L’École Supérieure de Journalisme de Paris (ESJ Paris), fondée en 1899, a récemment été acquise par un consortium d’investisseurs influents du secteur médiatique français. Parmi eux figurent la Financière Agache, de Bernard Arnault (propriétaire du Parisien et des Échos), le groupe Bayard (éditeur de La Croix et Phosphore), Koodenvoi associé à la famille Dassault (Le Figaro), la Compagnie de l’Odet de Vincent Bolloré (détenant Canal+ et Prisma Media), ainsi que CMA Média de Rodolphe Saadé (propriétaire de La Provence, BFM et RMC).
Cette acquisition marque une nouvelle ère pour l’ESJ Paris, avec la nomination de Vianney d’Alançon, entrepreneur et fondateur du parc thématique Rocher Mistral, à la présidence de l’école. Elhame Medjahed, jusqu’alors directrice pédagogique, assure la direction générale par intérim en attendant la constitution d’une nouvelle équipe dirigeante prévue pour janvier 2025
Les nouveaux propriétaires ont exprimé leur intention de moderniser l’institution et de renforcer son positionnement dans l’enseignement du journalisme, notamment en économie. Des projets incluent le déménagement de l’école vers des locaux plus modernes au cœur de Paris et l’obtention de la reconnaissance officielle par la profession, une distinction que l’ESJ Paris ne possède pas actuellement
Le Monde inquiet
Cette reprise par des figures majeures du capitalisme français, souvent associées à des médias conservateurs, n’a pas manqué de susciter des interrogations auprès du principal média de gauche francophone, Le Monde (lui aussi propriété de deux milliardaires « de gauche »: Xavier Niel et Mathieu Pigasse) quant à l’orientation éditoriale future de l’école. Certains observateurs s’interrogent sur l’indépendance pédagogique de l’ESJ Paris face à l’influence potentielle de ses nouveaux propriétaires
En somme, l’ESJ Paris s’engage dans une phase de transformation significative, visant à moderniser ses infrastructures et à renforcer son excellence académique. Toutefois, la composition de son nouveau conseil d’administration et les affiliations médiatiques de ses investisseurs laissent entrevoir un possible recentrage idéologique de cette institution historique. Vers un enseignement qui s’écarte du récit médiatique systématiquement progressiste et au plus près des faits ? Le pluralisme y gagnera.
A.G.
(Photo Belgaimage)
