Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a connu une année hors norme : pas moins de 624 plaintes ont été enregistrées en 2024, un record historique. À titre de comparaison, l’année précédente n’en avait comptabilisé que 106. Ce bond spectaculaire s’explique largement par la diffusion d’un sketch sur la RTBF qui a fait l’effet d’une bombe.
La séquence en question, diffusée dans l’émission Le Grand Cactus sur Tipik, pastichait la chanson « 3e sexe » d’Indochine sous le titre « Le 128e sexe ». Les humoristes Damien Gillard et Cécile Giroud y tournaient en dérision les identités de genre, provoquant l’indignation de centaines de téléspectateurs. Résultat : 422 plaintes accusant la RTBF de transphobie et de stigmatisation envers les personnes trans et non-binaires.
Fait rare : près de 90 % des plaintes ont été jugées recevables. Le CSA n’a pas encore rendu de décision formelle, mais l’affaire ravive une tension persistante entre deux principes fondamentaux : la protection contre les discriminations d’un côté, et la liberté d’expression – y compris celle de faire de l’humour – de l’autre. Une ligne de crête que le régulateur reconnaît lui-même comme délicate.
Ce sketch n’a pas été le seul à heurter une partie du public. Une interview diffusée dans le JT de la RTBF lors de la Pride a également suscité 20 plaintes. Cette fois, le CSA a estimé que le pluralisme des voix dans le reportage suffisait à équilibrer le propos, et a classé le dossier.
Plus globalement, les plaintes liées aux discriminations explosent : elles représentaient plus des trois quarts des griefs reçus en 2024. Pour le CSA, ce phénomène traduit une évolution claire des attentes du public, de plus en plus prompt à dénoncer les contenus perçus comme offensants ou discriminatoires.
La Rédaction
(Photo Belgaimage)