauté française (Fédération Wallonie-Bruxelles) a bondi de 65 %, atteignant 11,4 milliards d’euros fin 2023, et pourrait dépasser 21,9 milliards d’euros d’ici 2029. Malgré ces chiffres assez problématiques, la Cour des comptes déplore, dans un rapport daté du 25/11, un manque de transparence et des prévisions irréalistes. Entre déficits chroniques, hausse des taux d’intérêt et avertissements des agences de notation, l’inaction menace de plonger la Communauté dans une crise budgétaire profonde.

La Cour des comptes tire une nouvelle fois la sonnette d’alarme dans son rapport publié lundi. Avant même d’aborder les chiffres, elle dénonce les conditions dans lesquelles elle a été contrainte de travailler. Les documents nécessaires lui ont été transmis en retard, parfois en pleine nuit, rendant impossible une analyse complète et rigoureuse. Une situation récurrente que la Cour qualifie d’« inacceptable », soulignant le manque de collaboration du gouvernement.

Malgré ces obstacles, les constats établis sont relativement inquiétants. La dette directe, alimentée par des déficits chroniques, est en constante augmentation. Partie de 6,9 milliards d’euros en 2018, elle a atteint 11,4 milliards en 2023 et devrait grimper à 14,3 milliards d’ici fin 2025. Pire encore, à ce rythme, elle pourrait frôler les 22 milliards d’euros d’ici 2029. En cause : une gestion budgétaire laxiste, où chaque année voit se succéder des déficits très importants. Pour 2025, le solde budgétaire net est estimé à -1,637 milliard d’euros, obligeant la Communauté à recourir à des emprunts massifs dans un contexte de hausse des taux d’intérêt.

Charge de la dette

La charge de la dette devient un fardeau croissant. Les frais d’intérêts, déjà évalués à 227 millions d’euros en 2023, pourraient grimper à 291 millions en 2025. Bien que la majorité de la dette soit à taux fixe, les nouveaux emprunts contractés pour refinancer les anciennes échéances se font désormais à des conditions bien moins favorables, avec des taux dépassant 3,5 % contre seulement 1,6 % en 2021.

Pourtant, aucune analyse de sensibilité aux variations des taux d’intérêt ou d’inflation n’a été présentée dans l’exposé budgétaire. Une lacune grave, d’autant plus que les agences de notation comme Moody’s commencent à exprimer leurs doutes. En octobre 2024, Moody’s a maintenu la note A2 de la Communauté française mais a abaissé sa perspective de « stable » à « négative ». Une dégradation imminente pourrait compliquer encore davantage l’accès au financement.

Projections irréalistes

Enfin, la Cour des comptes critique avec une certaine véhémence les projections budgétaires du gouvernement, qu’elle juge irréalistes. Les hypothèses reposent notamment sur des sous-utilisations de crédits excessivement optimistes, représentant jusqu’à 1,8 milliard d’euros sur la période 2025-2029. Pour la Cour, ces prévisions masquent artificiellement l’ampleur des difficultés à venir.

Face à ce constat, la Cour appelle à des réformes structurelles urgentes et à une transparence accrue. Sans une action décisive, la Communauté française s’oriente vers une crise budgétaire, menaçant même éventuellement sa solvabilité et sa capacité à maintenir ses services publics essentiels. Le temps presse, mais le gouvernement semble encore sourd aux avertissements répétés des experts de la Cour.

A.G.

(Photo Belgaimage : la ministre-présidente Elisabeth Degryse devant le Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles)

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