Sortant, l’espace d’un instant, de sa royale réserve, le Roi Philippe invite, dans son traditionnel discours aux autorités, les élus bruxellois à former enfin un gouvernement en Région bruxelloise. « Bruxelles est un carrefour, pas une impasse. » Après avoir sauvé la Belgique, le voilà qui veut sauver notre capitale. On ne peut que lui donner raison.
En tant qu’habitant de Bruxelles, le Roi Philippe ne peut être indifférent au sort de sa ville et de sa capitale. La situation des finances bruxelloises en particulier, invite à l’inquiétude profonde. Avec la mise sur pied du gouvernement fédéral, Bruxelles est la dernière entité du pays sans gouvernement de plein exercice.
Le Roi est dès lors sorti de sa réserve habituelle pour inviter les protagonistes de la vie politique bruxelloise à faire des compromis. « Près de huit mois après les élections du 9 juin, la nouvelle équipe fédérale est enfin prête à se mettre au travail. Le pays attendait ce moment avec impatience, après la mise en place l’an dernier de quatre des gouvernements de nos entités fédérées. Malheureusement, ce n’est pas encore le cas en Région bruxelloise, où les négociations sont aujourd’hui au point mort. Bruxelles – notre belle capitale de l’Europe également – est un carrefour, pas une impasse. Elle ne doit pas devenir symbole de blocage. Ses élus ont toujours trouvé par le passé des chemins de convergence. Je ne doute pas qu’ils auront à cœur de les trouver cette fois-ci aussi pour le bien des habitants de la Région et l’image de notre pays. »
Un geste souverain à saluer
On ne peut que saluer le geste du souverain. Comme pour la loi, il y a la Constitution et l’esprit de la Constitution.
Quel Belge – et surtout quel Bruxellois – pourrait en vouloir à Philippe de susciter un esprit rassembleur ?
Rappelons que le PS bruxellois, et principalement Ahmed Laoueej, ont bloqué les négociations par refus de gouverner avec la N-VA. Même si le président de la Fédération bruxelloise du PS a proposé de nommer David Leisterh, chef de file du MR, comme ministre-président bruxellois afin de sortir de l’impasse politique actuelle… ce que ce dernier a refusé, considérant la proposition comme une « jeu de chaise musicale », soutenu en cela par le refus du greffe du Parlement bruxellois.
Aujourd’hui, Bart De Wever est Premier ministre de la Belgique. Et notre ministre de la Défense est Theo Francken. La N-VA est sortie depuis longtemps des cordons sanitaires politique et médiatique. En leur temps, en 2019, Elio Di Rupo puis Paul Magnette, ont entamé des discussions au Fédéral avec la N-VA. Le Roi, qui connaît bien notre histoire, nous invite, indirectement, à sortir de cette tartufferie.
Nicolas de Pape
(Photo Belga Jasper Jacobs : le roi Philippe, 2 février 2025)